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mercredi 31 octobre 2012

Le fusil pour tirer dans les Descoings.


Monsieur Richard Descoings fut, des années durant, le gourou quasi déifié des problèmes de l'éducation en France, en dépit d'une manifeste inexpérience et du fait qu'il était à la tête d'une institution des plus curieuses qui n'a pas grand-chose à voir ni avec une université ni avec une "grande" école (l'Institut d'études politiques de Paris, également dit Sciences-po). Chargé de missions diverses, figure de proue de l'innovation socio-pédagogique, couvert d'honneurs, il continue, six mois après sa mort sensationnelle elle aussi, à causer des surprises. Le plus étonnant et le moins prévisible, vu le personnage, dont les traits réels se sont peu à peu révélés, est assurément que Nicolas Sarkozy ait failli en faire un ministre de l'éducation nationale ; cela aurait été sans doute un choix heureux, car il aurait pu ajouter à la riche collection des réformes stupides qui ont été faites, aussi bien dans l'éducation nationale elle-même (avec les IUFM par exemple) que dans les universités avec la loi Pécresse ou loi LRU que j'ai dénoncée en son temps et dont il faudra bien que je reparle un jour car nous en subissons maintenant les conséquences funestes.

La mort de Monsieur Richard Descoings a été, au fond, à l'image de sa vie et de son destin post-mortem c'est-à-dire riche en surprises. On a découvert à l'occasion de la petite fête qu'il avait organisée dans sa chambre d'hôtel à New York qu'il était bien, comme il le disait lui-même, « le premier pédé de Sciences-po », en dépit de son mariage avec une épouse, dont il avait fait d'ailleurs la directrice-adjointe de Sciences-po, ce qui n'était pas sans quelques avantages, tant sur le plan de la promotion professionnelle que de la rémunération. Mais le plus curieux a été effectivement sa mort, car, à lire la presse française du lendemain, on peut penser  qu'on n'a évité que de justesse les funérailles nationales, avant qu'apparaissent les circonstances quelque peu insolites voire étranges de sa disparition. Si la série continue, les notabilités françaises finiront par se voir interdire la fréquentation de tous les grands hôtels de New York, dans la mesure où ils ne semblent n'y causer que des scandales.

Ce qui rendait cette mort un peu suspecte était moins la nudité directoriale qu'à la fois les jeunes gens, un peu bruyants semble-t-il, qu'il avait reçus et qui avaient filé en catastrophe, le désordre qui régnait dans la chambre, avec des alcools et des produits divers répandus un peu partout et surtout le fait, plus étrange encore, que l'ordinateur et le téléphone du mort avaient été lancés par la fenêtre pour atterrir sur une terrasse au troisième étage.

On a, très vite, du côté français, jeté un voile pudique sur tout cela et les causes de la mort n'ont pas pu être déterminées ou en tout cas divulguées tout de suite. Comme nous ne sommes pas dans une série américaine de la télévision, où en 52 minutes, les enquêteurs et les légistes découvrent, illico, au premier examen, le passé de la victime depuis son enfance, on a mis près de deux mois à découvrir que ce pauvre Monsieur Richard Descoings avait été en fait victime d'une banale crise cardiaque, ce que les services de l'identité judiciaire new-yorkais ont fini par déclarer, après deux mois de travaux silencieux, fin mai 2012. Tout est donc rentré dans l'ordre du côté français puisque l'idée d'enterrer Monsieur Descoings au Panthéon avait été depuis longtemps abandonnée et que l'élection présidentielle comme le changement de majorité avaient contribué encore accélérer le cours de l'histoire.

On a toutefois découvert peu à peu les bizarreries de Sciences-po sous son règne ; on est passé ainsi de NCIS aux Mystères de (Sciences-po) Paris. La Cour des Comptes, si elle ne sert pas à grand-chose au plan administratif et financier, rend, en fait, les plus signalés services à la presse française et même à la presse people de notre beau pays. En la circonstance, elle a établi un savoureux rapport sur Sciences-po qui, à vrai dire, révèle quelques aspects cachés du fonctionnement et des finances de ces établissements que les gens du milieu subodoraient quelque peu, même si l'on ne pouvait imaginer l'extravagance de la réalité.

Une version provisoire de ce rapport a été l'objet de fuites dont Le Monde (internet du 8/10/12) a fait état et dont les détails sont inouïs! La plus grande partie de la presse française (y compris l'inattendu Figaro qui auparavant était un chantre inconditionnel de Sciences-po et de Monsieur Richard Descoings) a repris les données parues dans Le Monde puisque le rapport définitif, que j'ai cherché en vain sur le site de la Cour des Comptes, ne paraîtra finalement que le 22 novembre 2012. Quoique le successeur de Richard Descoings ait été, en principe, choisi (il s'agirait de Hervé Cres), sa désignation définitive a été retardée par le gouvernement et, dans l'hypothèse où elle serait acceptée de façon définitive, elle n'interviendra qu'après la publication du rapport.

Comme vous pouvez très facilement lire l'essentiel, en consultant soit Le Monde, qui est le document original, soit tout ceux qui lui ont emboîté le pas, je reviendrai demain sur cette question, car même si les données ne sont pas encore définitives, le moins qu'on puisse dire est qu'elles ne sont pas piquées des vers !

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