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mardi 21 août 2012

La Syrie du savon

Ce matin, j'entends, pour la dixième fois, sur l'une des radios jumelles  (je zappe régulièrement dans le vain espoir d'échapper à l'enfer de la répétition infinie des bulletins d'information) que le président François Hollande, dans son soudain désir d'action, reçoit le nouveau négociateur chargé par l'ONU des affaires de Syrie. Il remplace dans ce vain emploi, M. Koffi Annan, ex-secrétaire général, senior retraité désormais sans emploi, qui avait trouvé quand même là une position et sans doute un contrat juteux. Que ce pauvre homme se rassure, on lui trouvera sûrement autre chose ailleurs, car les conflits ne manquent pas dans le monde et il finira bien par réussir quelque part.

En écoutant cette nouvelle, je jette un coup d'oeil sur mon ordinateur pour y prendre connaissance des courriels arrivés pendant la nuit. Je tombe lors sur  l'un de ces textes parasites, surgis on ne sait d'où, et que nos chers Québécois, qui causent français eux, appellent si joliment des "pourriels". Il s'agit là d'une publicité qui, en la circonstance, m'a paru tout à fait opportune concernant le savon d'Alep. Vu la conjoncture politico-militaire, elle prend, si l'on peut dire, tout son sel quoiqu'il s'agisse d'un produit dont on nous vante l'exquise douceur.

Le savon est, avec les "farcis" (comme on les nomme dans notre Midi) et les pâtisseries feuilletées, l'une des spécialités de la ville d'Alep, métropole du Nord-Ouest de la Syrie qui occupe aujourd'hui tous les médias par les combats qui s'y livrent.

Ces événements donnent donc un sel particulier à ce produit d'Alep dont, pour nous en vanter les charmes, on nous précise, avec gourmandise, qu'il offre "un parfum délicat agréable, si différent du savon d'Alep conventionnel" , sans doute quand la ville est calme.

On ajoute que " l'extrême douceur d'utilisation [fait que]  la peau ne tiraille pas" C'est plutôt dans tous les coins de cette grande ville et non dans la peau que ça tiraille dur actuellement. Si la peau des utilisatrices du savon en ressent les effets adoucissants, on risque fort, en revanche, de se faire faire la peau dans les rues d'Alep, avec ou sans savon!

Cette si opportune publicité recommande également l'utilisation de la loofa, « un gant de toilette en courge séchée », "l'accessoire indispensable de votre savon d'Alep". Comme les forces spéciales de Bachar, " elle nettoie en profondeur". Peut-être les événements actuels conduiront-ils à créer une nouvelle forme de loofa, en peau de sunnite cette fois, pour un traitement ferme, expéditif et définitif de la peau : " En Orient, il est impensable de se savonner sans la loofa".

Si graves que soient les circonstances, comment ne pas s'amuser un peu de la conjonction inattendue des événements et de la publicité ? Comme, il y a quelques années, quand la SNCF avait mis en place une énorme campagne publicitaire sur l'exactitude des horaires de ses trains au moment même où commençait l'une des plus grandes grèves qu'elle ait connue.

Je ne sais pas si les Wahabites (sans moustache je vous le rappelle) utilisent le savon d'Alep. Souhaitons-le et puissent la douceur et le parfum délicat de ce savon leur donner l'idée d'épargner la ville qui l'a vu naître.

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