Les commentateurs ont
été forts déçus de ne pas trouver dans ces différentes déclarations de sujets
de commentaires drôles, acides ou tendancieux. À peine a-t-on relevé, et encore
rarement, que Laurent Fabius, sans doute vu l'importance même de son patrimoine et son passé ministériel,
était le seul à se donner un conseiller spécialisé propre à lui trouver des
niches fiscales qui lui permettent de réduire son impôt. Je trouve, en revanche,
que l'on n'a pas fait quelques remarques qui me paraissent s'imposer en la
circonstance.
Comment ne pas
féliciter Madame Taubira de posséder trois bicyclettes (dont elle précise même
la marque et la valeur de 900 € à elles trois) et surtout d'en user pour
pratiquer un sport qui paraît bien indispensable dans son cas? En revanche,
comment ne pas s'alarmer, comme je le fais ici, de voir notre Premier Ministre,
Jean-Marc Ayrault, se lancer sur les routes dans un combi Volkswagen aménagé en
camping-car (on a même vu des photos à l'appui) vieux de 28 ans et dont la
valeur estimée n'est guère que 1000 € ? Tout cela est fort inquiétant. Peut-on
ainsi confier à un véhicule si vétuste la vie de celui qui a en charge les
destinées de notre pays en des circonstances si difficiles? Je suis tout prêt à
lancer une souscription pour changer ce véhicule, l'Etat n'étant clairement pas
en position de le faire
Je pense aussi que toutes
ces révélations ont dû briser le cœur de notre ministre de la culture qui a pu
constater que le patrimoine artistique de la plupart des membres du
gouvernement était des plus réduits, exception faite de celui de Monsieur
Fabius qui semble héréditaire et est, au demeurant, modeste vu la lignée dont
il est issu. Pour les autres, ces patrimoines artistiques sont si réduits (voire
inexistants) que la chose confine au ridicule ; il est vrai que, par nécessité
professionnelle, ces ministres passent le plus clair de leur temps au milieu
des merveilles de notre mobilier national.
Le cas de Jérôme Cahuzac est différent
et plus complexe, même s'il a tenté avec adresse de se glisser dans la foule de ceux qui venaient à confesse
; il amène aussi à plus d'interrogations et, somme toute, pose plus de
questions qu'il ne fournit de réponses ! Serait- ce un hasard ?
Certes, comme on l'a
vu, le choix de la date était sans problème ; à fondre sa confession de "faute
morale" dans le grand déballage patrimonial dont sa précédente démission
l'exemptait opportunément car, s'il était resté à Bercy, il aurait été
contraint de mentir une fois de plus. En revanche, le choix de BFM.TV, la "télé
du grand capital", comme aurait dit feu Georges Marchais, n'était pas
évident. Aux autres ministres, pour les amener à confesse, il a sans doute fallu
tordre le bras gauche (normal dans un gouvernement socialiste), mais on a sans
doute tordu le droit à Jérôme Cahuzac pour l'amener ainsi dans l'antre
médiatique du MEDEF. Il faut dire que l'expérience DSK avec Madame Chazal et
TF1 n'avait pas été des plus réussies et que cette circonstance dissuadait de
la répéter, en outre avec la même coach de com'..
Il faut dire aussi
qu'on a l'impression que Jérôme s'est moins donné le temps de la réflexion morale
que celui de la négociation politique. Comme toujours, désormais, toute déclaration
publique, dûment enregistrée et filmée, vous laisse sous la menace permanente
et définitive de la reproduction incessante de ce témoignage ("verba non volant" , les paroles
ne volent plus hélas!), non seulement la prudence mais le jésuitisme et la
restriction morale sont de mise.
Dans un premier temps,
en jurant ses grands dieux qu'il n'avait pas de compte en Suisse, Jérôme Cahuzac
était de très bonne foi et ne mentait en rien puisque son compte était à
Singapour ! De la même façon, il a assuré hier que les fonds déposés à
l'étranger n'avaient pas servi à des opérations électorales du parti
socialiste. C'est la pure vérité, puisque, si l'on en croit le témoignage de
Mediapart, ces fonds, initialement destinés à une éventuelle candidature de
Michel Rocard en 1995 et que je soupçonne sans le moindre élément de preuve de
venir des fonds secrets, n'ont effectivement pas été utilisés pour une opération
électorale !
Ce genre d'aveu a été
inventé, depuis des siècles, par la Compagnie de Jésus et il n'y a décidément
rien de nouveau sous le soleil. Comme disait, en se marrant (ce qui était rare
de sa part), Ignace de Loyola, avec une bonne grosse restriction mentale, toute
faute à demi-avouée est aux trois-quarts pardonnée.
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