samedi 14 septembre 2013
Schizophrénie française.
J'ai déjà écrit sur ce thème, dans une autre perspective toutefois, un post dont je ne sais plus la référence que je n'ai pas le courage ni le goût de rechercher. J'y avais attiré l'attention sur la schizophrénie manifeste qu'engendre une foule de messages publicitaires qui nous recommandent un usage, un produit ou une attitude, tout en nous invitant, suite à une obligation légale, dans le même message, à nous en écarter de notre mieux.
Les messages de publicité pour les aliments ... gras, sucrés, salés… (rares sont ceux qui ne le sont pas et souvent ils ont même deux de ces caractères !) sont toujours immédiatement suivis d'un appendice que la loi rend obligatoire et qui nous invite à les consommer avec modération, voire à nous en abstenir. Il en est de même pour les alcools, ce qui n'empêche pas qu'on en fasse la "réclame", ce qui me semble contraire à la loi Evin (drôle nom pour cette loi !). Désormais, on peut ajouter à cette longue liste, tous les jeux et les paris dont la publicité nous accable à tout moment, surtout dans les émissions sportives et avec la complicité scandaleusement racoleuse de vedettes du sport déjà millionnaires ! Là aussi la modération nous est antagoniquement conseillée, le cas échéant par le recours à d'autres officines, probablement mises en place par ceux qui font cette publicité elle-même et qui doublent ainsi leurs profits.
La schizophrénie est également provoquée, mais, cette fois-ci de façon fortuite et plus rare, par des télescopages d'informations dont j'ai entendu de jolis exemples, ce vendredi 13 septembre 2013 au matin. Que de 13, alors que nos escrocs des jeux de hasard sont tellement le nez dans le guidon qu'ils ne semblent même pas avoir pris garde à la chose ! Je ne donne cette précision que pour vous permettre de vérifier la véracité et l'exactitude de mon propos.
Sur une des radios bignoles que j'écoute distraitement le matin, j'ai ainsi entendu une publicité en faveur de la mise en chantier de travaux de toutes sortes pour l'aménagement de nos maisons (publicité sans le moindre doute par les artisans du BTP) ; vers 9 heures, elle précédait immédiatement l'information qui nous avisait de la colère des artisans du bâtiment, tous au bord de la faillite, situation qui les amenait à faire grève dans la journée et surtout à organiser des défilés et des "opérations escargots". Ce choc de ces deux annonces m'a fait penser à cette fameuse campagne de publicité de la SNCF qui, il y a quelques années, avait été si opportunément lancée au moment même où les cheminots entamaient une grève. Cela dit les ramener sur les chantiers éviterait qu'ils ne bloquent nos routes !
Comme s'il fallait ajouter à la chose, un autre joli télescopage communicationnel s'est produit aussitôt peu après. Après le déferlement quotidien des publicités automobiles (comme chacun le sait, le parc automobile français fonctionne pour les deux tiers au diesel), on a entendu, à propos de l'abandon de l'idée de surtaxer le gaz-oil, une déclaration indignée de Cécile Duflot qui attirait notre attention sur le drame que cause la circulation des modèles diesel qui engendrent, chaque année, 46 000 décès et coûtent, de ce fait, une fortune à la Sécurité Sociale (on est tenté d'ajouter mais fait des économies sur les retraites !).
Dans une société pareille, comment ne pas devenir schizophrène quand l'omniprésente et obsédante publicité nous pousse, à chaque instant, à faire des choses ou à consommer des produits dont on nous dissuade par ailleurs, dans le même mouvement, de faire usage. Je constate d'ailleurs que cette publicité, qui nous submerge aux heures de grande écoute est de plus en plus honteuse et se dissimule tant bien que mal. Notez qu'à ces heures, sur dix minutes de temps d'antenne, la moitié est occupée par la publicité dont on n'ose même plus prononcer le nom ! On ne sait plus d'ailleurs si on a affaire à des émissions qu'on entrecoupe de messages publicitaires ou à une succession des messages publicitaires qui font place, par moments, à un discours radiophonique autre. Fait significatif, le mot "publicité" lui même est totalement proscrit dans les médias audiovisuels, radio ou télé. L'officiant, qui est au micro ou devant les caméras, prenant un air dégagé, s'arrête de parler, d'interroger ou de faire causer ses chroniqueurs (belle expression pour des gens dans le rôle le rôle se borne à glousser et à rire pour entretenir une ambiance prétendument joyeuse) et nous annonce alors, non pas les minutes interminables de pub que nous allons devoir subir, mais une COURTE PAUSE (tu parles !). Soyez sûrs que ça n'est pas pour que le principal intéressé aille aux toilettes ou pour que puissiez boire vous-même votre pastis ou votre café ; c'est toujours l'annonce , hypocrite et mensongère, d'une avalanche de messages publicitaires. Il n'y a là en rien une "pause" qui, par définition même, doit toujours être plus brève que l'activité majeure.
Mais on ne va tout de même demander aux demeurés, qui meublent nos antennes et occupent nos écrans, d'être honnêtes et, en plus, de connaître la langue française !
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