Pris de je ne sais quelle funeste inspiration, je me suis laissé aller, en ce samedi 6 octobre 2012, vers19 heures, à regarder la télévision qui, pour mon malheur, était sur France2.
Aurais-je été mieux informé des nouveaux programmes, laborieusement élaborés par la nouvelle équipe de cette chaîne, sous la direction éclairée de Monsieur Pfimlin ("Petite Prune" en alsacien à en croire le Canard enchaîné d'antan) que je me serais peut-être méfié, lorsque j'ai vu annoncé, à grand renfort de spots et d'éclairages multicolores, devant un public d'avance hilare et conquis, la première d'une nouvelle émission de l'équipe de Laurent Ruquier dans « On n'demande qu'à en rire »
" Une heure d'humour, de création et de spectacle live sur France 2." Précise la pub. que j'ai consultée, après coup bien sûr, et qui ajoute sans mollir : "En plateau, dans un dispositif original et en public, les meilleurs pensionnaires de « On n'demande qu'a en rire » animeront eux mêmes, en présence d'un invité, un show complet fait de sketchs, de détournements et de parodies.". Au cas où nous n'aurions pas compris, on ajoute : "L'émission réunit les meilleurs humoristes de "On n'demande qu'à en rire"."
Laurent Ruquier, en effet, après avoir donné quelque espoir de non-conformisme et d'humour, il y a bien des années, est entré, sans doute à force de sous-traitance, dans l'ornière d'une facilité, radiophonique et télévisuelle, qui peut parfois conduire jusqu'à la débilité, ce qui illustre, après tant d'années, les génies de Coluche et de Desproges.
Je ne sais pas quel rôle il tient, au juste, dans cette émission curieusement intitulée « Ondar show» et qui semble fondée, pour une bonne part, en cette époque où l'on fait la chasse aux homophobes sur une homophilie qui confine souvent à l'homomanie.
"Ondar show" serait-il un à peu près pour "au dard chaud" ou "dard au chaud" ?
Bref ce n'est pas le sujet, car on peut être drôle sur n'importe quoi, comme on peut être sinistre et minable sur n'importe quoi également. C'est plutôt à ce second genre que se rattache l'émission en cause dont c'était la première hier, mais dont on peut espérer que ce sera aussi la dernière !.
La principale caractéristique de cette émission est que la stupidité et le plagiat le disputent tout au long à la plus extrême des vulgarités.
On a voulu s'y essayer à la parodie, pas très nouvelle, d'émissions françaises connues (quoique personnellement je n'en ai jamais vu aucune) du style "Une famille en or" qui devient "Une famille du Nord", en surfant sur la double vague des ch'tis et de l'homomanie. C'est si nul qu'il ne vaut même pas la peine de s'y arrêter car tout le monde a pu faire les réflexions qui furent les miennes, même si j'ai craqué à 19h30 en me privant, par là même, de la fin de ce somptueux programme.
On sait que les producteurs de télévision français ont pour principale source d'inspiration et méthode d'élaboration de leurs "propres" produits un court voyage aux États-Unis ; ils s'y enferment deux ou trois jours dans une chambre pour y regarder les programmes américains qu'ils démarqueront ensuite.
L'un des plus volontiers copiés est le show de Jerry Springer qui, une fois de plus, a été ici copié, en l'accommodant à la française. Le principe de Jerry Springer est simple ; il consiste à faire révéler à X par Y un "secret" que Y ne devrait en aucun cas connaître. Pour illustrer ce cas par un exemple réel pris dans une émission de Springer que j'ai vue autrefois, X est une femme qui révèle à son mari Y qu'elle a un amant Z qui va venir sur scène avec eux ; on s'aperçoit alors que l'amant est un nain (ou une lesbienne et je m'étonne que ce cas n'ait pas été choisi). Le mari et l'amant s'injurient puis en viennent naturellement aux mains, la femme se joignant à la bagarre ; tout le monde est finalement séparé par les deux ou trois costauds qui, depuis le début de l'émission, se tiennent à l'arrière de la scène et qui sont là pour ça. Seule innovation du "Ondar Show", on y a fait l'économie, un peu sordide, des malabars pacificateurs.
Jerry Springer a fait d'infinies variations sur ce thème qui est toujours porteur. En la circonstance, dans ce misérable sous-produit présenté par France2, la seule innovation est qu'on y a brodé sur les événements récents - les tumeurs dues à la consommation de maïs OGM - ce qui permet de mettre en scène le "Géant vert" de la publicité qu'on va désigner comme tel, faute d'avoir voulu payer un vrai géant ; il va en venir aux mains avec une version en modèle réduit de Hulk ; on donne ainsi au géant une dimension un peu plus crédible à moindres frais. On voit l'étendue et la nature des efforts d'imagination déployés, les moyens étant limités par la crise.
Tout le reste est à l'avenant ; le seul spectacle visible est celui qu'offre la pauvre vedette (de je ne sais quoi, la chanson je crois) embarquée dans cette galère. Elle se nomme Hélène Ségara et on l'a mise en tenue sexy pour que le téléspectateur ait à se mettre sous l'oeil autre chose que les sinistres protagonistes gays de ce "Au dard chaud". Cela permet aussi , mais vous l'avez déjà deviné, de faire un jeu de mots dûment signalé au public avec le passé simple du verbe pronominal "s'égarer", car il est bien vrai qu'elle s'est vraiment égarée, la pauvre, dans cette lugubre et consternante pantalonnade. Tout cela vous permet de juger du niveau de cette nouvelle et sensationnelle production de rentrée sur France2, le samedi en prime time !
Si cette sinistre émission devait avoir un avenir, je suggérerais de remplacer le titre "Ondar Show", non pas par "Au dard chaud", qui plairait sans doute à la production, mais, puisque l'hiver arrive, par "On dort au chaud", une fois la télévision éteinte bien entendu!
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