La mode étant aux
"journées de ceci", à la "semaine de cela", nous sommes entrés, je pense, dans le "mois
du patrimoine". Tous les hommes et toutes les femmes politiques vont
désormais se presser pour défiler dans les radios et télévisions au prétexte de nous y exposer
leur patrimoine, alors que, au moins pour les plus importants (ministres,
députés et sénateurs), il me semblait que la déclaration de leurs biens faisait
déjà partie des obligations liées à leur élection.
Cela prouve au moins qu'il
n'en est rien dans les faits, ou que, s'il y a une loi en la matière, comme
beaucoup de nos lois, elle n'est en rien appliquée, peut-être d'ailleurs tout
simplement faute de décrets d'application, ce qui est le moyen le plus commode et
le plus sûr de promulguer une loi et de le faire savoir urbi et orbi, lire, sans avoir, dans la suite, à la mettre en
œuvre.
Il n'en résultera
très probablement qu'une grande course à l'échalote entre toutes et tous nos politiques
pour être les premier(e)s à passer dans les télévisions ou à défaut les radios
car, avec un millier de candidats au total (ministres, députés et sénateurs), nous ne
sommes pas près de sortir de l'auberge patrimoniale... avec le résultat
grotesque qu'on peut prévoir. Nous sommes d'ailleurs en France, en même temps et dans la
plus totale contradiction, les rois du "secret fiscal" que nul
n'envisage de supprimer parmi les tenants de la déclaration des patrimoines ;
on se souvient du scandale de la feuille d'impôts de Chaban-Delmas publiée par
le Canard enchaîné !
Un des membres du tiercé
gagnant actuel a été ce pauvre Monsieur Fillon qui est venu nous exposer, très
brièvement d'ailleurs, car il a surtout parlé de toute autre chose pendant
l'essentiel de son intervention, la misère consternante d'un ancien Premier Ministre
au terme de son quinquennat.
En guise de
patrimoine, il nous a dévoilé une bicoque dans la Sarthe (qu'il a payée
400 000 € il y a deux décennies et qui est estimée à 600 000 actuellement soit le prix d'un deux pièces à Paris dont il voulait un moment être maire),
moins de 100 000 € sur ses comptes bancaires et deux vieilles bagnoles de
plus de 10 ans. C'est d'ailleurs là ce
qui, pour un amateur de performances automobiles comme lui, doit être le comble
de la désolation.
Je me demande, après
coup, s'il était bien raisonnable de confier le gouvernement et les finances de
la France pendant cinq ans à un homme qui, en gagnant 21 300 € par mois durant cinq ans (soit plus de 1,2 million d'euros),
avec, en outre, 6037,30 euros de frais qui n'ont pas être justifiés, sans compter le
logement et la bouffe gratos à Matignon, les voitures, les chauffeurs, le
téléphone et les transports gratuits et le reste, n'a pas été capable de faire 100 000
€ d'économies en cinq ans, sans compter que ses comptes ne devaient pas être à
zéro en 2007 ! Même si Monsieur François Fillon n'a pas de métier précis lui
(ce qui est un gros avantageet uine absence de problèmes vu les lois qui se préparent), il a tout de même
eu une longue carrière antérieure dans la représentation nationale comme dans
les ministères où l'on n'est pas payé au SMIC.
L'autre l'exemple
fâcheux dans ce mois du patrimoine est celui de J. Cahuzac qui a dû faire
toutes sortes de déclarations patrimoniales de toutes natures, mais qui a manifestement
toujours et partout omis d'y faire figurer ses comptes, suisse ou singapourien, qu'ils
soient de 600 000 € ou plus vraisemblablement de 15 ou 17 millions du même
métal. Quel étourdi !
Tout cela nous démontre
l'absurdité, aussi totale que vaine, du cinéma auquel on se livre actuellement,
car il est clair que de telles déclarations de patrimoines qui sont faites
depuis longtemps ne riment strictement à rien et qu'on y déclare jamais les comptes qu'on
peut avoir planqués en Suisse au Luxembourg dans quelque autre paradis fiscal (comptes
anonymes numérotés, omnibus ou avec
des prête-noms) ni même, tout bêtement les lingots d'or qu'on peut avoir dans
son coffre fort ou enterrés sous le pommier du jardin.
J'hésite en ce qui
concerne ce "mois du patrimoine" entre le théâtre d'ombres, la
comedia dell'arte, la couillonnade et les paysages à la Potemkine. Que chacun
fasse son marché dans ces métaphores qui toutes, à des degrés et dans des
registres divers, peuvent qualifier la mascarade qu'on nous prépare !
2 commentaires:
Vous oubliez ce qui doit être mis au nom de toute la famille. Ici au Québec, un maire qui a dû démissionner car il est soupçonné de nombreux détournements de fonds a ainsi vendu sa maison à sa fille pour un dollar, la plaçant ipso facto à l'abri de tout risque de saisie.
Quel est donc le patrimoine de la boulangère et des petits mitrons ?
Oui mais les politiques québécois sont tous, toutes et toujours prêt(e)s à enfirouaper la Belle Province, tandis qu'en France tous et toutes sont d'une scrupuleuse hpnnêteté comme on le constate tous les jours ! Usbek
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