Comme je le lui disais en commentaire de son propos, Expat m’a un peu coupé l’herbe sous les pieds à propos de l’Union européenne, mai il y a tant à dire…. On pourrait résumer les choses en reprenant la fameuse formule de Georges Clémenceau, selon laquelle la guerre est une chose trop sérieuse pour qu’on la confie à des militaires. Il en est de même pour la politique européenne, comme l’ont bien montré les fiascos réferendaires successifs, dont nos mêmes politiques se sont sortis, sans scrupules, en foulant aux pieds des volontés populaures pourtant expriméee sans ambiguité.
Il en est de même pour la monnaie. Lors des débats à ce sujet, la grande majorité des plus éminents économistes se prononçait en faveur d’une monnaie commune et non d’une monnaie unique ! Là encore, plongés dans leurs vastes et chimériques desseins, dont on commence à voir aujourd’hui les résultats, les politiques ont voulu et imposé l’euro comme monnaie unique. En voiture à l’instant, sur France-Infos, j’entendais pérorer Jacques Delors, le bienfaiteur des Grecs grâce à ce qu’ils nommaient eux-mêmes, en grec, « le paquet Delors ». Loin d’aller se cacher, Delors ne refuse apparemment aucun micro, comme si tout cela lui était tout à fait étranger
Pour ne pas lasser des lecteurs fidèles, s’il y en a, je ne vais pas recommencer mon numéro sur l’importance essentielle que la Commission européenne attache à la détermination précise de l’épaisseur des tranches de mortadelle ou du pourcentage de produits autres que le cacao à accepter dans le chocolat. Ce sont là, pour Bruxelles, des questions majeures, plus urgentes en tout cas que la suppression des paradis fiscaux, les législations sociales ou l’harmonisation des prélèvements obligatoires au sein de l’Europe des 27 !
L’affaire toute récente des « produits amaigrissants » est l’un des épisodes les plus significatifs d’un feuiilleton qui en comporte des milliers. Il s’agit là de substances dont l’efficacité est depuis longtemps connue, pour les chevaux en particulier ; le processus consiste à évacuer par des diarrhées abondantes une partie de l’alimentation absorbée, ce qui est moins gênant pour un percheron que pour une élégante soucieuse de sa ligne. Sur le plan juridico commerrcial, l’astuce consiste à ne pas faire classer ces produits comme médicaments et à les faire traiter comme de simples « produits alimentaires » ; cet innocent tour de passe-passe supprime la nécessité de les faire autoriser comme tels et donc de tomber sous le coup des lois très strictes qui encadrent la publicité des médicaments. Ceux qui organisent la fabrication, la promotion et la vente de tels produits ont fait, par tous les moyens que vous pouvez aisément imaginer, un lobbying intense et persuasif auprès de Bruxelles, pour que la législation européenne, qui l’emporte sur les règles nationales, rende possible leur fructueux petit commerce que la France entendait interdire, en les regardant comme des médicaments. Résultat du match : Bruxelles- Paris 1-0 !
Ce point n’est naturellement qu’anecdotique, mais il conduit à souligner que la principale induistrie bruxelloise est, désormais et de très loin, le lobbying. Il y a d’ailleurs pignon sur rue, même là où l’on ne s’attendrait pas à le voir ainsi reconnu. Ainsi la Fondation Robert Schuman reconnaît-elle dans une note de 2004 : « Les lobbyistes peuvent être considérés aussi comme des représentants de la société civile européenne variée, des points de relais de la société indispensables à l'avancement, à la concrétisation et à la perfection de l'adoption des dossiers européens complexes et d'une grande importance ». Ben voyons ! Le lobbying ne néglige apparemment personne !
La pratique du lobby, comme son nom l’indique, nous est venue des Etats-Unis et Bruxelles dispute désormais à Washington le titre de capitale mondiale du lobbying. Aux Etats Unis, toutefois les lobbys doivent se déclarer officiellement comme tels ; à Bruixelles, ils ne sont qu’« invités » à s’inscrire dans un registre, ce qui fait que leur nombre exact n’est pas connu. Environ 1500 se seraient ainsi inscrits, mais on considère généralement qu’il y en plutôt 4.000 qui emploient au moins 15.000 personnes, les trois-quarts d’entre elles travaillant pour des intérêts industriels ou commerciaux. Tout cela est donc passablement opaque et secret; beaucoup plus en tout cas qu’aux Etats-Unis.
Si les lobbys sollicitent naturellement, de façon tout à fait officielle, des rendez-vous avec des fonctionnaires ou des députés de l’UE, existent aussi une foule d’autres moyens d’action, de sollicitation, voire de pression ou de séduction, beaucoup moiins avouables. B. Clouet, experte pour l'agence EuropeanSchoolnet, observe pour ce qui le plus avouable : « Nous passons beaucoup par les bruits de couloirs ou le dialogue informel. A Bruxelles, les fonctionnaires, les lobbyistes, les experts vivent dans le même quartier, fréquentent les mêmes restaurants, les mêmes bars... Le lobbyisme y est presque permanent ».
