Dans l'indifférence générale
des "politiques", je pose, depuis quinze ans au moins, les problème
de l'Islam africain , pour avoir constaté l’évolution des choses en Afrique
même, mais aussi aux Comores, où les Emirats ont essayé, depuis longtemps et
des décennies durant, de prendre pied, en particulier en offrant d’y créer, à
leurs frais, une université islamique. Ce projet a été contré, mais pour
combien de temps, par la création en 2003-2004 d’une université comorienne
mixte dont le premier président fut mon ami Damir Ben Ali ; elle accueillait à
ses débuts un gros millier d' étudiants dont 43% de filles ; en 2011-2012, 6500
étudiants y sont inscrits.
L’islamisation radicale ou
plus précisément la wahabisation du Sahel est un processus engagé,
sournoisement ici, ouvertement là, depuis longtemps en tout cas ; depuis ces époques, les
événements de Tunisie et de Lybie, si imprudemment qualifiés de "printemps
arabes", ont conduit, entre autres, à la situation du Nord-Mali, en
attendant la suite, au Nigéria ou en Côte d'Ivoire sans parler du Soudan.
L'évolution a commencé depuis
longtemps ; cela allait du paiement des conversions à l’Islam (stratégie inattendue
chère, de façon plus inattendue encore, à Khadafi, qui, à une époque, offrait
des tarifs spéciaux pour les chefs d’Etat (un million de $!), comme Bongo qui en a bénéficié, ou
les Premiers ministres (500.000$) ; à la même époque, le Colonel avait lancé, selon les mêmes
pricipes, une offensive sur l'Ile Maurice d'où les Lybiens ont fini par se
faire expulser) jusqu'au versement de sommes très modestes à des femmes
africaines (au Burkina Faso par exemple), qui consentent, pour trois sous, à se
voiler complètement, en passant par le développement d’un enseignement islamique
intégriste (avec, à la clé, des bourses pour les universités du Golfe). Tout
cela est évidemment financé à coup de pétro-dollars!
Ce nouvel enseignement islamique,
surtout au niveau de l'enseignement coranique de base, est naturellement un
concurrent redoutable pour l’école musulmane traditionnelle de l’Afrique, vu
les moyens, quasi-infinis, dont il dispose (argent et bourses).
S’ajoutent à ces stratégies,
comme au Tchad et au Niger, des projets d’enseignement prétendument bilingue
(français et arabe), dans lesquels, en réalité, la moitié arabe du programme
est exclusivemnt religieuse, l’enseignement général étant donné en français. De
tels projets sont soutenus, à coups de milliards de dollars, par la Banque
Islamique de Développement, ce qui est normal, mais aussi acceptés, de façon
plus inattendue et inconsciente, par l’UNESCO et même la Francophonie.
Ces constats m’ont conduit,
non seulement à tenter (en vain) d’alerter sur cette situation (quoiqu’elle ne
me concerne en rien de façon directe) et m'ont amené aussi, en raison, d’une
certaine expérience de ces terrains, à proposer des mesures qui pourraient être
mises en oeuvre pour contrer de telles stratégies.
Cela m’a amené à des
remarques et, au delà, à des suggestions qui ont souvent paru étranges aux
hiérarques du Quai d’Orsay ou des institutions internationales, quand ils ont
eu la rarissime curiosité de prendre connaissance de mes écrits sur ce point.
En effet, tout cela se passe
à l’insu bien sûr, ou en tout cas, dans le silence prudent des responsables de
la politique française dans ces zones. Ces derniers, en effet, sont comme les
petits singes de la sagesse orientale, qui se cachent les yeux, les oreilles et
la bouche pour ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire... du moins
pendant les trois ou quatre années, confortables et fort rémunératrices, qu’ils
passent en fonction diplomatique dans ces Etats. Bien sûr, finissent par
survenir, comme depuis quelques mois au Nord-Mali et, comme cela ne manquera
pas de se produire, en Tunisie (voir ce qui se passe déjà à la Manouba) dans
quelques temps, des événements sur lesquels on ne peut plus continuer à fermer
les yeux.
Comme je l'ai dit et répété
depuis quinze ans et pour faire court, l’Afrique n'a que trois atouts qui
pourraient permetttre de résister, si on en avait le désir.
Allons en bonne réthorique du
moins important au plus important.
1. Le premier est, de façon un
peu étonnante, l’école coranique traditionnelle, la « médersa » (ou
les diverses variantes de ce mot, médrasa, etc.). En effet, elle perpétue la
tradition séculaire d’un Islam africain ouvert et libéral. Paradoxalement, on
devrait donc aider les médersas traditionnelles pour leur permettre de résister
à la concurrence et à l’influence des riches et nouvelles écoles d’un Islam
intégriste conquérant et qui ne cesse de progresser au détriment de la religion
africaine traditionnelle. L'illustration la plus évidente et la moins
discutable est la destruction actuelle des monuments religieux séculaires de Tombouctou!
2. Les femmes. Chacun sait le
traitement que leur réserve l'intégrisme musulman. Or, en Afrique, elles sont
un moyen puissant de résistance à ces minorations voire ces brimades, par le
statut et la place qu’elles tiennent dans les sociétés sahéliennes africaines (tant au plan économique que sociétal)
et qui n’ont rien à voir avec ceux des pays de l’Islam moyen oriental et des
sociétés arabes. L’éducation des filles est donc naturellement un objectif
majeur , ce que chacun répète d’ailleurs à satiété depuis des décennies, sans
que grand chose se passe. Dans les rues de Niamey, aux heures scolaires, on voit bien plus de filles que de garçons!
3. La bière. Ce dernier
élément est sans doute, lui aussi, un peu inattendu, mais c’est peut-être aussi
le plus fort, car je vois mal comment un Islam, même radical et conquérant, pourrait
éradiquer des moeurs africaines cette boisson qui constitue le transfert de
technologie européen le plus réussi.
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