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lundi 29 octobre 2012

Morose ou mort rose?


Il faut donner toujours l'initiative aux mots comme disait le poète… Est-ce aussi vrai en politique ou faut-il se méfier et tâcher de prévoir où peut mener cette initiative ?

Après l'élection de François Mitterrand, en 1981, le cimetière du Panthéon avait été visité d'emblée et le congrès du parti socialiste avait eu lieu à Valence ; résultat du choix du lieu ? Certains, on s'en souvient, s'y étaient laissés aller à une impétuosité excessive, à l'image sans doute des flots tumultueux et impétueux du Rhône dans cette ville.

Après la victoire de François Hollande, le parti socialiste a choisi pour tenir son congrès Toulouse, ville doublement désignée par la couleur qu'on lui prête et qui faisait s'interroger Nougaro lui-même (« la ville rose ») et par celle du parti socialiste qui a depuis longtemps cette fleur comme emblème (le rose n'étant, au fond, qu'un rouge fané et défraîchi).

Au moment de ce choix, on n'avait apparemment pas encore songé aux épines et le choix médité du lénifiant Premier Secrétaire Harlem Désir (en ce cas les mots n'ont guère eu l'initiative!) semblait garantir une session sans accroc. Sur ce plan, rien à dire ; on a pu compter sur lui pour tenir l'un de ses discours qui se déroulent à la façon des chœurs d'opéra où les choristes entonnent de martiaux "Marchons! Marchons!", tout en se bornant à piétiner sur place, sans faire montre d'ailleurs, dans cet exercice, du rare talent de Michael Jackson dans la pratique du moon walk !

D'aucuns comme Mélenchon, tout en regrettant de ne pas avoir été invité à Toulouse (qu'y aurait-il fait ?) voient dans le parti socialiste un "astre mort" et dans ce congrès une "grosse machine morose" ; j'aurais plutôt dit "un gros machin mort rose" ou plutôt un "gros machin rose mort"! Toujours les mots et leurs initiatives !

Où sont les tumultueux congrès du PS d'antan ; pourtant Toulouse s'y prêtait le mieux du monde car comme le disait Nougaro à propos de sa ville :
"Ici, si tu cognes, tu gagnes
Ici, même les mémés aiment la castagne"

Il est vrai que le climat et la situation ne se prêtent guère à une gaieté qui semble pourtant souvent liée à cette couleur festive ; le maillot du leader du Tour de France est jaune (après les victoires de Lance Amstrong, la couleur des cocus, faut-il le rappeler ?), mais au Tour d'Italie le vainqueur est en rose!

Au congrès de Valence en 1981, on pouvait encore croire, pour deux ans au moins, aux lendemains qui chantent ; à Toulouse, le week-end dernier, on ne pouvait guère prévoir que des lendemains qui déchantent. Le chômage augmente (comme on l'avait, par prudence, prévu et annoncé) et pire, le jour même du congrès, par un pur hasard, les 98 grands patrons français, qui n'ont même pas la reconnaissance du ventre envers leur hôte, posent un ultimatum à François Hollande en exigeant un modeste cadeau fiscal de 30 milliards ; comme dit le bon peuple, ces gens n'y vont pas avec le dos de la cuillère!

Mille excuses d'avance à mes lectrices que je sens déjà effarouchées, mais n'est-ce pas le moment de citer le vers fameux :
« Plus le Désir [Harlem bien sûr] est grand, plus l'effet se recule".
Je vous jure que mon infâme Dragon 12 avait écrit, de lui même, "les fesses" que je n'ai pas osé garder!


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