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jeudi 4 octobre 2012

Pigeons ou Geonpi ?

Depuis que, en 2004 ou 2005 (je ne sais plus trop), chez des hébergeurs divers et avec des fortunes également diverses, je me livre à l'exercice du blog, je n'ai cessé, face à l'administration française, de me poser une question douloureuse que je n'ai jamais réussi à trancher : notre belle administration est-elle la fille du Père Soupe et de la Mère Ubu ou celle du Père Ubu et de la Mère Soupe (moins connue, je vous l'accorde, que son illustre et courtelinesque époux)?

Je vous avouerais, dans le mouvement de confession de mes impuissances, que je n'ai jamais réussi à entrevoir la solution de cette énigme et que je m'y trouve à nouveau confronté, après avoir espéré, un moment, que le nouveau régime allait enfin tenter de rompre avec les habitudes précédentes. Il n'en est, semble-t-il, rien.

Le recours ministériel aux ressources, qu'on dit infinies, de l'immigration et de la diversité ne semble pas avoir changé grand-chose ; l'atavisme administratif français l'emporte très vite sur les gènes, nouveaux et donc supposés novateurs, qu'on peut introduire dans le système.

J'avais entendu hier les protestations des entrepreneurs qui, s'assimilant d'eux-mêmes à des "pigeons", au sens non pas propre mais métaphorique et victimisant, se regroupaient en un collectif "geonpi" (car on y cause verlan) contre la future loi de finances qui leur applique une énorme ponction fiscale (60%), au titre de la plus-value, en cas de revente de leur entreprise. Je n'ai donc pas été étonné, ce matin, d'entendre, sur l'une des radios-bignoles, qui occupent l'espace radiophonique entre sept heures et neuf heures, à vendre de la publicité tout en ne cessant d'assurer la leur, Madame Fleur Pellerin, ministre de je ne sais quoi et qui nous est venue du Pays du matin calme. Comme c'est désormais la coutume, elle a exposé au bon peuple de France la défense du gouvernement sur cette question.

Sur le fond, pas grand-chose de nouveau, selon une stratégie également habituelle désormais, on lui avait préparé ce qu'on appelle pudiquement, Dieu sait pourquoi car la formule n'a guère de sens, des « éléments de langage », ce qui, vous l'admettrez, est fort discourtois pour nos ministres puisqu'il est nécessaire de leur préparer un argumentaire qu'ils sont jugés, de toute évidence, incapables d'élaborer eux-mêmes. Toutefois, la principale particularité de Madame Fleur Pellerin, en dehors de ce si poétique prénom, est qu'elle possède un débit dans l'expression orale qui s'apparente à la vitesse de tir de l'AA52, mitrailleuse qui était en service dans l'armée française à l'époque où j'y ai fait mon service militaire (je me flatte d'être deuxième classe de réserve, ce qui n'est pas si courant!), soit 900 coups à la minute. Il est donc clair que, dès les premières secondes (j'allais dire rafales) de ses interventions, le pauvre Monsieur Bourdin, encore mal réveillé durant ces émissions manifestement trop matinales pour son appétit de sommeil, était irrémédiablement largué.

Je vous la fais courte, puisque, comme Monsieur Bourdin avançait qu'on allait prélever, aux termes de la future loi de finances, 60 % de la plus-value réalisée sur la vente d'une entreprise, Madame Pellerin l'a vivement et vertement rabroué, en affirmant que c'était FAUX puisqu'en réalité, le prélèvement prévu n'était pas de 60 % mais de 58 % ! Fichtre!

Je vous passe les détails, car l'une de ses affirmations majeures tenait à ce qu'était prévue, l'après-midi même, dans son ministère, une réunion avec les entrepreneurs pour le « lissage » (toujours cette exquise pudeur rhétorique !) des dispositions de la loi. Un esprit aussi simple que le mien s'est évidemment demandé s'il n'aurait pas été plus raisonnable de faire ladite réunion AVANT de donner sa forme quasi définitive à la loi de finances, ce qui aurait évité le débat passionné qui s'est établi depuis hier et dont on aurait aisément pu faire l'économie, surtout, dans un contexte nouveau où, sur le plus mince sujet, on s'emploie immédiatement à réunir des groupes de réflexion, des commissions, voire des États généraux ou des Grenelles!

Par ailleurs, n'aurait-il pas été sage aussi, de presser un peu plus le nouveau Messie de notre Redressement Productif, Monsieur Gallois (prénommé non pas Évariste ni même, plus opportunément encore, Jésus, mais tout bonnement Louis) qui doit, imminemment sous peu, apporter les solutions définitives de nos problèmes industriels ?

Comment ne pas conclure, comme je l'ai fait sans doute souvent : « Hourra! Cornes au cul et vive le Père Ubu » (et bien entendu aussi le Père Soupe !)?

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