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samedi 11 juin 2011

DSK. Justice des USA 2

J’ai reproduit hier l’intéressant article de John R. Macarthur sur la justice américaine, paru le 6 juin 2011 dans le Devoir de Montréal sous le titre "Des Français désenchantés", en renvoyant à aujourd’hui, faute d’espace, mes remarques sur le sujet.

J.R. Macarthur note que « le principe selon lequel un accusé est [présumé] innocent jusqu’à ce qu’il soit reconnu coupable « au-delà du doute raisonnable » fait partie du tissu social, voire de l’amour propre, d’une Amérique pieuse lorsqu’elle vante la supériorité de son système judiciaire et de sa Constitution » ; il observe aussitôt combien cette présomption d’innocence est difficile à maintenir, surtout dans un cas comme celui de DSK qu’on présente comme « le Perv » français et dont on ne cesse de rappeler l’inclination quasi pathologique pour les femmes, qu’on illustre de plus en plus, de jour en jour, par des exemples voire des témoignages, comme celui de la blonde Kristin Davis, la « Madam » de Manhattan.

Quelles que soient les précautions prises pour favoriser la présomption d’innocence, déambuler entre deux policiers (avec ou sans menottes) ne plaide nulle part en faveur de l’innocence de l’intéressé. On se souvient du fâcheux lapsus de Nicolas Sarkozy sur le « présumé coupable » qu’on lui a tant reproché, mais, à tout prendre, ce serait peut-être une formule préférable a l’autre car, si elle marque la possibilité de l’innocence de l’intéressé puisque sa culpabilité n’est que « présumée», elle plaide aussi, par ailleurs, en faveur du sérieux de la justice qui ne devrait pas être mise en oeuvre sans de bonnes raisons, ce dont quelques récentes mascarades judiciaires conduisent à douter.

Dans un premier temps, les Français, volontiers frondeurs, ont été, secrètement ou ouvertement, assez satisfaits de voir un puissant, le riche directeur général du FMI, dans lequel beaucoup voyaient déjà le futur président de la République française, menotté entre deux policiers comme un vulgaire voleur de poules. C’est notre côté Figaro, lui qui, dans le Mariage, lance au Comte Almaviva sa définition de la justice devenue célèbre « Indulgente aux grands, dure aux petits ! ».

C’est sur ce point que je me sépare de J.R. Macarthur quand il observe : « Les pires clichés sur la culture française sont répandus au nom du droit prétendument égalitaire de la République américaine. D’après ce stéréotype, la France est un pays ultra-tolérant, débordant de libertins jouissant des moeurs corrompues, dissolues et relâchées. L’élite française se croit au-dessus des lois faites pour les petites gens, et les beaux mots de Liberté, Égalité, Fraternité ne sont que des prétentions ».

Je ne suis pas assez bon connaisseur de l’histoire des Etats-Unis pour savoir si l’on y trouve, comme dans la nôtre, dans le dernier siècle et demi, les mêmes figures officielles un peu douteuses. Sous la Troisième République, un président de la République, Jules Grévy, dont le gendre avait ouvert à l’Elysée un petit commerce de légions d’honneur ; Félix Faure, un autre président de la même république, qui, douze ans plus tard, ne survécut pas à l’une des visites de sa maîtresse dans son bureau présidentiel ; à la fin des années 50, le Président du Sénat (socialiste déjà !), deuxième personnage de l’Etat, organisateur de soirées pédophiles, les fameux « ballets roses », dans un pavillon officiel de la République (quoiqu’ayant tout nié avec la dernière énergie, il sera pour finir condamné à un an de prison - avec sursis fort heureusement !) ; dans un genre différent, un autre président, socialiste également, entretiendra et fera garder aux frais de l’Etat, deux mandats durant, l’une de ses maîtresses et leur fille, sans que nul n’y trouve à redire ni même n’en parle !

Quant à la France, « patrie des droits de l’homme », si l’on convoque tant soit peu l’histoire, force est d’admettre que les idées des Lumières et, par là, celles de notre Révolution sont plutôt nées en Angleterre où d’ailleurs nombre de nos « philosophes » ont, à un moment ou un autre, trouvé refuge et inspiration. Ce n’est donc pas par hasard, si les démocraties actuelles de Grande-Bretagne (en dépit de l’état monarchique) et des Etats-Unis sont, à bien des égards, plus authentiques que la nôtre.

