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mardi 10 janvier 2012

Calais suite : "On nous ment:"

On connaît, même si la vogue en est un peu passée quoique son actualité demeure, la « Ronda de còca », chantée sur des rimes en -ment et directement inspirée de la chanson « Tout le monde ment » de Massilia Sound System qui, elle-même s’inspirait de « High Tençon » des Fabulous Trobadors.

Extrait un peu aménagé, pour mémoire :
« On nous ment, on nous ment
C'est du vent, on nous balade
On nous vend que des salades
Y'en a marre des boniments ».

L'affaire de Calais et de SeaFrance nous en offrent une illustration dont les détails apparaissent peu à peu et dont, il faut bien le dire, nous n'avons guère besoin.

On nous a longtemps et totalement caché que des « dérives » étranges avaient été depuis deux ans relevées à propos de SeaFrance et du règne sans partage imposé dans cette entreprise par une CFDT aux mœurs et aux pratiques les plus étranges.

Un rapport de la Cour des comptes notait ainsi la totale emprise du syndicat dans les recrutements de l'entreprise (ce cas n’est pas unique !). En avril 2010, apprend-on désormais, le parquet de Boulogne-sur-Mer a ouvert une enquête pour "abus de confiance" à la suite d'une plainte de la direction de SeaFrance. « Gestion opaque, abus, menaces », les soupçons sont aussi graves que nombreux !

Même les rodomontades de Jacques Chérèque, le patron de la CFDT nationale, illustrent le principe des Fabulous Trobadors. En effet, il nous a fait quelques effets de manche assez réussis à la télévision sur l'exclusion des « fanatiques » du Pas-de-Calais. Or, on apprend désormais qu'en réalité l'instance syndicale nationale n'a pas le pouvoir statutaire d'exclure les membres qu'elle menace pourtant de cette sanction.

Autres mystères ! Contre toute attente, le tribunal a prononcé la liquidation de SeaFrance alors que tout avait été fait pour donner à penser à l’indulgence, à commencer par les délais accordés pour une situation qu’on juge désormais sans mystère et sans issue. Il n'en a rien été, ce qui amène à se poser des questions ! « On nous ment ! »

La première question et un des premiers mensonges tient aux prétendues négociations avec L. Dreyfus (qui apparaît désormais associé avec les méchants Danois!), dont on ne sait plus très bien, à force d'en entendre parler et de revenir sur cette affaire, s'il avait proposé de sauver 620 emplois, comme on l’a dit d'abord, puis 500, le chiffre étant désormais tombé à 300 (rappelons que le total des employés de SeaFrance est de 880). On finit donc par se demander si toute cette mise en scène n'est pas destinée, indépendamment du fait de faire étalage de la volonté gouvernementale de sauver des emplois) à mettre SeaFrance au fond du trou pour rendre la négociation finale plus facile sur le plan social et plus avantageuse pour les repreneurs.

On sauvera, désormais, dans la joie et non dans l’amertume et la colère, 300 emplois sur 880 et surtout on va permettre, à moindre prix, le rachat des actifs. Il semble en effet qu'on évalue maintenant le rachat des ferries à 5 millions d'euros, alors que leur valeur, au début de cette affaire, était estimée à 150 millions d’euros au moins!

Pas fou! Serait-on revenu à ce beau temps qu'on a connu, il y a quelques décennies, quand certains (suivez mon regard !) s'étaient fait une spécialité de racheter des affaires en difficulté pour liquider aussitôt l'essentiel du personnel ou sa totalité et revendre les actifs? On n'a pas manqué d'affaires de ce genre et tout semble indiquer qu'on est en train de revenir à ces joyeuses pratiques.

Tout cela n'empêche pas les leaders de la CFDT calaisienne de continuer à rouler des mécaniques et à faire saillir leurs muscles syndicaux, ce qui leur est d'autant plus facile que leurs patrimoines immobiliers personnels les mettent sans doute définitivement à l'abri du besoin !

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