J'entendais ce matin sur RMC, vers 8 heures 30, un entretien de M. Jean-Marie Delarue qui est notre « contrôleur général des lieux de privation de liberté » (jolie formule pour de tels lieux).
A un moment, le remplaçant de Jean-Jacques Bourdin, encore en vacances dans sa Cévenne natale, l'a interrogé sur les conditions de détention en prison, où il y aurait 67 000 détenus pour 45 000 places. M. Delarue, entamant l'énoncé des divers caractères qui affectent nos "lieux de privation de liberté", a dit quelque chose comme « un confort maximum » (je ne suis plus sûr du qualificatif qui importe peu en la circonstance).
J'avoue que, sur le moment, comme sans doute, la plupart des auditeurs, je me suis demandé si M. le contrôleur général avait dit « inconfort » ou « un confort ». J'ai opté pour la première hypothèse, mais il était rigoureusement impossible, à l'audition, de faire un tel choix qui, pour ce qui me concerne, fut plutôt orienté non par l'oreille mais par une forme de connaissance générale de la situation de notre milieu carcéral.
J'en ai déduit que M. Delarue était parisien (ce que Wikipédia m'a aussitôt confirmé), quoique ce trait phonétique dépasse désormais largement les limites de l'agglomération parisienne. Nombre de Français prononcent, en effet, exactement de la même façon « un croyant » et « incroyant ». Cela n'est pas trop gênant en général, mais peut causer des ambiguïtés en certains cas et il y en avait un ce matin sur RMC, même si la suite du propos a très clairement indiqué quel devait être le choix d'interprétation de cette ambiguïté phonétique.
À propos de phonétique, de justice et de politique, il faut bien que je justifie mon titre,
A propos de la justice, il fut évidemment question de Madame Taubira qui, dans un premier temps, s'était prononcée contre les centres d'enfermement fermés pour les jeunes, ayant apparemment oublié que le Président de la République, au cours de sa campagne, avait émis, au contraire, un avis favorable à leur renforcement. L'UMP en a fait évidemment des gorges chaudes et, me semble-t-il, Christiane Taubira est revenue sur sa déclaration.
Mon propos n'est toutefois pas là mais plutôt sur les imitations que Nicolas Canteloup (immense talent d'imitateurs par ailleurs), fait de ce ministre, sur Europe 1, le matin. Je ne sais pas s'il aura changé son fusil d'épaule à la rentrée, mais, avant les vacances et depuis la nomination de Mme Taubira comme garde des sceaux, il l'imitait en lui prêtant un accent antillais, ce qui me faisait toujours beaucoup rire, même si la chose peut paraître menue.
En effet, pour des raisons sur lesquelles je me suis toujours interrogé, les Guyanais n'ont pas d'accent et, en tout cas, ils n'ont en rien l'accent antillais. Que Nicolas Canteloup se le dise, ce qui lui facilitera pas les choses d'ailleurs car, autant il est facile d'imiter l'accent guadeloupéen ou martiniquais, autant il est difficile de contrefaire l'accent guyanais puisqu'en fait, il n'y en a pas!
Je prête peut-être trop d'attention à ce genre de détails, mais je m'amuse aussi toujours de voir, dans les films qui mettent en scène des Africains de l'Ouest, le choix d'acteurs antillais qui, évidemment, gardent leur accent local qui n'a absolument rien à voir avec celui des Africains de l'Ouest quand ils parlent français. Cet accent (écoutez donc un Sénégalais, un Burkinabé ou un Malien!) est extrêmement différent, puisque ces derniers ont une articulation très forte du "R". qui est, au contraire, à peu près absent aux Antilles.
Cela pose d'ailleurs un problème pour quelques théoriciens (substratomaniaques) de la créolisation qui veulent voir dans les créoles de l'Atlantique des langues africaines. On se demande en effet pourquoi ces accents sont si différents, alors que, dans l'océan Indien par exemple, on trouve, dans les créoles français de cette zone, des traces tout à fait évidentes de l'influence malgache qui est pour le coup incontestable.
Mais nous voilà bien loin de la justice et de la politique, même si nous sommes toujours dans la phonétique.
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