Spectacle à la fois comique et édifiant chez Calvi ('"C'est plus clair") sur les sondages. MDR !
Quatre témoins comme toujours ; deux journalistes pour compter les points. Et deux "sondeurs" pour exposer, défendre leur point de vue et expliquer les mystères. L'occasion est donnée par les différences d'écarts sensibles observées entre les deux principaux candidats aux présidentielles, Nicolas Sarkozy et François Hollande. Cet écart varie entre 1,5 et 4,5 selon les boutiques. C'est tout de même beaucoup car, sur le zinc, au bistrot du coin, on en fait à peu près autant, voire mieux. Je ne cite naturellement pas les noms des deux protagonistes pour éviter les procès en diffamation mais, comme on pouvait s'y attendre, le match n'a pas eu lieu, ce qui est bien normal puisque leur marge d'erreur est de 2, de leur propre aveu. Or comme vous pouvez le constater, 2 + 2 = 4. CQFD! Cette arithmétique est des plus douteuses mais pas besoin de savoir compter pour sonder!
Décidément la télévision n'est guère propice aux débats, sauf quand ils sont inattendus et même involontaires et qu'un conseiller élyséen trépigne et pète les plombs en public. Rien de tel ici, nos deux loustics sondeurs s'entendent, et c'est normal comme larrons en foire. Ils trahissent même leur connivence par l'usage systématique de leurs prénoms et s'emploient à nous noyer sous des flots d'explications marécageuses pour expliquer les écarts entre leurs évaluations qui, de toute façon, comme chacun le sait, sont toujours toutes fausses. Je ne rappellerai pas ici l'élection présidentielle de 2002 et les malheurs de ce pauvre Jospin assez sot pour les croire et évincé du deuxième tour par Jean-Marie Le Pen que les sondeurs avaient sottement minoré.
À propos des sondages se dégagent toutefois quelque vérités d'évidence qui, bien entendu, ne sont pas apparues au cours de cette émission.
Tout d'abord le sondage est l'une des rares industries prospères de la France, à usage purement interne hélas. Nous fabriquons de moins en moins d'acier et d'automobiles et même plus du tout de produits manufacturés, mais nous ne manquons pas fort heureusement d'instituts de sondage et nous sondons à tour de bras. Les instituts poussent même de tous côtés, grassement entretenus qu'ils sont par les gouvernements successifs. Pour la seule élection présidentielle 2012, les sondeurs comptent en faire 500, sans compter bien entendu les sondages "privés" ou "secrets", dont les résultats ne sont pas publiés et qui sont probablement aussi nombreux sinon davantage. À cela s'ajoutent tous les autres, de toutes natures, soit commerciaux soit politiques (mais plus discrètement) . Bien entendu, le financement des instituts de sondage, par toutes sortes de biais, est une façon discrète de s'attirer des sympathies et, le cas échéant, de les inciter, en toute rigueur scientifique, à des manipulations des données en vue de résultats plus favorables aux souhaits de leurs commanditaires. Pas besoin de vous faire un dessin !
La manipulation des données est d'ailleurs tout à fait avouée par les instituts de sondage et le sondeur a le droit et même le devoir de « corriger » les données "brutes". Je vous épargne les explications "savantes" de la nécessité de ces manipulations ; comme elles n'obéissent en fait à aucune règle, on peut évidemment faire ce qu'on veut, selon la couleur politique de l'institut ou selon les voeux sont du commanditaire. Le client est roi!
On vous explique ainsi qu'il faut bien corriger les données puisque les Français sont sournois; comme autrefois les électeurs communistes se cachaient sous l'étiquette socialiste ou comme plus récemment les électeurs du Front National feignaient de se rattacher à une droite plus classique, désormais les sarkozystes honteux se dissimulent aux yeux des sondeurs en arborant un faux nez villepinesque ou modèmien. Il faut débusquer l'imposture Les sondeurs ne recueillent pas que les intentions de vote ; ils sondent aussi les reins et les coeurs !
Comment croire à de pareilles fariboles, quel que soit le sérieux imperturbable des dits sondeurs et la technicité de leurs indications?
Comme disait autrefois le Jugnot du Bébète Show de Stéphane Collaro : "Et dire qu'on les paye pour faire ça !". Il me paraît toutefois encore plus opportun de conclure avec l'éternelle formule de Coluche à ce même propos : "Quels que soient les sondages, c'est toujours nous qui finirons par l'avoir dans le cul !".
1 commentaire:
Sans oublier les 34% qui ne savent pas encore pour qui voter ...
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