L’image flatteuse que les Français, bien conscients au départ que tout se serait passé autrement si DSK avait logé dans un palace parisien et non new-yorkais, n’a toutefois pas tardé à changer et à se dégrader au fil des jours. L'arrivée d’Anne Sinclair en jet privé, la caution faramineuse payée sans sourciller pour éviter la prison à son mari, la location d’un gîte à 50 000 $ par mois, tout cela a ouvert les yeux du public français, moins sur la justice américaine que sur la fortune des époux DSK et, par là, du candidat socialiste, favori du bon peuple pour la prochaine présidentielle.

On avait cru constater que la justice des États-Unis, à la différence de celle de Figaro traitait de la même façon les grands et les petits. On a vite compris qu’il n’en était rien. Divers signes l‘ont montré, sans parler de ceux que nous n'avons pas pu voir. Je ne doute pas, en effet, que dans son indulgence et sa longanimité, Anne Sinclair n’ait fait un saut chez Tiffany pour offrir à son Dominique un bracelet électronique serti de diamants. Les paparazzi ont certes réussi une image de sa cheville, quand il montait en voiture, mais hélas le fil d'Écosse de la chaussette n'a pas permis un constat plus précis sur ce point.

À la différence de John R. Macarthur, je ne crois pas vraiment que « les droits de l'État accusateur privent les droits de l'accusé » par le biais des « fuites dans la presse ».L’injustice est moins, quand l’accusé dispose de millions de dollars, dans la possibilité de recruter des avocats talentueux que dans la capacité de payer des détectives et éventuellement surtout , dans la suite, d’acheter des témoins, voire des membres du futur jury (puisque l’unanimité des jurés est requise). On le savait certes tout cela depuis longtemps, au simple souvenir des affaires O.J. Simpson et Michael Jackson !

Que Cyrus Vance Jr. essaye d'utiliser cette affaire, surtout après son récent échec, pour exercer son ambition n'est pas chose nouvelle aux États-Unis, mais il est clair que les immenses moyens du couple Strauss-Kahn leur donneront les moyens de rivaliser, sans trop de problèmes, avec le procureur de New York.

« Indulgente aux grands, dure aux petits », la justice l’est aux Etats-Unis comme dans tous les Etats du monde. En France, chacun sait qu'il vaut mieux être défendu, à défaut d'une vedette du barreau, par un avocat sérieux qui étudiera sérieusement votre dossier pour vous défendre, que par un avocat commis d'office et qu’il vaut mieux avoir à faire à un adversaire obscur qu’à un adversaire proche du pouvoir. Il en est de même aux États-Unis, mais la grande différence entre les deux systèmes tient aux possibilités de négociations sur la reconnaissance ou le refus de la culpabilité ; elles amènent à ce que la plus grande partie des affaires (entre 90 et 95 % semble-t-il) n'arrivent pas jusqu'au procès, mais s'achèvent dans une négociation qui peut conduire à la réduction des peines voire à leur absence totale.

De ce fait, je pense que la conclusion de John R. Macarthur est un peu discutable (l’avenir jugera !) quand il écrit : « A mon avis, Vance s'est trop investi dans la poursuite de DSK pour négocier quoi que ce soit ; il lui faut une condamnation et une punition. Bientôt la cour criminelle de Manhattan ressemblera à une arène romaine où le sang va couler. Pourvu que les Français profitent de ce combat pour abandonner leur rêve américain ».

Je ne suis pas aussi sûr que lui que les choses se passent ainsi, car si le procureur est sans doute peu disposé à mettre les pouces et à voir cette affaire, sur le retentissement de laquelle il compte pour lancer sa carrière future, s'achever dans une négociation, on peut tout à fait imaginer que quelques millions de dollars soient en mesure de convaincre Mme Diallo que tout ce qu’elle a raconté ne s'est passé que dans son imagination et que, en réalité, c'est elle qui, voyant sortir de DSK de sa salle de bains dans le plus simple appareil, n'a pas pu résister à l’appel de la chair et l'irrésistible attraction de la bedaine de Dominique.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le New York Post affirme qu’une équipe est bien chargée de veiller à la propreté du 153 Franklin Street mais qu’elle est uniquement composée d’hommes. Simple mesure de précaution pour ne pas prêter le flan aux rumeurs alors que DSK est suspecté d’avoir agressé une femme de chambre du Sofitel de Times Square.