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vendredi 24 août 2012

Les comptes fantastiques de France-Télévision(s)

Certains se demandent, à juste titre, à quoi sert la Cour des comptes.
La réponse est simple : à rien, sinon à fournir, pour une journée, matière à commentaire à la presse quand l’actualité ne compte pas de sujets plus importants, ce qui est la plupart du temps le cas.
Les avis de la Cour des comptes ne sont pas contraignants en effet ; cela revient à peine à cette punition qui existait autrefois dans nos écoles et qui consistait, pas trop fort et de façon symbolique, à tirer les oreilles. Tout cela est bien oublié aujourd’hui et l’instituteur qui s’y risquerait aujourd’hui finirait assurément en cour d’assises. Seule la Cour des comptes a encore, de nos jours, le droit de tirer moralement les symboliques oreilles des institutions dont elle a examiné le fonctionnement et le bilan.
La presse, comme toujours, n’a fait qu’une place réduite et, en outre, très anecdotique faute de détails croustillants ou « pipole » ! N’y ayant pas trouvé de preuves tangibles d’un excessive consommation de caviar et de champagne ni d’ achats massifs de films pornographiques (spécialité typiquement britannique), nos médias n’ont guère accordé de place à ce rapport que sa longueur même rendait en outre malaisément utilisable, sans un important effort de lecture dont ils ne sont guère coutumiers.
Un des seuls points relevés est celui des contrats de certaines vedettes de notre télévision publique. Cela m’a rappelé le bruit qui avait couru quand avaient été signés, en 1996 je crois, les premiers contrats pharaoniques avec des « producteurs » (il y avait parmi eux, j’en suis sûr, Jean-Luc Delarue et peut-être, mais j’en suis moins certain, Thierry Ardisson). Ces contrats étaient si pharamineux, en proportion de ce qui était livré en retour par leurs bénéficiaires, que le Canard enchaîné prétendit que celui qui les avait signés, Jean-Pierre Elkabbach, qui s’était auparavant rendu célèbre par son « Osons ! », confondait les anciens et les nouveaux francs et qu’il avait cru signer en anciens francs des contrats qui étaient évidemment établis en en nouveaux!
La Cour des comptes relève à propos des journalistes vedettes-sic (comme disait autrefois ce même Canard enchaîné) que leurs contrats ont été soumis au contrôle financier après avoir été signés, ce qui est une pratique fort originale mais de peu d’effet. Il semble aussi que certaines « doublures » dont l’activité est plus que sporadiques (week-ends et vacances, de plus en plus fréquentes et prolongées il est vrai) sont payés à ne pas faire grand chose au même tarif que les autres, pour quelques-uns du moins.
L’un des meilleurs journalistes, sinon le meilleur, par sa relative pugnacité et sa parole relativement libre est Yves Calvi qui semble s’être taillé, sur mesures, un discret empire que les précédentes remarques de la Cour des comptes faites à son sujet n’ont en rien entamé ni même ébranlé. La Cour des comptes regrette, en effet, « l'attribution à un même journaliste de la présentation de plusieurs émissions au sein des chaînes du groupe, chacune étant spécifiquement rémunérée à la hauteur d'un contrat à temps plein ».
Sauf à le nommer (mais on se demande pourquoi on ne le fait pas), on ne saurait être plus clair ! Yves Calvi est, en effet, journaliste permanent de France 2 pour Mots croisés, et animateur de C'est dans l'air sur France 5 ! Pas sot non ? Les remarques faites  à ce sujet par le contrôle financier n’ont pas été suivies d’effets sensibles. De toute façon, l’argument imparable est que si Yves Calvi est bien journaliste à France2, « C’est dans l’air » est produit par Maximal Production du Groupe Lagardère (Tiens !Tiens !) et que c’est par un pur hasard que l’animateur de cette émission se trouve être un certain Calvi Yves !
 Rassurez-vous une seule page sur les 222 de ce copieux rapport est consacrée à ces questions d’intendance sans doute jugées futiles (j'y reviendrai). Ces questions de cumul d’emplois et de transferts d’un média à un autre se traitent désormais, chaque année, avant la rentrée et font l’objet l’objet d’un mercato "people" dont se régale la presse spécialisée même s'il ne prend pas encore les allures de celui des footballeurs. Cela ne tient d’ailleurs qu’à la médiocrité des éléments transféré, puisqu’il ne s’agit pas là de Ronaldo ou de Zlatan mais seulement de Cauet, Courbet ou Morandini et troquer l’un pour l’autre revient à changer un cheval borgne pour un aveugle !
La suite demain.

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