"Timeo Danaos et dona ferentes". Cette formule de méfiance à l'égard de la Grèce et les Grecs ("Je crains les Grecs même lorsqu'ils apportent des cadeaux"), qu'exprime ce vers de Virgile au moment où ces mêmes Grecs offrent aux Troyens l'immense cheval de bois qui causera leur perte, prend à nouveau tout son sens dans l'actualité politique et économique française de ces derniers jours.
En conclusion de je ne sais quel reportage sur la Grèce (un de plus), sur France2 me semble-t-il, le journaliste, qui voulait conclure brillamment son propos et faire étalage de sa culture hellénique, rappelait que nous devions la Grèce à la fois la démocratie (air connu, même si la démocratie athénienne avait un visage assez différent de celui que nous avons donné à la nôtre) et l'épée de Damoclès (qui était, en fait, celle du tyran Denys de Syracuse, ce qui la situe en Sicile et non dans la Grèce continentale). Il aurait pu ajouter à cette série métaphorique, avec plus de justesse et d'opportunité encore, dans le catalogue de ce que nous a légué la Grèce, le "tonneau des Danaïdes" dont l'économie grecque semble donner, actuellement et de jour en jour, le meilleur et le pire des exemples, ce qui permet d'ajouter à cette liste "la langue d'Esope"!
La Grèce est toutefois, de nouveau et surtout, sur la scène politique française avec la fameuse photo qui constitue l'affiche de campagne de Nicolas Sarkozy. Le "mieux est l'ennemi du bien", ce que ma bonne grand mère exprimait par le conseil de ne pas mettre du sucre sur le miel ! Pour le coup, ce proverbe et cet aphorisme ne sont pas grecs mais bien français!
On finit par se demander s'il n'y a pas, dans l'équipe de communication du président, des farceurs ou des traîtres (l'un n'excluant pas l'autre) pour avoir été chercher, pour cette affiche, somme toute consternante de banalité, à force de recherche et de subliminalité communicationnelles, une photographie de la mer et, en outre, de mer grecque?
Aurait-on voulu susciter les sarcasmes et (qui sait) provoquer le sort qu'on ne s'y serait pas pris autrement. La provocation est même triple en la circonstance, ce qui conduit à douter du bon sens ou de la loyauté des concepteurs de cette affiche.
La première provocation (et/ou erreur ?) est que cette image idyllique, estivale et paisible, de la Méditerranée, ne peut pas ne pas faire songer, aussitôt, à l'escapade présidentielle sur le yacht de Monsieur Bolloré qui, en 2007, a immédiatement suivi l'élection de Nicolas Sarkozy. On s'en est donc aussitôt donné à coeur-joie sur YouTube et dans les caricatures en tout genre, en installant le président de l'affiche de campagne à la proue du yacht, manipulations que favorise, de toute évidence, l'attitude du personnage, le regard fixé sur un horizon lointain.
La deuxième autre manipulation de l'image de l'affiche présidentielle est plus tentante encore, s'il est possible. On a évidemment aussitôt coiffé Nicolas Sarkozy de la casquette du capitaine du Concordia. Là aussi difficile d'échapper à ces tentations de caricatures d'autant que lui-même s'est comparé, dans la suite, dans son annonce de candidature, au capitaine d'un navire dans la tempête, sinon lamentablement échoué sur un écueil par excès de forfanterie. Comment donner mieux les verges pour se faire battre? Et dire qu'on les paye pour faire ça! Les communicants "discours", décidément, ne sont pas meilleurs (ou aussi perfides) que ceux de l'image.
La troisième provocation/bévue est sans doute la pire de toutes.
Il est clair que ceux qui ont conçu et fait le montage de cette affiche n'ont pas, un instant, songé que des spécialistes du buzz, à la fois obstinés et compétents, allaient se lancer, sur le champ, dans la recherche au sein des banques d'images, de l'origine de cette photographie, pourtant des plus banales. Ils ont trouvé, très vite, qu'elle n'avait pas été prise depuis la terrasse de la villa Bruni au Cap Nègre, mais sur une côte grecque et que c'est la mer Égée qui était présentée en arrière-plan.
Que faut-il penser, une fois qu'on a rendu hommage à la patience, à la sagacité et à la compétence, de ceux qui ont procédé à cette identification, quant au caractère éventuellement prémonitoire d'un tel choix, une fois constatée sa claire stupidité ?
Que nous dit la série des métaphores hélléniques ?
Cette photo sera-t-elle l'épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête de Nicolas Sarkozy, qui, jusque dans sa représentation la plus symbolique, son affiche de campagne, apparaît renoncer au "made in France" ou ce choix de la mer grecque indique-t-il qu'on doit invoquer plutôt le tonneau des Danaïdes où disparaîtront les maigres économies que l'on entend faire dans la suite sur le budget de la France ?
Réponse au début du joli mois de mai !
2 commentaires:
Dois-je retirer mes compliments admiratifs aux découvreurs de la supercherie. C'est paraît-il tout simple à trouver.
L'internaute a eu en effet l'idée de cliquer sur l'image de l'affiche publiée par le Figaro, pour lire les informations du fichier image. La manoeuvre est facile, aussi bien sur PC que sur Mac (comme ci-dessous) et on y lit "Grèce, nuages sur la mer Egée".
Cher Usbeck, shame! au décours d'un rangement intempestif de mes archives je vous ai perdu de vue
merci de ce morceau de bravoure mythologique
je pense tout bêtement que ce bleu est celui de la méditerranée et que l'Union pour les pays concernés le taraude encore
on aurait pu parler d'Ulysse, de Icare, de Achille et son tendon!!!!
Maladroit quand même si on retrouve l'identifiant grec de ce morceau de grand bleue
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