Il est bien dommage que le cinéma italien et Cinecitta ne soient plus ce qu'ils étaient car on aurait pu, sans problème, faire, à partir de l'affaire du naufrage du Costa Concordia, en dépit de la dizaine de morts, une version nautique du fameux « Divorce à l'italienne » de 1961. Certes, on ne peut plus désormais faire appel à Marcello Mastroianni, mais vu la nature de l'intrigue, on pourrait éventuellement avoir recours, s'il est encore vivant, à Aldo Maccione dont le physique et le jeu seraient mieux adaptés au scénario.
Il semble que la cause principale du naufrage de l'immeuble flottant (toutes les fois que je m'approche de ces nouveaux paquebots qui ont moins l’allure de navires que d’immeubles, je me demande toujours comment ils peuvent affronter les mers du monde ; en Méditerranée où ils sévissent particulièrement, on comprend qu'ils n'ont pas trop de chemin à faire depuis les chantiers navals, mais quand on les voit aux Antilles, force est de se demander comment ils ont pu arriver là, car ils n'ont pas pu être construits sur place ou à proximité) soit la coutume, naturellement stupide mais bien ancrée (si j’ose dire), de venir parfois, hors de leur vraie route, à proximité d’un point de la côte pour « saluer », dans une intention ou une autre, les habitants de la zone terrestre en cause. J'ai entendu dire que, dans cette affaire, le chef des cuisiniers ou des serveurs du Concordia étant originaire de la zone où s'est produit le naufrage (près de l’île toscane du Giglio) et ayant renoncé à son congé pour être présent dans cette croisière, on avait jugé bon de lui faire faire un salut très particulier, plus proche de la côte et, de ce fait même, tellement proche que le Concordia s'y est échoué ou y a fait naufrage, on ne sait plus très bien.
Mais, et c'est là où l’on entre dans l'intrigue de la comédie italienne, le commandant du navire, même si la vérité ne semble pas totalement établie, avait d'emblée dès le début du naufrage et contre toutes les règles, quitté le navire. On a pu ainsi entendre une conversation des plus pittoresques entre la capitainerie du port voisin qui lui intimait l'ordre de regagner le bord et lui-même qui prétendait, contre toute vraisemblance puisqu'il était alors à terre, être tombé à la mer à cause de la gîte du navire qu'avait causée l'accident. Voilà un homme qui n'a pas le pied marin (ni le reste d'ailleurs) !
Je profite de l'occasion pour signaler à la plupart des commentateurs de nos médias que j'ai pu entendre à la radio que, quand il s'agit d'un navire qui, sur l'eau, s'écarte de la verticale, même l’origine est la même, le mot « gîte » est FEMININ et non pas masculin comme « gîte » dans « le gîte et le couvert ». Cela n'est qu'un exemple de plus de l'incapacité de beaucoup de nos journalistes à faire preuve d'une connaissance minimale de la langue française qui est pourtant leur outil de travail.
Je ne sais pas comment tout cela finira, la justice italienne étant encore plus inattendue que la nôtre puisque ce commandant qu'on avait traîné plus bas que terre et qui était entré dans les locaux de la police menotté entre deux carabiniers, a été, semble-t-il, peu après libéré dans la plus grande discrétion.
On sait que le commandant, dans le cas d'un incident maritime ou d'une avarie en mer, est toujours, en principe, le dernier à quitter le navire et doit rester à bord jusqu’à ce que, le cas échéant, le navire coule. A ce que je crois, ce comportement, qui est toujours jugé héroïque, est donc, en réalité, imposé par des considérations bassement matérialistes. En effet, s'il reste à bord, fût-il le dernier, il doit le faire essentiellement pour éviter que le navire, du fait de son total abandon, ne soit alors considéré comme une épave et ne devienne la propriété de qui le trouve!
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