Roberson Alphonse ( ralphonse@lenouvelliste.com), journaliste au quotidien haïtien, le Nouvelliste, a consacré à la reconstruction de la région d'Haïti dévastée par le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, un article dont le contenu, très informé, se fonde sur un rapport du "Centre global pour le développement" (CGD) intitulé "Haïti : où est allé l'argent ?".
Ce rapport constitue (mais je n'en parle ici qu'à travers l'article d'A.Roberson que vous pouvez d'ailleurs lire dans le site du Nouvelliste, fort bien fait et aisément accessible) une terrible, mais prévisible, mise en cause de ce qui s'est passé là-bas depuis la catastrophe.
Quelques brefs extraits de son article en vous invitant à aller le lire dans le site du Nouvelliste.
" Quelques grandes ONG internationales ont produit des rapports annuels et publié des informations financières avec des décalages. Sur 196 ONG [ certains en ont compté jusqu'à mille !], seules huit ont publié des rapports d'activités, a révélé le "Disaster Accountability Project", cité par le CGD. Cet intérêt accordé aux ONG et aux contractants privés est dû au rôle important qu'ils joueront encore pendant un certain temps en Haïti où l'Etat est faible, a indiqué le CGD, soulignant que quelque 3 milliards de dollars ont été alloués à des ONG dans le cadre des opérations humanitaires.
L'USAID (Agence américaine de développement international) n'est pas parmi les bons élèves. Sur requête du Center for economic and policy research, l'USAID a publié en avril 2012 les noms des entreprises haïtiennes traitées en parents pauvres. Seulement 1 %, soit 9, 45 millions sur 1 milliard de dollars a été accordé à des firmes locales, alors que l'USAID a consacré 75 % de cette enveloppe pour donner des contrats ayant fait des vagues à des contractants privés, à l'intérieur du "Beltway", c'est-à-dire Washington DC, Maryland ou Virginia, selon le rapport du CGD. Chemonic International Inc, Lakeshore Engineering Services Inc, Development Alternativ Inc. PAE Governement services Inc. Management Services, Contingency Response Service LLC, Perini Management Services SRI, CEEPCO Contracting LLC, American Institute..., sont parmi les plus gros contractants privés recensés dans ce rapport sur le chemin de l'argent qui met en lumière les faiblesses de l'Etat haïtien, confronté à un problème : les donateurs sont peu enclins à décaisser.
Deux ans après le séisme, les donateurs tardent à concrétiser les promesses faites en évoquant l'existence d'un système d'accointance, de passe-droit, de corruption et d'inefficience du gouvernement haïtien. « Jusqu'ici, les capacités du gouvernement ne seront jamais renforcées si les donateurs continuent de contourner les institutions locales en faveur des ONG », a prévenu le rapport du CGD. Prompt à mettre en lumière l'effet pervers de cette politique, le CGD a recommandé la transparence au gouvernement haïtien pour un « rétablissement de sa crédibilité ». « Les appels d'offres du gouvernement haïtien doivent le plus souvent possible se faire sur une base compétitive, de façon à s'assurer l'obtention des services tout en construisant ses propres capacités à long terme », a indiqué ce rapport qui invite les donateurs à participer à cet effort dont les résultats seront perceptibles sur des décennies et non des années.
Cependant, au regard de ce rapport, la loi d'urgence de 18 mois votée à la fin du quinquennat de René Préval a été bénéfique aux firmes internationales ayant les moyens de se payer des lobbyistes bien « souchés », proches des donateurs et des faiseurs de décisions d'allocation de fonds dans la reconstruction d'Haïti.
Depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, quelque 6 milliards de dollars ont été débloqués pour Haïti, un pays de 10 millions d'habitants. Selon les chiffres communiqués, plus de 3 milliards de dollars ont été donnés à des ONG pour réaliser des opérations humanitaires, de relèvement et de reconstruction. Les Etats-Unis ont dépensé plus de 2 milliards de dollars et promis plus de 3 milliards dans les efforts de relèvement et de reconstruction. Alors que les résultats ne sont toujours pas au rendez-vous, la fenêtre d'attention sur Haïti est entrebâillée. Fermée, selon les sceptiques qui zappent et se souviennent des ballets de nos amis, de nos tuteurs, des flambeurs de frics ou des relations publiques, d'un avocat cinq étoiles comme Bill Clinton, disparu des radars...Tout comme les résultats que l'on cherche pour les milliards dépensés...".
La suite demain car je suis déjà long!
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