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samedi 25 août 2012

Les contes fantastiques de France-Télévision(s) (suite)

Les circonstances ont fait que j’ai eu, depuis longtemps, bien avant la création de France-Télévision(s), l’occasion de fréquenter la télévision française. J’y ai toujours constaté à la fois un personnel pléthorique et une activité très modeste, faite surtout de passages, nombreux et prolongés à la cafeteria et/ou au bistro du coin, selon les lieux et les installations. Plus récemment, il s’est trouvé que je suis allé dans les lieux parisiens de cette même société et j’ai pu observer que les choses n’avaient guère changé.

Par ailleurs, j’ai toujours été stupéfait (et plus encore à voir les contrats mirobolants faits à ces olibrius baptisés « producteurs » ) que personne, dans le surabondant personnel de France-Télévision(s), ne soit capable de faire ce que font des "professionnels" aussi médiocres que les interchangeables Delarue, Courbet ou Nagui, auxquels on achète à prix d’or des émissions parfaitement débiles qui, certes, plaisent à certains télé spectateurs, mais qui sont d’un tel niveau que le premier venu est capable d’en faire autant pour dix fois moins cher et cela d'autant que ce sont , pour la plupart, de simples démarcages d'émissions étasuniennes!

Pour ce qui touche à l’information, qui est un point central, vu l'extravagante abondance du personnel qui est censé y être employé (je reviendrai sur les mystères du personnel et des effectifs), comment ne pas être frappé, aussi, par le fait que la montagne de journalistes de France-Télévision n’accouche que de lamentables et soufreteuses souris d'infomation ?

J’ai mis donc mis mon nez dans le rapport de la Cour des comptes, mais ses 222 pages m’ont découragé ainsi que le ton prudentissime de ses formulations. Je vous déconseille donc d'autant plus vous y risquer que je vous en donnerai quelques extraits significatifs. En revanche, je ne saurais trop vous recommander la lecture du discours de feu Philippe Seguin, Président de la Cour des comptes, qui a apparemment accompagné la remise de ce rapport.

Sur la question de l'information, Monsieur Seguin a quelques formules, bien senties vu le genre pratiqué, dans lequel la litote est la figure de rhétorique majeure. En abordant ce domaine, il ne ménage pourtant, quoiqu'en termes choisis, ni la chèvre de l’Etat ni le chou de France-Télévision . Quelques extraits :

« Les rédactions des chaînes publiques sont très jalouses de leur indépendance et ce n’est pas la Cour – dont l’indépendance contribue elle-aussi au bon fonctionnement de la démocratie – qui le leur reprochera. L’indépendance éditoriale ne doit pourtant pas empêcher les chaînes, financées sur fonds publics, de rendre des comptes aux citoyens.

Les journaux télévisés et magazines d’information de France 2, France 3 et RFO représentent un coût annuel de 560 M€. Avec près de 5 000 collaborateurs – dont 2500 journalistes – au sein des rédactions nationales et régionales des chaînes, l’information mobilise près de la moitié des effectifs du groupe France Télévisions ».

Non, il n’y a pas de coquilles ou de fautes ; j’ai fait un copier/coller ; ne vous frottez donc pas les yeux et/ou n'essuyez pas vos lunettes ; vous avez bien lu : 2500 journalistes plus 2500 techniciens pour ça !

Redonnons la parole à Philippe Seguin, car, comme vous le constatez, ça en vaut la peine :

« Est-ce trop ? Une opinion rapide pourrait l’affirmer [Monsieur Seguin était un humoriste et un pince sans rire, ce qui m'a conduit à me demander si on ne l'a pas tué pour le faire taire !]. Mais pour porter un jugement éclairé, les effectifs et budgets des rédactions ne signifient rien en eux-mêmes : il faut les rapporter aux objectifs qui leur sont assignés. Or, des objectifs, il n’y en a pas [cette phrase est en gras dans le texte original mais je ne sais pas si le gras est de Philippe Seguin qui n'en manquait pas (Hi ! Hi ! Hi !) ]. C’est là tout le paradoxe de la situation : alors que le développement de l’offre privée d’information sur les chaînes historiques, sur la TNT et sur Internet aurait dû conduire le service public à réfléchir ["Réfléchir" dites-vous ? Etiez-vous sérieux Monsieur le président?] à ses missions et aux moyens qu’il déploie pour les remplir, les documents stratégiques du groupe restent désespérément flous en la matière.

Je vous en donne un exemple avec la mutualisation des moyens de fabrication de l’information qui est au coeur des projets en cours. Les exemples passés ont montré que tant que l’on maintenait des journaux concomitants ou rapprochés, comme le 12-13 de France 3 suivi du 13 heures de France 2, la coordination entre rédactions n’engendrait des économies qu’à la marge. De même, un journaliste en région de France 3 ne peut préparer simultanément un reportage pour l’édition régionale et pour l’édition nationale du 19-20. »

Personne ne veut naturellement de cette « mutualisation ». Un technicien qui travaille à "Télématin" (chez Willi l’étrangleur de la 2 !) a fini sa journée à 9 heures du matin ! Et les centaines de journalistes et de techniciens du journal du soir de France3 se consacrent entièrement à cette noble tâche qui ne commence qu'à la nuit close. La seule chose que Ph. Seguin oublie ici est le rôle et la place, essentiels, des syndicats-maison !

Ecoutons à nouveau Ph. Seguin :

« Dès lors, seule une redéfinition de l’offre d’information permettra de faire travailler une même équipe de techniciens mais aussi de journalistes, en plateau mais aussi en reportage, pour plusieurs éditions, nationales ou régionales. [Quel farceur ce Philippe Seguin! Et il a de ces mots "Travailler" ! Fi donc].

Reste un sujet, qui n’est pas le moins délicat : la qualité de l’information [ Aie ! Aie ! Pas sur la tête Monsieur Seguin] . Je vous vois hausser les sourcils [Quel talent ce Seguin ! Je crois de plus en plus qu'on l'a tué]. Rassurez-vous : il ne revient pas à la Cour des comptes de juger ce qu’est un bon ou un mauvais journal télévisé. En revanche, elle se doit de souligner que ni France Télévisions, ni le législateur, ni le gouvernement, ni le CSA n’ont entrepris de définir des objectifs éditoriaux ou des critères de qualité de l’information.

Or, il s’agit d’une composante essentielle de la gestion. Je vais être très concret. Consacrer 10 ou 40 % du temps d’un journal à l’actualité internationale, avoir un correspondant sur place ou recourir aux agences d’images, produire des reportages originaux ou se contenter d’un débat en plateau avec des invités sont des choix éditoriaux, mais aussi des choix de gestion qui n’ont pas les mêmes conséquences financières. Ces éléments sont évidemment connus des directions de l’information, qui ne réalisent pas leurs journaux à l’aveugle. Mais ils ne sont pas jamais formalisés pour définir les ambitions de qualité éditoriale et adapter le coût des éditions en conséquence. »

Et Seguin de conclure !
« France Télévisions doit se faire à l’idée d’une exigence accrue de la part du Parlement et des instances supérieures de contrôle. »

Fichtre! A mort feu Seguin!
A demain.

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