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mercredi 10 octobre 2012

Un pont aux ânes : la refondation de l'éducation.

Petit éclaircissement liminaire d'un titre jugé sans doute quelque peu obscur ( quoiqu'elle ne soit pas des meilleures mais le TLF ignore la formule, j'emprunte la définition, pour une vérification aisée de mon propos, à Wikipedia : "Pont-aux-ânes (en latin pons asinorum) est une métaphore servant à fustiger un « quia » c'est-à-dire un refus imbécile de se rendre à l'évidence. Elle qualifie un raisonnement, une proposition ou un ensemble de propositions qui, quoique parfaitement explicités, restent incompris de certains."

 Refondation de l'éducation. Thème majeur de la campagne de l'élection présidentielle comme du programme de François Hollande une fois élu, le programme vient d'être porté à notre connaissance, après mûre réflexion et multiples concertations.

Une fois de plus nos médias audiovisuels se sont montrés égaux à eux-mêmes ; ce matin encore, les radios bignoles nous livrent le catalogue des mesures propres à refonder le système éducatif français, en particulier dans ses débuts. Et le tout sans commentaire et sans rire! Much ado about nothing!

Personne ne semble en effet s'aviser de ce que la plupart de ces réformes (retour aux classes du mercredi matin, suppression des devoirs à la maison en primaire, réduction voire disparition des redoublements, entrée éventuelle en maternelle avant trois ans, etc.) sont autant de vieilles lunes pédagogiques, dont on débat ou qu'on décide depuis des décennies. Je n'ai pas tout entendu, "bien évidemment" comme dit Monsieur Delahousse, mais dans ce que j'ai pu écouter depuis hier, seule Natacha Polony, dans sa revue de presse sur Europe1 (la pauvre officie vers huit heures trente, coincée entre Jean-Pierre Elkabbach et Alexandre Adler ce qui est pour le moins inconfortable) a montré qu'elle n'était pas le moins du monde dupe de telles mesures.

Petite parenthèse amusante à propos de Bruce Toussaint et d'Alexandre Adler ce matin même. Bruce Toussaint, le passeur de plats du matin, étant encore souvent ensommeillé, Adler lui prépare les questions à poser pour relancer son propre propos. Bruce, le pauvre, a de petits coups de fatigue (il se lève à quatre heures!) et il se tape un somme de temps en temps ; un bref assoupissement a conduit ce matin à un épisode drôle quand Alexandre Adler, ne s'étant pas entendu poser la question attendue (Bruce Toussaint somnolait quelques instants), a enchaîné en improvisant un " Pour répondre à la question que vous m'avez posée », alors que Bruce, dans les bras de Morphée, avait posé aucune !

Mais revenons Natacha Polony, mieux informée et plus vigilante que ses confrères et un peu à droite il faut bien le dire, s'est en effet demandée, non sans malice, si Vincent Peillon ne se croyait pas dans le gouvernement de Jospin plutôt que dans celui de Jean-Marc Ayrault. En effet, comme elle l'a souligné, toutes les réformes proposées ont déjà eu leur heure de gloire à cette époque, déjà ancienne.

Même si nul ne le dit, nombre de ces mesures (éliminer les redoublements, entrée précoce en maternelle, problème des notes, absence de devoirs à la maison, etc.) ont déjà été prises et sont plus ou moins en vigueur, lorsqu'elles n'ont pas été, de facto, plus ou moins abandonnées. Comment savoir ce qui se passe dans un ministère de l'éducation nationale français qui n'est même pas en mesure d'indiquer le nombre de ses fonctionnaires!

Deux mesures sont plus amusantes et plus intéressantes sans avoir fait l'objet de commentaires de la part de Natacha Polony, sans doute trop jeune pour en avoir perçu la récurrence.

La première est la question du mercredi matin qui était, il y a très longtemps, le jeudi. Le jeudi fut, pendant près d'un siècle, le jour de vacance des écoliers (à cette époque, on avait, bien entendu, classe, le samedi toute la journée dans le primaire et même parfois dans le secondaire) ; le jeudi fut, dans la suite, remplacé par le mercredi comme jour de liberté en milieu de semaine. Ce jour sans classe était maintenu, en fait, pour répondre aux demandes des catholiques car la hiérarchie de l'église exigeait un jour de repos pour le catéchisme.

La formation des maîtres, dont François Hollande se plaît à rappeler, dans le même esprit de refondation de notre système éducatif, qu'elle sera à nouveau assurée dans les "Ecoles..." est aussi une vieille histoire. En effet, bien avant la création en 1989 des éphémères IUFM chers à Monsieur Philippe Meirieu, avaient existé, à partir de 1958, les Instituts de préparation à l'enseignement secondaire, les IPES, qui avaient exactement la même fonction, avec cette seule différence que les étudiants, destinés à devenir des professeurs du secondaire après le CAPES, y étaient recrutés et payés dès la première année d'université, un certain nombre d'entre eux, au départ de la réforme du moins, entrant dans ces IPES sur titres, en étant déjà titulaires d'une licence. Une fois de plus, on réinvente, avec un très modeste aménagement, un type de structure de formation qui a existé déjà plus d'un demi-siècle auparavant et fut supprimé ensuite, mais dont tout le monde a apparemment perdu le souvenir.

La seule vraie originalité proposée, mais elle ne semble pas avoir été retenue, était LA LECTURE DES NOTES A VOIX BASSE !

Une fois de plus ma bonne grand'mère avait raison : "Faire et défaire, c'est toujours travailler!".

4 commentaires:

Anonyme a dit…

TLF en ligne.
Article "âne" : pont aux ânes (cf. pont), problème, question classique qui, dans un domaine donné permet de tracer la limite entre les spécialistes et les ignorants, ou, simplement, question, problème classiques, rebattus. On écrit aussi pont-aux-ânes.
Article "pont" : Évidence; chose facile à faire. Expliquer que tel caractère exceptionnel d'un personnage fut préparé par les habitudes de ses ancêtres et par les excitations du milieu où il réagit, c'est le pont aux ânes de la psychologie (BARRÈS, Barbares, L'Examen des trois rom. idéol., 1892, p.9). Peuh! Ce rôle c'est le pont aux ânes (RENARD, Lanterne sourde, 1893, p.303).
En partic. Théorème de Pythagore, base élémentaire de géométrie; sa démonstration. Apprenti géomètre qui n'eût point passé sans aide le pont aux ânes (A. FRANCE, Vie fleur, 1922, p.401). [Ânonner] le pont aux ânes avec hébétude et ennui (ARNOUX, Seigneur, 1955, p.70).

Anonyme a dit…

J'ai lu, trop vite comme souvent, le seul article "pont". Quel âne ! Usbek

Anonyme a dit…

En fait si vous mettez "pont aux ânes" dans la fenêtre de recherche, le logiciel indique qu'il n'y a pas d'entrée mais que l'expression est présente dans deux notices ("âne" et "pont") vers lesquelles il fait le lien.

Anonyme a dit…

Je ne rebats pas ma coulpe car je suis allé voir et je trouve, comme souvent, l'article peu lisible car trop compact et, à vrai dire, la microstructure mal foutue. Usbek