On comprend donc aisément qu’au delà de l’emploi même de ces milliers de personnes qui sont aussi bien dans les nombreux offices de lobbying que dans les multiples firmes de relations publiques et de communication qui offrent, au coup par coup, leurs services aux groupes industriels ou aux entreprises pour faire pression sur les fonctionnaires européens comme pour fournir des conseils stratégiques, des études et des rapports, les lobbys sont, avec les institutions européennes elles-mêmes l’élément central de l’économie réelle de la ville de Bruxelles.
Dans le match Bruxelles-Paris, le score n’est donc pas de 1-0 mais plutôt de 10-0 !
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6 commentaires:
Finalement suite à ce qui a été dit hier, et à l'épreuve des faits, je ne vois que deux utilités majeures à l'UE et ce qui lui a précédé sous d'autres dénominations.
La première est la mise sur pied d'une usine à gaz dont mais dont le réel intérêt est pour ceux qui vivent dans cette usine et ses filiales : les commissaires, les députés, fonctionnaires, et tout ce qui gravite autour de ces gens là. Des gens, ma foi, fort bien payés pour leur présence leur travail effectifs bénéficiant de pas mal d'avantages sociaux et fiscaux et arcboutés sur ces derniers comme l'a prouvé cette grève datant de quelques mois des fonctionnaires européens quand on a voulu chipoter, crise oblige, sur leur augmentation bien supérieure à l'inflation.
Le lobbyisme peut être d'ailleurs un moyen inavoué d'atténuer une situation que certains d'entre eux doivent, faute de connaitre la vraie vie, ailleurs, trouver peu satisfaisante.
Le second est d'avoir fait de l'espace européen un espace ouvert de consommation profitant d'ailleurs davantage aux économies étrangères, et notamment celles des pays dits émergents, qu'à l'économie des pays européens (j'avais écrit européenne, mais comme il n'y a pas d'économie européenne j'ai donc rectifié).
Le reste, tout ce qu'on nous parle à l'occasion des nouveaux traités en particulier, c'est du vent. Quand on voit les dirigeants de cette Europe, président, président de la commission, commissaires, représentante pour les affaires étrangères (je ne me souviens plus du nom exact et ça n'a pas d'importance), on a compris que les Etats membres veulent bien lâcher sur l'épaisseur de la tranche de mortadelle et les fromages, mais pas sur les choses importantes. On est dans la même situation que les monarchies électives (rappeler à Sarkozy que ça a existé)où la coutume était d'élire le prince le plus faible pour qu'il ne fasse pas ombrage aux puissants. Notons qu'il y a eu tout de même quelques ratés dans cette pratique et qu'elle a permis notamment l'émergence de la maison des Habsbourg. Enfin, rien à craindre, je crois du côté de Van Rampuy et Barroso.
Sans rapport avec la note, juste pour signaler à Usbek que j'ai évidemment pris note de ses méls, et que j'ai suivi sa trace jusqu'ici pour le saluer.
La relation entre nouvelobs.com et overblog.com m'a réellement surpris. Sidéré même au point d'avoir tout de même douté. Quant à Anna, elle n'est pas dans le lot des "invités" de Nonobs et je suis étonné de l'influence qu'elle pourrait avoir, ce qui corrobore ce que Mathieu a souvent dit, et depuis longtemps, sans que j'y croie.
Euh... au fait, Bruno c'est caquedrole
Cher Expat
Pertinent et joli ... comme toujours. Ne voulez-vous pas que nous alternions sur ce blog dont vous êtes le lecteur et le commentateur le plus perspicace et le plus fidèle?
Cher Bruno
Je me demandais qui était ce Bruno car je connais à peu près tous les lecteurs de ce blog où je suis bien loin des 12.000 visites mensuelles de mon premier blog. Cela dit, je ne regratte rien, car cela n'avait aucune incidence pour qui que ce soit.
Comment le "néo-obs" a-t-il agi sur overblog c'est des plus simples, il leur a suffi de me dénoncer et de protester auprès du modérateur avec des menaces de preocès On m'a aussitôt viré, sans hésitation et sans ménagement pour mes trente lecteurs quodidiens, alors que les 500 ou même mille lecteurs quotidiens du No n'ont pas donné le moindre scrupule à la régie publicitaire de service.
Pour la prétendue Anna qui est naturellement bidon comme le dit Mathieu et dont la devise du blog (relisez-la!) prend tout son sel quand on voit "Ana-stasi(e)" censurer et même dénoncer, car c'est sans doute de là qu'est venue la dénonciation à blogover. J'ai un peu bombardé les blogs du NO , sauf le vôtre car je ne voulais pas vous exposer vu les méthodes néo-machin de ce bel hebdo de gauche. Tout censeur a une vocation naturelle à devenir un délateur. Quant à ce pauvre Jean Daniel ...
Vous exposant ma surprise (sans être convaincu à 100%, je vous l'avoue) à propos d'Anna (qui avait protesté contre l'expatriation de Marius, lequel était loin d'être son copain), la lecture que j.michel a faite de mon com m'a ce matin laissé pantois : com "vachard" à l'égard d'Anna est-il venu me signaler...
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