La chose a même gagné les heures nocturno-matinales où j'essaye un peu tous les moyens pour me rendormir, dont l'écoute des radios style RMC (la radio des bignoles) ou Europe 1 (pas bien mieux!) ; pour meubler les ondes vers cinq ou six heures du matin, où les potentats locaux comme Bourdin ou Toussaint, ne sont pas encore au turf, on emploie des jeunes gens et des jeunes filles qui, jusqu'à présent, étaient priés d'occuper l'antenne, sans trop faire de bruit ni surtout d'ombre à leurs successeurs. Désormais ces heures matinales donnent lieu à des séances de rigolade (nous n'avons hélas que le son car les images seraient peut-être plus intéressantes) où chacun y va de sa « vanne » et où l'on pense qu'être ainsi de bonne humeur, fût-ce sur commande, égaye les malheureux qui sont tirés, sinon de leur lit, du moins de leur sommeil, à des heures si matinales.
Toutefois, cela n'est rien à côté des émissions télévisées dites de divertissement (laborieux!) où le rire est absolument obligatoire, même si les facteurs susceptibles de déclencher le simple sourire me paraissent totalement absents. Je ne connais rien de plus consternant sur cette terre (mon Dragon, dont la clientèle doit être majoritairement médicale, avait écrit, non pas "consternant" mais "qu'un sternum" que j'ai été tenté de vous laisser !) que le spectacle d'un malheureux, qui se risque à un bon mot ou à une plaisanterie qu'il croit irrésistibles et qui, les voyant tomber à plat, est forcé d'en rire lui-même à gorge déployée. C'est la loi du genre, surtout dans les émissions ineptes du style de celles à laquelle en est réduite, désormais sur Canal+, cette pauvre Ariane Massenet pour qui le firmament télévisuel (si l'on en juge par sa rémunération !) est des plus consternants.
Mais le pire de tout consiste dans les enregistrements de comiques où le public rit à gorge déployée ou est, comme on dit aujourd'hui, MDR ou LOL, devant des prestations qui sont, au mieux, propres à arracher un vague sourire de commisération à tout spectateur normalement constitué.
De deux choses l'une pour expliquer tout cela. Ou bien, hypothèse la plus probable, un ingénieur du son, vigilant et habile, intercale des enregistrements de rires interminables à des endroits qu'il juge opportuns dans un enregistrement préalable du comique en cause. Ou bien, plus improbable, l'enregistrement est réellement fait en live, comme on dit, mais dans ce cas, on se demande quel traitement il a fallu prélablement infliger aux spectateurs recrutés à cette fin, pour les mettre dans des états pareils d'hilarité.
Vous objecterez, j'en suis sûr, avec la pertinence que je vous connais, que le problème est le même dans les deux cas, car il faut, d'une façon comme une autre, enregistrer des rires déclenchés à volonté et à gogo. C'est précisément là que je veux en venir, car je ne peux pas croire que ces processus soient naturels et je pense très sérieusement que les pauvres spectateurs sont drogués, soit à leur insu, soit avec leur complicité au prix d'une juste rémunération, la première solution étant la plus vraisemblable.
Je pense qu'il faudrait, en la matière, à la fois assurer une surveillance médicale rigoureuse car l'usage des gaz hilarants n'est pas sans danger mais surtout contrôler plus sérieusement qu'on ne le fait la vente et la traçabilité du protoxyde d'azote qui est en la matière le principal outil susceptible de provoquer pareilles hilarités sans raison aucune.
Qu'est-ce que le protoxyde d'azote me direz-vous, déjà brûlants d'impatience ? Voici la réponse.
Le protoxyde d'azote a des propriétés psychodysleptiques qui peuvent être mises en oeuvre à titre récréatif ; il est alors inhalé au moyen de ballons afin d'éviter des gelures voire des embolies pulmonaires ou cérébrales lors de la détente du gaz (provenant d'une bombe de gaz dépoussiérant ou d'un siphon alimentaire). Un tel détournement du protoxyde d'azote est avéré dans nombre de pays en dépit des risques qu'il présente, même si, dans un premier temps et à court terme, il provoque euphorie et fous rires!
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