Lorsque j'étais petit (il y a bien longtemps!) les histoires marseillaises mettaient toujours aux prises deux personnages locaux emblématiques, Marius et Olive ! Ils paraissent avoir aujourd'hui disparu et peut-être, dans le futur folklore marseillais, seront-ils remplacés par Claude (Guéant) et Martine (la Mère Delille).
En tout cas, la visite du ministre a été (heureusement ou ironiquement ?) clôturée, en fin d'après-midi, par une fusillade près de la cité de la Solidarité (authentique!) à Marseille, la cible est entre la vie et la mort. Il fallait bien que les malfrats du coin fissent une petite fantasia finale en l'honneur du ministre de l'intérieur et de son Lagardère de préfet de police, en visite à Marseille ce même jour, et qui étaient censés les terroriser.
L'émission de Calvi, "C plus clair", était, en ce mardi 30 août 2011, consacrée à Marseille ; son titre politico-policier, particulièrement opportun dans une ville où ces deux domaines sont si remarquablement proches, était du genre : « Politique : on défouraille à Marseille ». (Toujours pour les nobles étrangers lecteurs de ce blog qui apporte, par là, une contribution modeste à la francophonie mondiale, "défourailler", dans l'argot de Calvi qui date un peu, signifie "dégainer une arme de poing").
Je voudrais alimenter ce blog par trois éléments qui ont un rapport avec la visite du ministre dans la capitale phocéenne, mais qui sont de nature relativement différente.
Les deux premiers sont des épisodes vécus par des personnes que je connais et je garantis donc, de ce fait, l'authenticité des faits.
Il y a un an environ, les parents d'une de mes amies, qui devaient faire des examens médicaux à Marseille, s'y sont rendus en voiture ; ayant été contraints de s'arrêter à un feu rouge, ils ont eu la surprise désagréable de voir un jeune garçon (en marseillais un « minot ») crever un pneu de leur voiture. Alors qu'ils descendaient de leur véhicule, dans une totale stupéfaction et pour voir l'étendue des dégâts, un deuxième larron en a profité pour dérober le sac de la passagère qu'elle avait évidemment laissé dans le véhicule. Il y a là une variante marseillaise, au fond plus désagréable encore, de la technique niçoise bien connue du "vol à la portière". Les deux victimes se sont alors rendues au commissariat de police le plus proche pour porter plante et faire la déclaration des faits, en particulier, pour ce qui concernait le vol du sac à main dans lequel évidemment se trouvaient tous les papiers de la personne en cause. A leur grand étonnement, ils s'y sont entendus reprocher leur insouciance d'avoir laissé ce sac à main dans le véhicule dont ils étaient descendus pour constater l'attentat dont ils avaient été l'objet! Bref, de victimes, ils se sont, en quelque sorte, retrouvés accusés ou, en tout cas, taxés de négligence. Je ne sais pas si, comme souvent en pareils cas, on leur a suggéré de signaler la chose comme perte plutôt que comme vol, ce qui "au fond revient au même"... sauf, bien entendu, pour les statistiques de la police.
Autre épisode du même genre, beaucoup plus récent ; la femme d'un de mes amis qui étaient descendue faire des courses à Marseille a été agressée en pleine rue et s'est vu arracher le collier en or qu'elle portait. Même scénario du côté policier ; allant déclarer le vol de son collier, la victime s'est entendu reprocher son imprudence et le fait de se promener dans la rue avec un collier en or! Si l'on prolonge un peu ce raisonnement, il faudrait arpenter les rues de Marseille en maillot de bain et sans avoir quoi que ce soit d'autre sur soi, ce qui pour les dames, en particulier, risquerait de les exposer aussitôt à des agressions d'un genre différent.
Le troisième élément que je voudrais apporter à ce blog vient d'un témoignage que j'ai entendu, dans l'émission « Les grandes gueules » sur RMC, émission que j'écoute souvent, d'une oreille un peu distraite, en vaquant à d'autres occupations souvent plus sérieuses, entre 10 et 13 heures. On y a, en effet, passé à l'antenne l'appel téléphonique d'un auditeur résidant à Marseille qui s'est présenté sous le nom de Fredo et qui a déclaré, d'emblée et tout simplement, qu'il était dealer. La communication a été assez longue et je l'ai jugé personnellement fort intéressante, alors, que très souvent, ces appels d'auditeurs sont un tissu de niaiseries et/ou de banalités.
Le Fredo en cause a expliqué qu'il avait eu un métier ("dans la sécurité" à l'entendre, ce qui est tout un programme!) mais qu'il l'avait perdu (apparemment suite à une condamnation) ; réduit au chômage et chargé de famille, il avait dû se consacrer au commerce des stupéfiants. Il y occupait, semble-t-il, une position assez intéressante, car ses propos ont montré qu'il avait des fournisseurs pour la marchandise et, d'autre part, un réseau de revendeurs qui lui permettait de l'écouler sans avoir réellement lui-même à mettre la main à la pâte dans la rue. À une question sur ses revenus, il répondit, sans ambages, qu'il gagnait 1500 €... non pas par mois comme pouvait le supposer de naïves "grandes gueules", mais PAR JOUR !
Il a d'ailleurs ajouté que cette situation ne le réjouissait pas sur le plan moral et que des scrupules et des remords l'empêchaient souvent de dormir! Je ne l'ai pas totalement cru sur ce point, au moins pour la cause de ses insomnies. En effet, les événements récents et fréquents à Marseille (les Bouches-du-Rhône sont le théâtre du tiers des règlements de comptes français) me donnent à penser que ce sont peut-être moins les scrupules moraux qui le tourmentent que la crainte de voir l'un de ses concurrents l'éliminer du marché d'une façon quelque peu brutale.
Bref c'est là Marseille ! Dans l'émission de Calvi sur cette ville, il y a eu une confirmation de tous ces éléments, même si un seul des quatre intervenants, José d'Orrio, a été à la fois courageux, percutant, sincère et informé, les trois autres étant aussi prudents et insipides qu'à leur habitude. A la place de José d'Orrio qui n'a pas hésité, à propos de la politique comme de la police marseillaises, à parler de clientélisme, d'incompétence et de corruption (et les affaires actuelles le confirment), je me méfierais en traversant les rues de ma ville, un chauffard ou une balle perdue sont si vite arrivés!
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