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mardi 22 mai 2012

Economies

En ces temps de vaches maigres (sauf pour les vaches sacrées de notre administration !), il est devenu à la mode de signaler, ici ou là, sur quels postes de la dépense publique pourraient être réalisées des économies. L'Italie, plus réaliste que la France, a même créé un service spécial où les citoyens peuvent dénoncer les dépenses inutiles faites par l'État.

Bourdin sur RMC (la radio conjointe des bignoles et du grand capital), comme toujours opportuniste, a sauté, sans le dire, sur l'occasion de lancer une opération du même genre ; elle a le double avantage d'attirer des auditeurs vers sa radio, sans cesse en quête de publicité en dépit de l'autopromotion permanente qu'elle pratique, et de donner des exemples de dépenses inutiles, souvent amusants comme celui de la Promenade des Anglais arrosée en abondance hier sous les trombes d'eau qui s'abattaient sur Nice !

J'ai déjà abordé ce problème dans ce blog, en particulier à propos du budget militaire et évoqué l'interrogation qu'on peut avoir quand au fait que la France entretienne un personnel de défense de 300 000 unités (y compris les gendarmes il est vrai) contre des ennemis dont on ne voit pas exactement ni la nature ni les intentions. Nous serions, paraît-il même si j'en doute fort, la cinquième puissance industrielle du monde, mais nous sommes à coup sûr la quatrième pour les dépenses militaires, ayant largement dépassé la Russie.

Hier, chez Calvi, un participant, dont le nom m'a échappé (mais la chose n'a aucune importance) a dit à ce sujet de gros mensonges, sans susciter la moindre réaction, ni chez Calvi lui-même ni surtout chez Pierre Sergent qui se donne, en principe, pour spécialiste des affaires militaires. Il a en effet affirmé, sans être contredit, que le budget de la France avait diminué de moitié dans les dernières décennies.

C'est complètement faux et voici les chiffres exacts. En fait, il y a eu une réduction du budget militaire entre 1991 (il était alors de 36 milliards d'euros - en euros constants -) et 2002, où il aurait baissé (mais en aucun cas de moitié!), mais il est remonté à 32 milliards d'euros en 2010, les budgets militaires étant d'ailleurs régulièrement non conformes aux votes dont ils ont fait l'objet.

Pour être plus précis sur l'année 2002, le budget militaire de la France à été alors de 46,3 milliards de dollars américains (2,5 % du budget total de la France). Précisons qu'en cette même année, le budget de l'Allemagne n'a été que de 24,9 milliards de dollars ! Allez donc chercher ce qui permet à l'Allemagne d'investir massivement dans l'industrie alors que nous sommes totalement incapables de le faire (sauf pour l'industrie de l'armement lui-même avec des productions si bonnes que personne n'en veut sauf notre propre armée !).

Bien entendu, il ne manque pas de dizaines, voire de centaines de postes qui, dans notre administration, par ailleurs abominablement pléthorique, pourraient être l'objet d'économies, sans que le fonctionnement général en soit perturbé, loin de là. J'ajoute que la multiplication des actes administratifs (souvent justifiée syndicalement par le maintien de l'emploi, comme à la Sécu par exemple!) entraîne inévitablement, au contraire, à la fois l'inefficacité des services, les opportunités de fraudes et la prolifération des erreurs.

Je voudrais préciser ici un point que j'ai déjà abordé et qui tient aux conditions de retraite des anciens présidents de la République qui, selon René Dozières (à qui, au fait, le PS vient de refuser l'investiture, ce qui ne m'étonne pas trop!), coûtent, à la louche et par an, deux millions d'euros à la France. On pourrait envisager une solution radicale qu'on ne manquera pas de me reprocher, même si je précise que je blague ; elle consisterait dans l'abattage systématique des anciens présidents en fin de mandat. Une solution plus douce serait de supprimer carrément toute retraite à ces hommes politiques qui ont eu, au cours de leur vie, d'une façon ou d'une autre, des moyens de garnir leurs bottes d'un foin abondant et qui touchent, comme deux d'entre eux au moins, des retraites qui s'établissent autour de 120.000 ou 130.000 euros par mois, ce qui permet de survivre sans trop de mal. Une solution intermédiaire serait d'élire exclusivement des présidents octogénaires et égrotants, ce qui permettrait de régler, sinon immédiatement du moins à court terme, les problèmes de leur retraite.

