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mercredi 17 avril 2013

Politique : confessions à tous les étages.


Les commentateurs ont été forts déçus de ne pas trouver dans ces différentes déclarations de sujets de commentaires drôles, acides ou tendancieux. À peine a-t-on relevé, et encore rarement, que Laurent Fabius, sans doute vu l'importance même de son patrimoine et son passé ministériel, était le seul à se donner un conseiller spécialisé propre à lui trouver des niches fiscales qui lui permettent de réduire son impôt. Je trouve, en revanche, que l'on n'a pas fait quelques remarques qui me paraissent s'imposer en la circonstance.

Comment ne pas féliciter Madame Taubira de posséder trois bicyclettes (dont elle précise même la marque et la valeur de 900 € à elles trois) et surtout d'en user pour pratiquer un sport qui paraît bien indispensable dans son cas? En revanche, comment ne pas s'alarmer, comme je le fais ici, de voir notre Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, se lancer sur les routes dans un combi Volkswagen aménagé en camping-car (on a même vu des photos à l'appui) vieux de 28 ans et dont la valeur estimée n'est guère que 1000 € ? Tout cela est fort inquiétant. Peut-on ainsi confier à un véhicule si vétuste la vie de celui qui a en charge les destinées de notre pays en des circonstances si difficiles? Je suis tout prêt à lancer une souscription pour changer ce véhicule, l'Etat n'étant clairement pas en position de le faire

Je pense aussi que toutes ces révélations ont dû briser le cœur de notre ministre de la culture qui a pu constater que le patrimoine artistique de la plupart des membres du gouvernement était des plus réduits, exception faite de celui de Monsieur Fabius qui semble héréditaire et est, au demeurant, modeste vu la lignée dont il est issu. Pour les autres, ces patrimoines artistiques sont si réduits (voire inexistants) que la chose confine au ridicule ; il est vrai que, par nécessité professionnelle, ces ministres passent le plus clair de leur temps au milieu des merveilles de notre mobilier national.

Le cas de Jérôme Cahuzac est différent et plus complexe, même s'il a tenté avec adresse de se glisser dans la foule de ceux qui venaient à confesse ; il amène aussi à plus d'interrogations et, somme toute, pose plus de questions qu'il ne fournit de réponses ! Serait- ce un hasard ?

Certes, comme on l'a vu, le choix de la date était sans problème ; à fondre sa confession de "faute morale" dans le grand déballage patrimonial dont sa précédente démission l'exemptait opportunément car, s'il était resté à Bercy, il aurait été contraint de mentir une fois de plus. En revanche, le choix de BFM.TV, la "télé du grand capital", comme aurait dit feu Georges Marchais, n'était pas évident. Aux autres ministres, pour les amener à confesse, il a sans doute fallu tordre le bras gauche (normal dans un gouvernement socialiste), mais on a sans doute tordu le droit à Jérôme Cahuzac pour l'amener ainsi dans l'antre médiatique du MEDEF. Il faut dire que l'expérience DSK avec Madame Chazal et TF1 n'avait pas été des plus réussies et que cette circonstance dissuadait de la répéter, en outre avec la même coach de com'..

Il faut dire aussi qu'on a l'impression que Jérôme s'est moins donné le temps de la réflexion morale que celui de la négociation politique. Comme toujours, désormais, toute déclaration publique, dûment enregistrée et filmée, vous laisse sous la menace permanente et définitive de la reproduction incessante de ce témoignage ("verba non volant" , les paroles ne volent plus hélas!), non seulement la prudence mais le jésuitisme et la restriction morale sont de mise.

Dans un premier temps, en jurant ses grands dieux qu'il n'avait pas de compte en Suisse, Jérôme Cahuzac était de très bonne foi et ne mentait en rien puisque son compte était à Singapour ! De la même façon, il a assuré hier que les fonds déposés à l'étranger n'avaient pas servi à des opérations électorales du parti socialiste. C'est la pure vérité, puisque, si l'on en croit le témoignage de Mediapart, ces fonds, initialement destinés à une éventuelle candidature de Michel Rocard en 1995 et que je soupçonne sans le moindre élément de preuve de venir des fonds secrets, n'ont effectivement pas été utilisés pour une opération électorale !

Ce genre d'aveu a été inventé, depuis des siècles, par la Compagnie de Jésus et il n'y a décidément rien de nouveau sous le soleil. Comme disait, en se marrant (ce qui était rare de sa part), Ignace de Loyola, avec une bonne grosse restriction mentale, toute faute à demi-avouée est aux trois-quarts pardonnée.

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