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jeudi 10 mai 2012

La loi d'airain des démocraties.

Je crois avoir déjà fait observer, dans un précédent blog sur un tout autre sujet, combien est inexacte l'expression "règle d'or" dont on use tant à propos des finances des Etats européens. L'or est, en effet, l'un des métaux les plus mous et la règle de limitation des déficits nationaux à 3% l'a bien montré, puisque cette "règle d'or" a été tordue dans tous les sens par les Etats dans la dernière décennie. Aussi suis-je conduit ici à préférer la "loi d'airain" à la "règle d'or".

Cette loi que je veux mettre en évidence ici semble, en effet, inexorable, elle ; elle est illustrée par deux élections présidentielles quasi contemporaines, celle du président français qui vient de s'achever et celle du président américain qui aura lieu dans quelques mois.

Je m'explique.

Lors de la campagne électorale de son élection, le succès de Barack Obama a tenu à ce qu'il avait présenté un vaste programme, social en particulier, dont il n'a réalisé ensuit qu'une faible partie, quelles que soient les causes qui l'ont conduit à renoncer à une bonne part de ses ambitions électorales. Les Américains lui en font grief aujourd'hui et il ne fait pas de doute que son bilan sera à l'origine d'une des difficultés majeures de son éventuelle réélection.

Comme on peut facilement l'imaginer, ce sont là des souvenirs qu'il ne rappellera pas ; il faut donc qu'il se lance sur de nouvelles idées dont la première vient d'apparaître de sa part sur le marché électoral américain. Il s'agit du mariage des homosexuels qui constitue une question dont l'importance est sans grand rapport avec celle, par exemple, de la mise en place d'un système social de santé généralisé qui avait été déclarée une des priorités par Obama lors de sa première campagne présidentielle.

Je pense que ça vous rappelle déjà quelque chose et que vous commencez à me voir venir avec ma loi d'airain des démocraties.

En 2007 Nicolas Sarkozy, qui se voulait et se proclamait "le président de la rupture", avait agité, lui aussi, de grands programmes sociaux (le chômage, le "travailler plus pour gagner plus", etc.) ; on a vu le résultat ! La croissance qu'il avait promis d'aller chercher "avec les dents" n'était pas au rendez-vous ; elle s'est dérobée et il n'a même pas pu en mordre la queue! On n'a donc eu à se mettre sous la dent que la viande halal !

Il semble donc y avoir une loi d'airain qui fait que tout président candidat à sa propre réélection est, par nécessité, conduit à renoncer et même à tenter de faire oublier toutes les promesses qu'il a faites et qu'il n'a pas tenues. Naturellement, la première fois, elles touchaient toujours à des problèmes de société importants et graves qu'il n'a pas réussi à résoudre.

S'il est assez inconséquent pour solliciter tout de même une réélection (mais tous le sont car les Cincinatus sont rares et ce dernier est mort depuis bien longtemps!) ; il ne lui reste donc fatalement à proposer que des broutilles qui ne visent en réalités qu'à détourner l'attention. En ce qui nous concerne, ce furent la viande halal, la réforme du permis de conduire, la date de versement des pensions de retraite, etc. ! Les électeurs américains ont déja eu droit au mariage homosexuel et Dieu seul (et les "sondeurs" et "communicateurs" d'Obama) sait ce que seront les autres thèmes de sa campagne (je parie, en tout cas, pour l'oubli de Guantanamo et de la dette).

Vous voyez donc déjà que la seule solution pour garder un peu de sérieux à la démocratie est d'interdire aux présidents en exercice de solliciter un second mandat.

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