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dimanche 28 octobre 2012

Islam africain


Dans l'indifférence générale des "politiques", je pose, depuis quinze ans au moins, les problème de l'Islam africain , pour avoir constaté l’évolution des choses en Afrique même, mais aussi aux Comores, où les Emirats ont essayé, depuis longtemps et des décennies durant, de prendre pied, en particulier en offrant d’y créer, à leurs frais, une université islamique. Ce projet a été contré, mais pour combien de temps, par la création en 2003-2004 d’une université comorienne mixte dont le premier président fut mon ami Damir Ben Ali ; elle accueillait à ses débuts un gros millier d' étudiants dont 43% de filles ; en 2011-2012, 6500 étudiants y sont inscrits.

L’islamisation radicale ou plus précisément la wahabisation du Sahel est un processus engagé, sournoisement ici, ouvertement là, depuis longtemps en tout cas ; depuis ces époques, les événements de Tunisie et de Lybie, si imprudemment qualifiés de "printemps arabes", ont conduit, entre autres, à la situation du Nord-Mali, en attendant la suite, au Nigéria ou en Côte d'Ivoire sans parler du Soudan.

L'évolution a commencé depuis longtemps ; cela allait du paiement des conversions à l’Islam (stratégie inattendue chère, de façon plus inattendue encore, à Khadafi, qui, à une époque, offrait des tarifs spéciaux pour les chefs d’Etat (un million de $!), comme Bongo qui en a bénéficié, ou les Premiers ministres (500.000$) ; à la même époque, le Colonel avait lancé, selon les mêmes pricipes, une offensive sur l'Ile Maurice d'où les Lybiens ont fini par se faire expulser) jusqu'au versement de sommes très modestes à des femmes africaines (au Burkina Faso par exemple), qui consentent, pour trois sous, à se voiler complètement, en passant par le développement d’un enseignement islamique intégriste (avec, à la clé, des bourses pour les universités du Golfe). Tout cela est évidemment financé à coup de pétro-dollars!

Ce nouvel enseignement islamique, surtout au niveau de l'enseignement coranique de base, est naturellement un concurrent redoutable pour l’école musulmane traditionnelle de l’Afrique, vu les moyens, quasi-infinis, dont il dispose (argent et bourses).

S’ajoutent à ces stratégies, comme au Tchad et au Niger, des projets d’enseignement prétendument bilingue (français et arabe), dans lesquels, en réalité, la moitié arabe du programme est exclusivemnt religieuse, l’enseignement général étant donné en français. De tels projets sont soutenus, à coups de milliards de dollars, par la Banque Islamique de Développement, ce qui est normal, mais aussi acceptés, de façon plus inattendue et inconsciente, par l’UNESCO et même la Francophonie.

Ces constats m’ont conduit, non seulement à tenter (en vain) d’alerter sur cette situation (quoiqu’elle ne me concerne en rien de façon directe) et m'ont amené aussi, en raison, d’une certaine expérience de ces terrains, à proposer des mesures qui pourraient être mises en oeuvre pour contrer de telles stratégies.

Cela m’a amené à des remarques et, au delà, à des suggestions qui ont souvent paru étranges aux hiérarques du Quai d’Orsay ou des institutions internationales, quand ils ont eu la rarissime curiosité de prendre connaissance de mes écrits sur ce point.

En effet, tout cela se passe à l’insu bien sûr, ou en tout cas, dans le silence prudent des responsables de la politique française dans ces zones. Ces derniers, en effet, sont comme les petits singes de la sagesse orientale, qui se cachent les yeux, les oreilles et la bouche pour ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire... du moins pendant les trois ou quatre années, confortables et fort rémunératrices, qu’ils passent en fonction diplomatique dans ces Etats. Bien sûr, finissent par survenir, comme depuis quelques mois au Nord-Mali et, comme cela ne manquera pas de se produire, en Tunisie (voir ce qui se passe déjà à la Manouba) dans quelques temps, des événements sur lesquels on ne peut plus continuer à fermer les yeux.

Comme je l'ai dit et répété depuis quinze ans et pour faire court, l’Afrique n'a que trois atouts qui pourraient permetttre de résister, si on en avait le désir.

Allons en bonne réthorique du moins important au plus important.

1. Le premier est, de façon un peu étonnante, l’école coranique traditionnelle, la « médersa » (ou les diverses variantes de ce mot, médrasa, etc.). En effet, elle perpétue la tradition séculaire d’un Islam africain ouvert et libéral. Paradoxalement, on devrait donc aider les médersas traditionnelles pour leur permettre de résister à la concurrence et à l’influence des riches et nouvelles écoles d’un Islam intégriste conquérant et qui ne cesse de progresser au détriment de la religion africaine traditionnelle. L'illustration la plus évidente et la moins discutable est la destruction actuelle des monuments religieux séculaires de Tombouctou!

2. Les femmes. Chacun sait le traitement que leur réserve l'intégrisme musulman. Or, en Afrique, elles sont un moyen puissant de résistance à ces minorations voire ces brimades, par le statut et la place qu’elles tiennent dans les sociétés sahéliennes africaines (tant au plan économique que sociétal) et qui n’ont rien à voir avec ceux des pays de l’Islam moyen oriental et des sociétés arabes. L’éducation des filles est donc naturellement un objectif majeur , ce que chacun répète d’ailleurs à satiété depuis des décennies, sans que grand chose se passe. Dans les rues de Niamey, aux heures scolaires, on voit bien plus de filles que de garçons!

3. La bière. Ce dernier élément est sans doute, lui aussi, un peu inattendu, mais c’est peut-être aussi le plus fort, car je vois mal comment un Islam, même radical et conquérant, pourrait éradiquer des moeurs africaines cette boisson qui constitue le transfert de technologie européen le plus réussi.

 

 

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