On est de plus
en plus conduit à s'interroger sur les partis, surtout devant les spectacles
lamentables qu'ils nous donnent. S'ajoutent à cela les multiples
"affaires" où sont mouillés des politiques et des élus qui, ou restent
en place ou reviennent, en outre amnistiés, ce qui interdit de faire allusion à
leurs casseroles quand ils remontent en scène.
Il y a quelques
années l'élection de la Première Secrétaire du Parti socialiste avait déjà
donné lieu à de singulières manœuvres sur lesquelles, la perdante finale,
Ségolène Royal, avait, semble-t-il, bien voulu passer l'éponge, sans doute
contre des promesses jamais tenues. L'élection (si l'on peut risquer ce mot
pour un corps électoral si discret et si réduit) du nouveau Premier Secrétaire
du PS n'a pas arrangé les choses, même si, assurément, elle s'est faite à peu
de frais. Le comble a été atteint évidemment par l'élection du président de
l'UMP (dont les rebondissements laissent très loin derrière eux ceux de tous
nos feuilletons télévisés), dont on a appris, en outre, qu'elle a mis à sec les
finances de ce parti.
Beaucoup de gens,
comme moi-même, croyaient que cette élection avait été financée par l'UMP sur
ses propres ressources provenant, pour l'essentiel, des cotisations de ses
310 000 adhérents, dont, semble-t-il, bon nombre sont fantômes, du moins, si
l'on en juge par l'importance réelle du corps électoral effectif (autour de
170 000); le mot "réel" est même quelque peu discutable, puisque
on aurait compté dans cette affaire (semble-t-il, car les chiffres restent très
incertains voire mystérieux) environ 35 000 procurations, souvent
douteuses !
Le problème qui,
si je puis dire, a levé le lièvre est que, dans cette même semaine, devaient se
faire, à l'Assemblée nationale comme au Sénat, les déclarations d'appartenance aux
"groupes" qu'y forment les partis ; cela a mis à jour le curieux
système, dont j'avoue moi-même avoir été très mal informé, du financement des
partis par l'État via ces groupes. Des esprits simples comme moi pensent, en
effet, que l'existence des parties est parfaitement légitime, mais qu'ils
doivent évidemment assurer leur fonctionnement et leur vie grâce aux
cotisations de leurs adhérents.
Il n'en est
évidemment rien, mais en cette circonstance, les menaces de François Fillon de
faire sécession ont amené à mettre sur la table et au grand jour les sommes que
l'État français verse aux partis via les groupes.
Cette disposition
explique aussi pourquoi, depuis des décennies, on n'a pas cessé de réduire le
nombre d'élus nécessaires pour constituer un groupe, cette disposition étant,
Dieu sait pourquoi, indispensable au versement du jackpot de l'État. Je n'ai ni
le goût ni le loisir de regarder les choses de plus près, mais il me semble me
souvenir qu'autrefois un groupe commençait à 30 membres et que nous sommes peu
à peu descendus à 15 ce qui est le chiffre actuel. À quand le groupuscule qui
évitera les contorsions qu'on a pu voir, aux récentes législatives, faites par des
partis à très faible représentation comme les verts, les communistes ou les
mélanchoniens? Mais laissons cela car ce n'est pas la question.
Avant d'aborder le
financement des partis à travers les groupes dans les assemblées, une simple et
très brève considération sur les dimensions mêmes de notre représentation
nationale.
Avec une
soixantaine de millions d'habitants (64 je crois si on veut être tout à fait
précis), la France possède, en gros, 1000 représentants répartis en deux
assemblées, l'Assemblée nationale ( 577 représentants) et le Sénat (qui ne sert
rigoureusement à rien, puisque les décisions de l'Assemblée nationale s'imposent
en seconde lecture aux refus du Sénat) qui en a environ 350. Disons donc, à la
louche, que nous avons 1000 députés et sénateurs.
Une petite
comparaison avec les États-Unis, dont la population est au moins quatre fois
plus importante que la nôtre (250 millions environ), montre que la représentation
y est deux fois moindre puisqu'on n'y compte 100 sénateurs et 435 représentants.
Donc en gros
1000 contre 500. Les citoyens français, HUIT fois plus représentés (2 x 4) que
les citoyens américains, le sont-ils mieux ? Certainement pas ! On sait que
depuis longtemps les rôles de l'Assemblée nationale et du Sénat n'ont pas cessé
de décliner et que ces institutions ne servent à peu près plus à rien,
puisqu'on a inventé divers moyens (dont les ordonnances et le fameux article
49.3) pour se passer de leur consentement ou le contraindre. Il en est tout
autrement aux États-Unis et la situation de ce pauvre Monsieur Obama va assez le
montrer ; il lui faut souvent passer sous les fourches caudines de majorités
républicaines comme il devra le faire, une fois de plus, à la fin de cette
année pour le prochain budget.
Je
n'entreprendrai pas ici de faire le compte de ce que nous coûtent ces deux
assemblées pléthoriques, avec, en outre, les dépenses somptuaires des locaux
qui sont les leurs (du Palais Bourbon au Palais du Luxembourg, en passant par
l'Hôtel de Lassays), sans parler des rémunérations faramineuses de tous les
grouillots et galonnés qui sont employés par l'une et l'autre de ces assemblées.
Ce qui est
absolument scandaleux est la révélation faite à propos de l'affaire Fillon - Copé
que, pour chaque membre d'un groupe représentant un parti, ce parti reçoit chaque année de l'État 42 000 €. Si vous
reprenez la base de 1000 représentants cela fait donc 42 millions d'euros par
an, dont la destination me demeure totalement mystérieuse. Les partis, comme
les syndicats, ne devraient-il pas vivre, les uns comme les autres, des cotisations
et des dons de leurs adhérents ?
Si l'on veut
faire, très vite et sans douleur, une économie, voilà déjà 42 millions d'euros
qui, chaque année, pourront être facilement mieux et plus utilement employés.
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