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lundi 6 août 2012

JO : une vue inattendue !

Un de mes amis lecteurs québécois (Merci, cher Succus ) me signale un intéressant article de Serge Truffaut, paru à Montréal dans le Devoir du 27 juillet ; on y montre les Jeux Olympiques de Londres sous un jour, dont on ne nous a guère parlé en France. Sans doute étions-nous trop occupés par le comptage quotidien de nos médailles, oubliant un peu que la seconde semaine nous sera beaucoup moins favorable!

L'article est illustré par une photographie de Sebastian Coe, dont j'ai découvert qu'avec l'âge et le costume, il a pris un petit air de notre ministre de l'intérieur Manuel Valls. Le physique de l'emploi diront certains à lire la suite, faite surtout de quelques extraits de l'article  de Serge Truffaut.

 "Grâce aux Jeux olympiques de Londres, à son organisation et en particulier à ses difformités financières, on comprend comme jamais qu’Adam Smith, le père de l’économie moderne, et George Orwell, le contempteur de la surveillance policière, ne pouvaient qu’être Britanniques. On comprend surtout que c’est en Angleterre et nulle part ailleurs que Karl Marx a pu écrire Le capital. Welcome to London, la capitale du capitalisme stalinien.
[...]
"Pour tout ce qui a trait, absolument tout, aux espèces sonnantes, le comité organisateur des Jeux olympiques (LOCOG), les entreprises concernées, les annonceurs et les commanditaires se sont entendus comme larrons en foire. Sur ce flanc, celui de l’argent et du « flicage » que cela commande, les organisateurs des éditions antérieures étaient soit de gentils amateurs, soit des personnes habitées par une certaine retenue, soit des individus crédules parce que respectueux, en partie et non en totalité, de l’idéal défendu par Pierre de Coubertin, père des Jeux modernes.

Toujours est-il que lord Sebastian Coe, le patron du LOCOG, les dirigeants du CIO et ceux de McDo, Coca-Cola, BBC et autres ont cultivé le fétichisme de la marchandise dans des proportions qui dépassent l’entendement. À preuve, ils ont arrêté des mesures propres à bannir l’ombre du petit profit que pourrait faire le commerçant du coin. Ils ont composé une participation financière propre à leur garantir le rapatriement du moindre dollar.

Un boulanger reproduit par bagels interposés les anneaux olympiques ? Un des 280 inspecteurs de l’Olympic Deliverance Committee, qui font penser à ces pompiers de Fahrenheit 451 chargés de brûler les livres, débarque et ordonne la démolition du travail accompli. Une fleuriste compose un bouquet aux couleurs des anneaux ? Idem. Une mamie imprime le sigle olympique sur le chandail qu’elle a confectionné pour un bambin de trois ans et qu’elle entend vendre 4 $ au bénéfice d’un organisme de charité ? Les pompiers éteignent sa bonne action. Le moteur de cet usage des forceps ? Le LOCOG ayant fait main basse sur le sigle olympique, toute référence aux anneaux, à ses couleurs, doit être monnayée. À quel prix ? Le fort.
[...]
En effet, Coe et ses satrapes se sont attelés à raboter le libre arbitre de chacun. Ils ont établi des listes des mots dont l’utilisation écrite est limitée. Toute formule reprenant deux mots de la liste « Jeux, deux mille douze, 2012 » sera considérée comme une infraction. La combinaison de l’un d’eux avec « Londres, médailles, annonceurs, été, or, argent et bronze » sera sanctionnée. On a interdit aux athlètes, à ces jeunes qui suent depuis des années et des années, de télécharger des enregistrements audio et vidéo de leurs participations. À ce jeu de massacre, de négation de l’individualité, Facebook et Twitter vont participer. En effet, le Saint-Graal informatique des jeunes générations va intégrer le bataillon de Fahrenheit 451.

Cette dérive tous azimuts a été rendue possible par la mise entre parenthèses, et pour la durée des jeux, de l’État de droit. En effet, depuis Sydney en 2000, le CIO « exige, pour reprendre les mots du journal The Guardian, des pays candidats qu’ils s’engagent à adopter une législation ad hoc pour fournir un train supplémentaire de sanctions légales » au seul bénéfice des entreprises privées. À l’évidence, lord Coe et ses complices ont insulté la mémoire d’un très grand Britannique, John Locke, le concepteur de l’État de droit. No Comment !"

En somme et pour comparer avec les précédents Jeux (en excluant Pékin et la Chine dont le régime politique rend le cas très particulier), les bénéfices seront pour le privé et les énormes coûts et déficits pour le public, donc, si j'ose dire, pour le pékin de base !

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