J'avais, pour aujourd'hui, un autre sujet de blog mais deux déclarations touchant à l'Afghanistan m'ont détourné de ce projet initial.
La première est celle de Mme Hillary Clinton.
Je me doutais bien que la déclaration de notre président, faite sous le coup de l'émotion générale, le jour de l'assassinat des quatre soldats français en Afghanistan, n'allait pas plaire au gouvernement américain. Il y manifestait, en effet, une velléité de retirer les troupes françaises en Afghanistan, avant le terme prévu en accord avec les Etats-Unis.
La réaction ne s'est pas faite attendre. Les déclarations présidentielles du lendemain étaient déjà beaucoup plus nuancées ; Hillary Clinton n'a pas manqué de faire entendre officiellement sa voix et de rappeler ses exigences en la matière, alors que notre président , parti en Guyane, était en train de voguer en pirogue sur le Maroni ou de visiter un bout de forêt amazonienne. Ces circonstances l'ont naturellement dispensé de répondre aux injonctions américaines.
La seconde déclaration est celle de notre ministre de la défense au cours de sa visite en Afghanistan. Il a déploré, non sans quelque naïveté, que les talibans, qui se font incorporer dans la nouvelle armée afghane, ne se déclarent pas comme tels, avec les fâcheuses conséquences qu'on a pu observer récemment. Il faut dire qu'en la circonstance, le futur assassin s'était pourtant assez nettement signalé puisque, après une première incorporation dans les nouvelles forces afghanes, il avait déserté, était parti au Pakistan et n'en était revenu que pour se faire, à nouveau, engager dans l'armée.
J'ai entendu vaguement parler de contrôle de ces engagements qui se feraient, pour les candidats à l'incorporation, à partir d'identification pupillaire. Cette forme sophistiquée d'identification par l'iris a été imaginée en 1936 par un ophtalmologue Franck Burch mais est connue surtout par les films de James Bond. Elle a fait néanmoins l'objet de brevets au milieu des années 90. Je doute toutefois un peu que ce système d'identification par l'iris soit réellement utilisé pour identifier les éventuels talibans, même si on leur fait croire qu'il y a un vrai contrôle ; ainsi, dans certains aéroports du Sud, fait-on passer les voyageurs à embarquer devant des appareils dont les écrans de contrôle restent toujours noirs, voire, mieux encore, sous des portiques...en bois (détail authentique!).
Va savoir...le taliban, dont on a vu qu'il est fourbe, est sans doute aussi rusé et il ferme sans doute les yeux au moment d'un tel contrôle, au cas fort improbable où il serait réellement mis en oeuvre.
Assurément et en tout cas, à en croire notre ministre de la défense, il aurait dû absolument faire état de sa qualité de taliban au moment de son incorporation, comme on doit déclarer, en entrant aux USA, qu'on n'y vient pas pour y commettre un attentat ! De toute façon, vu la suite et les desseins qui étaient probablement déjà les siens, on ne pouvait guère attendre de sa part une si scrupuleuse honnêteté.
Il faut bien dire d'ailleurs dire que, quand on voit les candidats à l'engagement (on en a incorporé 180 000 !), on comprend aussitôt qu'il n'est pas très facile de distinguer, parmi ces centaines de barbus inquiétants et enturbannés, ceux qui peuvent être de vrais talibans de ceux qui en ont simplement l'apparence.
Je me demande d'ailleurs comment peut se faire cette fameuse instruction qui devrait être, logiquement aussi et peut-être d'abord, une forme d'endoctrinement, dans la mesure où les instructeurs français ne parlent évidemment pas le pachtou ou le farsi (je ne sais même pas si leur instruction ne se ferait pas, par hasard, en arabe puisqu'ils sont musulmans !). Quand aux aspirants militaires afghans (talibans ou non), ils ne parlent évidemment pas un mot de français! Cette situation de communication doit engendrer quelques problèmes ! Je ne puis donc que m'amuser, une fois de plus, quand j'entend parler, comme ce matin par notre ministre, des relations d'amitié qui se nouent entre les instructeurs français et leurs clients afghans. Peut-être au fond le massacre d'avant-hier n'est-il qu'un simple malentendu linguistique !
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