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mercredi 17 octobre 2012

Des mots- valises


Voilà un post que j'ai sous le coude depuis plusieurs jours mais que des sujets plus actuels m'ont détourné de rédiger jusqu'à présent.
 Il concerne l'émission d'Yves Calvi, que je regarde assez souvent sur la Cinq. Elle s'intitule "C'est plus clair" et est diffusée, en principe, à 17h45, lorsque l'abondance des messages publicitaires et l'inexactitude chronique de notre télévision ne retardent pas son début à 17h50. Je n'ai d'ailleurs jamais compris pourquoi et comment peuvent être en retard sur leurs horaires des chaînes où tout est "en boite" et minutieusement chronométré. La seule explication est le mercantilisme qui pousse à accumuler les spots publicitaires au-delà des plages réglementaires  prévues, au mépris des règles du CSA qui les fixe mais n'en a cure!

L'émission en cause est celle du 9 octobre 2012 qui s'intitulait "A la recherche des emplois perdus" ; elle réunissait, comme à l'habitude, quatre invités dont deux dont j'apprécie toujours les propos, Messieurs Frémeaux et Saint-Étienne. Les accompagnait une "économiste" nommée Madame Mathilde Lemoine et un quatrième larron, sans importance ici.

Rien à dire sur le fond de l'émission qui était intéressant et cela d'autant que n'y figuraient pas, pour une fois, l'incorrigible bavard qu'est Christophe Barbier et quelques-uns de ses chers "politologues" que Calvi a tellement de plaisir a inviter, sans doute en raison de l'inconsistance de leur propos et de leur totale disponibilité professionnelle (sans parler du fait qu'ils ont, tous et toujours, une dernier ouvrage à promouvoir et à tenter de vendre, achat que je déconseillerai à ceux et celles qui liront ce post).  

Vers la fin de l'émission, Yves Calvi, avec assez d'adresse d'ailleurs dans le rôle du faux naïf qu'il affectionne, a proposé à ses invités de distinguer entre "rigueur" et "austérité", bien qu'il sache parfaitement qu'il s'agit de la même réalité économique et que l'on ne choisit entre l'un et l'autre de ces synonymes, qu'en fonction de la réaction qu'on veut susciter chez son interlocuteur ; en gros et dans le contexte actuel, la rigueur est de gauche et l'austérité de droite ; l'élection de François Hollande a provoqué, bien entendu, pour les mêmes réalités, l'inversion de l'usage de ces termes dans notre classe politique.

Jusque là rien à dire ; ce n'est qu'à ce moment-là que, par ignorance sans doute (mais elle est économiste et non lexicographe), Mathilde Lemoine a dit une grosse bêtise qui a été reprise aussitôt par les autres participants sans autre forme de procès. Elle a, en effet, avancé qu' austérité et rigueur étaient des "mots-valises » ce qui n'a évidemment aucun sens, ni pour la forme ni pour le sens! C'est donc doublement absurde comme je viens de le dire ; ces termes ne sont nullement des "mots-valises", mais de simples quasi synonymes. Devant une forme de stupeur silencieuse des autres, elle a ajouté pour préciser ce que j'hésite à appeler sa pensée, qu'un mot-valise est un mot auquel on peut donner le sens qu'on veut, un peu comme on peut mettre dans une valise des pull-overs ou des maillots de bain !

Je n'accablerai pas ici Madame Lemoine, car je serais peut-être (et même sans doute) susceptible de dire d'aussi grosses sottises en matière économique qu'elle pour ce qui concerne notre pauvre langue française, même si je suis plus circonspect devant des réalités que j'ignore.

En revanche, compte tenu du fait que deux économistes distingués partageaient cette erreur sur le sens de "mot-valise", il me semble nécessaire de le préciser, d'autant que l'histoire de ce terme elle-même fait l'objet de quelques controverses chez les spécialistes.

Pour approcher la forme et le sens de ce terme, je me servirai de l'un des plus jolis exemples de mot-valise que je connaisse ; je le mentionne d'autant plus volontiers qu'il n'a rien perdu de sa pertinence comme de son actualité, plus de trois-quarts de siècle après son premier emploi. En effet, lors de la crise de 1929, un mot-valise a connu un très grand succès car il était, en la circonstance (et il le demeure aujourd'hui) particulièrement réussi et adapté. Il s'agit du mot "bankster" qui est composé pour la première partie, du mot "banker" (banquier) et pour la seconde du mot "gangster"; un "bankster" est donc un " banquier gangster" (attention un mot-valise n'est pas un pléonasme!).

Nous sommes fort loin, et fort heureusement, de la définition de ce terme qui avait été donnée dans l'émission de Calvi par Madame Mathilde Lemoine.

L'invention du « mot-valise » est souvent attribuée à Lewis Caroll qui, dans son roman De l'autre côté du miroir, utilise l'exemple du "portmanteau" (issu du français « portemanteau »), où l'on accroche un manteau, mais qui est aussi un bagage à vêtements ("suitcase "). Le procédé est mieux illustré par "slithy" (" slictueux ") (< slimy et lithe).

Le mot-valise se distingue donc  du mot composé et du mot dérivé par la troncation (abrègement de mots par la suppression d'au moins une syllabe), mais aussi de l'amalgame sémantique des éléments des mots d'origine car, souvent, ceux-ci ne sont plus immédiatement identifiables.

Autre exemple de mot-valise, tout aussi actuel que "bankster", "écolomiser" : gérer précautionneusement l'exploitation de la nature pour la défense de l'environnement.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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