Depuis l'élection présidentielle, et déjà à l'occasion de la campagne électorale, la majorité écolo-verdo-socialiste a une épine dans le pied ou en tout cas un gros caillou pointu dans sa chaussure. Il s'agit, vous l'aurez compris, du nucléaire sur lequel les positions des deux composantes étaient pour le moins différentes.
On avait cru régler un moment les problèmes en envoyant Mme Eva cultiver son jardin pendant que se tenait la réunion au sommet entre Martine et Cécile ; on avait alors, vite fait bien fait, réglé les accords électoraux (qui devaient ouvrir sur un groupe parlementaire et deux ministères) au bénéfice exclusif d'Europe-Ecologie-Les Verts, en glissant sous le tapis, avec la poussière, le problème nucléaire. Cela faisait assurément l'affaire de la future ministre comme de la Première Secrétaire du PS, l'une et l'autre refilant le bébé au futur Président de la République.
Ce dernier, au prix de quelques déclarations ambiguës, lénifiantes et dilatoires, a réussi à maintenir le problème éloigné des débats publics, d'autant qu'il y avait bien d'autres questions à régler et que le sort de l'industrie nucléaire française ne pouvait être sérieusement traité au cours des cent jours qui marquaient, Dieu sait pourquoi, la première étape de la présidence de François Hollande.
Comme on ne pouvait pas laisser indéfiniment le problème en suspens, du moins dans le débat, on a, sans doute après réflexion, essayé de définir une stratégie politique qui sauve la mise à tout le monde et qu'on a mise en place sous la forme d'une petite comédie qui a déjà commencé et qui n'est sans doute pas finie.
Comme tous ces gens sont prudents et aiment les sondages, on aura sans doute discrètement interrogé les Français sur leurs positions à ce propos. Il est évident, sauf pour quelques excités comme Mme Eva et sans doute Mr. Noël (oublieux des piges qu'il a autrefois faites pour la publicité de cette même industrie nucléaire), qu'une large majorité de Français (les deux tiers au moins) n'envisage pas sérieusement la disparition de l'industrie nucléaire. Comment pourrait d'ailleurs concilier une perspective écologique réelle et sérieuse avec les remises en route, comme en Allemagne des centrales nucléaires au charbon, qui sont encore plus polluantes, et à très court terme, que les centrales nucléaires elles-mêmes ?
Le premier acte de cette petite comédie politique a été la pantomime très réussie de la ministre Cécile Duflot avec son "licol" et sa "muselière". Je pense que vous avez, comme moi, vu son numéro, où elle mimait l'activité du Secrétaire général d'E-L-V, tenu en bride courte par un licol et ne pouvant guère aller bien loin, ni à droite ni à gauche, avant de mimer ensuite celle du ministre qui, en plus du licol, doit porter une muselière. Autant dire qu'elle préparait par cette séance de mime le silence qu'elle devra observer dans la suite immédiate, sauf à démissionner. Le muselière de Madame la ministre est l'équivalent bucolique de la "gueule fermée" évoquée autrefois par Jean-Pierre Chevènement.
Deuxième acte deux jours plus tard quand notre ministre du redressement productif, le bouillant Montebourg évoque, sans crier gare, la nécessité et même l'avenir de l'industrie nucléaire, "une filière d'avenir" pour la France. Le choix de Montebourg paraît dicté par des considérations diverses qui vont de la rhétorique quelque peu verbeuse qu'on lui connaît aux exigences de sa fonction ministérielle puisque notre industrie est, sans le moindre doute, le client le plus constant, le plus exigeant et le plus vorace de notre industrie nucléaire, puisque le l'activité industrielle absorbe 70 % de notre électricité.
Et le Président de la République, me direz-vous ? Il sera, à n'en pas douter, au centre du troisième acte. Il y apparaîtra comme le pacificateur (ce qui est le rôle qu'il affectionne le plus) en apportant la solution de bon sens qui visera à concilier les nécessités absolues de renouveau industriel (le "redressement productif") et le vert maintien de notre belle nature française. Il trouvera une solution de compromis que tout le monde souhaite au fond (et pourquoi ne pas créer une commission ?) qui permette de sortir d'une impasse dans laquelle les politiques se trouvent fort embarrassés... et nous avec !
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