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mercredi 4 janvier 2012

La boite de Pandore



Après avoir ri jaune ce week-end suite au camouflet que lui a infligé notre président, Monsieur le ministre Mariani doit désormais rire sous cape, lui qui, après avoir, le vendredi, estoqué les syndicalistes de SeaFrance, avait été obligé de céder au diktat sarkozien et de donner sa bénédiction à la réunion de lundi dernier, à l’Elysée, qui a remis sur les rails le sauvetage de SeaFrance.

Tout donnait à penser qu’on avait, là, ouvert la redoutable boîte de Pandore ; les choses n'ont pas d’ailleurs pas traîné. « Et nous ! Et nous ! Et nous ! ». Comme chantait naguère Dutronc.

À peine la réunion était-elle achevée (même si rien de définitif n’en était sorti) que la tête de PétroPlus sortait de la dite boîte et réclamait à son tour un traitement similaire. Il faut dire que les deux affaires ne sont pas sans lien, puisqu'il s'agit, dans un cas comme dans l'autre, de canards boiteux. Cette raffinerie de Petit Couronne a appartenu naguère encore à la Shell qui a largué cet outil industriel encombrant (il est classé Seveso, niveau haut) en 2008, au moment où étaient déjà engagés les grands projets de construction de raffineries géantes comme celle de l'Inde qui, me semble-t-il, produira 20 ou 30 fois ce que produit ou plutôt ce que produisait PetroPlus, en outre à l’usage exclusif des marchés extérieurs.

La France s'est donnée une petite semaine de plus pour régler le cas SeaFrance puisque le jugement définitif, qu'on attendait pour lundi dernier, ne sera rendu que la semaine prochaine. Encore une minute, Monsieur le bourreau ! Vu l'état de notre économie industrielle et la date encore lointaine des élections, il risque d'y avoir du pain sur la planche pour les sauveteurs d’entreprises.

Il ne fait, en effet, aucun doute que les fermetures successives d'usines et la croissance rapide du chômage risquent de plomber sérieusement la campagne de notre président. On parle de « réduire la voilure », mais notre flotte industrielle risque de devoir se « mettre à la cape », voire de se retrouver « à sec de toile », pour continuer dans les métaphores nautiques. Tout au plus peut-on tenter de « louvoyer » quelque peu avec les « emplois aidés » qui feront tomber quelques décimales des chiffres du chômage, dans le meilleur des cas.

Il faut reconnaître qu'on ne comprend pas grand-chose aux affaires de SeaFrance et que, comme souvent, les médias disent tout et son contraire, en oubliant ou en ignorant l'essentiel.

Ainsi ai-je entendu le leader syndicaliste CFDT de SeaFrance déclarer, sur je sais quelle radio, que les cadres de la SNCF (propriétaire de SeaFrance) coûtaient fort cher à cette société (700.000 € si j'ai bien compris, sans toutefois retenir sur quelle période). Ce leader syndical a déclaré aussi, pour expliquer les très faibles parts de marché qui restent à SeaFrance sur le trafic Trans-Manche, qu'une compagnie danoise lui faisait la plus forte concurrence avec, comme souvent, des équipages de nationalités multiples et exotiques, beaucoup moins payés que les équipages français de SeaFrance et moins portés à la revendication. Il faut dire que ceux de SeaFrance ne doivent pas avoir trop à plaindre puisqu'ils ont refusé avec indignation, naguère semble-t-il, d’être assimilés au personnel de la SNCF et de voir leur salaire aligné sur celui des cheminots.

De toute façon on en revient à ce que la lutte est tout à fait inégale dans la branche puisque SeaFrance cumule tous les handicaps : trop de ferries puisque la moitié suffirait, trop de personnel, ce personnel pléthorique étant en outre mieux payé, non pas que les marins étrangers de la compagnie danoise mais que des employés du même genre à la SNCF qui, en général, ne passent pas pour les plus mal lotis sur ce plan.

Comment tout cela finira-t-il ? Il est bien difficile de le savoir mais l'important, en la circonstance, est que les choses traînent au moins jusqu'à la fin du mois de mai !

J’ai appris ce matin avec consternation que la dernière fabrique artisanale de bérets basques traditionnels était, elle aussi, tout près de déposer son bilan. Si l'on ne trouve pas d'autre solution, on pourrait au moins recaser quelques marins de SeaFrance à fabriquer des bérets basques... en ajoutant à la gamme des productions habituelles des bérets de marins.

1 commentaire:

Expat a dit…

Cher Usbek,

je trouve pour ma part que Sarko a joué assez finement avec SeaFrance. En acceptant finalement les revendications (bien entendu mal exprimées ou n'allant pas au fond des choses) des syndicalistes de cette boite avec cet artifice des indemnités exceptionnelles à reverser dans la coopérative qu'ils veulent fonder, il a réussi à faire en sorte que ces indemnités ne seront pas versées et que les choses suivront leurs cours selon les vœux de Mariani.
car qui serait assez idiot pour aller balancer quelques dizaines de milliers d'euros d'indemnités à fonds perdus dans une boite que l'on connait fort bien puisqu'on a participé à la plomber et dont on connait le funeste destin.
Comme n'importe quelle autre solution que la liquidation pure et simple, faute de repreneurs, serait contraire aux directives européennes, Sarko s'en tire bien et les syndicats passent pour être un ramassis de feignasses assistées incapables de prendre leur destin en main, ou de prendre des risques pour porter le projet qu'ils défendent.
C'est sans doute a- ou immoral, mais en tout cas, c'est bien joué.