Je ne voudrais pas faire de concurrence à M. Bourdin, bien que l'idée ne soit pas de lui mais du gouvernement italien ; je vous invite néanmoins à envoyer ici des idées d'économies à faire pour réduire notre déficit puis notre dette ; je ne mets pas, en prix ,la tringle à rideaux habituelle, car il y en a tellement que la chose est des plus faciles.

1 commentaire:

Expat a dit…

Cher Usbek,

Evidemment votre billet sur le budget de la défense m'amène à quelques commentaires destinés à apporter quelques précisions pouvant nuancer vos comparaisons avec l'Allemagne.
Parce que, à mon humble avis, l'Allemagne ne constitue pas forcément le bon référentiel, ceci pour plusieurs raisons :
- Si vous avez bien pris en compte le fait que l'armée allemande n'intègre pas de gendarmerie, vous omettez le nucléaire qi constitue plus de 20% des dépenses d'équipement.
- L'Allemagne a cette chance de ne pas avoir de départements et territoires outre-mer, et de s'être faite priver de ses colonies après la première guerre mondiale, ce qui lui évite de devoir posséder ce qu'on appelle des forces de souveraineté, et des forces de présence consécutifs à nos accords de défense et coopération.
- Même si elle participe de plus en plus à des opérations extérieures depuis les années 90 (là elle partait de zéro), elle reste quand même moins engagée que la France. Mais la tendance pourrait s'inverser, ce qui me parait d'ailleurs probable l'Allemagne n'ayant pu cette réserve d'antan qui en faisait un nain politique. Reste que pour l'instant elle est moins impactée budgétairement.
- Sans en être certain, la configuration des frontières maritimes de l'Allemagne plaide pour une marine moins dimensionnée que la nôtre
- Un énorme effort d'équipement a été nécessaire dans l'armée française, notamment en blindés, hélicoptères et avions, et qui n'est pas terminé. Du moins les militaires peuvent-ils l'espérer ou commencer à préparer une grève générale.
- Les pensions sont intégrées dans le budget de la défense français. Je l'ignore pour l'Allemagne.

A mon avis pour ces différentes raison, pour partie, la bonne référence si on veut faire une comparaison c'est la Grande-Bretagne et effectivement on est dans des ordres de grandeurs à peu près similaires, la différence pouvant sans doute s'expliquer par la simple absence de gendarmerie dans les forces britanniques.

S'agissant de l'évolution du budget, il est à peu près constant depuis pas mal d'années en volume. Il a tout d même subi une baisse significative entre 1997 et 2002, période où la loi de programmation militaire a été amputée de 20%. Ce qui amène tout de même à une question de fond : le budget de la défense est-il adapté à une politique de défense, ou sert-il à l'occasion de variable d'ajustement. Parce que le problème c'est que le contrat opérationnel pendant ces années n'a pas été modifié et que les retards en équipement ont été très sensibles. Car c'est évidemment l'équipement qui trinque à ces moments-là. Il y a eu des conséquences notamment en Afghanistan avec peut-être des morts ou blessés du fait de la prise en compte tardive de certaines modifications sur les véhicules de l'avant blindés demandées par les militaires.

Je ne sais pas s'il faut se réjouir d'une baisse des budgets militaires en Europe, d'une façon générale, et qui va rattraper le France et le Royaume-Uni. Ça remet en cause largement la capacité d'intervention de l'OTAN, et même remet à terme en cause la pérennité de cette alliance. Ça condamne l'Europe à ne pouvoir jamais exister militairement donc politiquement et ne la prépare pas à affronter certains risques. Globalement je ne vois pas de véritables politiques de défense mais des adaptations aux contraintes budgétaires que ne subissent pas d'autres secteurs. Tout ça me parait de la vision à bien court terme.