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lundi 8 avril 2013

Le cas Huzac

Le cas Huzac (elle est un peu facile mais comment y résister en la circonstance ?) illustre une fois de plus la médiocrité voire la nullité d'une bonne partie de la presse française.

Dimanche 7 avril, toute la presse nationale, chacun se prétendant le premier à révéler l'affaire, a soudain mis sur le tapis les déclarations du journaliste de Télévision  Suisse Romande, Darius Rochebin qui avait révélé que la somme concernée par le compte de Jérôme Cahuzac à l'UBS était, en fait, avant le transfert de fonds à Singapour, probablement de 15 millions d'euros, les 600 000 € rapatriés en France depuis n'étant que le solde laissé sur ce compte après le transfert de l'essentiel à la banque Julius Bär par les soins de l'intermédiaire Reyl.

La première remarque qu'on doit faire à ce sujet est que cette bombe médiatique éclate dans nos médias le 7 avril 2013 (et, moi, pauvre diable provincial, j'en ai fait état dans mon blog du samedi 6 avril 2913) car la nouvelle est connue, en réalité, depuis le 4 avril 2013, grâce à l'interview de Darius Rochebin par David Delos visible sur TV5.org à cette date. Ce sujet de deux minutes 43 est encore visible avec sa datation sans le moindre problème. On constate donc qu'il a fallu, à notre presse nationale, trois jours pour en découvrir l'existence et la teneur, ce qui est la preuve éclatante de sa vigilance habituelle. Tout cela confirme que nos journaux télévisés majeurs s'apparentent davantage à Détective ou Qui police? qu'à des sources d'information sérieuses ou même simplement dignes de ce nom. Hier soir encore, Madame Chazal, sur TF1, ouvrait son journal du soir par le récit détaillé de trois faits divers crapuleux qui ne devraient pas, vu notre situation française, constituer l'essentiel de nos préoccupations.

Non seulement la presse française, écrite comme audiovisuelle, a mis trois jours à réagir, mais, en outre, elle l'a fait d'une façon extrêmement maladroite pour ne pas dire stupide, puisque elle a insisté, dans toutes ses présentations, sur la date de 2009 qui, en la circonstance, n'est pas la plus importante loin de là. Ce n'est, en fait, que celle où Jérôme Cahuzac a cherché à transférer l'argent, de Genève où il était déposé à Singapour, pour échapper aux réformes alors mises en place par la Suisse et qui consistait à traiter différemment l'exil fiscal et la fraude fiscale.

Il en résulte que cette date de 2009 est, somme toute, peu importante, même  si cette circonstance a conduit, semble-t-il, Jérôme Cahuzac à ajouter à la liste de ses forfaits un faux en écriture publique, puisque la banque Bär qui devait recevoir les fonds à Singapour a exigé une pièce que l'intéressé n'était pas en mesure de fournir puisqu'elle garantissait la déclaration aux services du fisc français de la somme en cause ; on a, par conséquent, jugé bon de fabriquer ou de faire fabriquer la pièce demandée.

Cette date de 2009 est même, en fait, sans la moindre importance, puisque elle a marqué simplement le transfert des fonds de Genève à Singapour. Le point et la date essentiels sont ceux de l'arrivée de ces fonds sur le compte suisse et, au-delà, de leur origine comme de leur destination.

Darius Rochebin a confirmé que le compte avait été ouvert en « nonante deux » et que la somme de 15 millions d'euros, qui est la plus souvent annoncée désormais, s'y trouvait en 2009. Cette précision de date ne permet cependant pas de savoir à quel moment cette somme a été versée sur ce compte et c'est évidemment le point le plus important. A été avancée l'idée (je l'ai formulée dans mon blog du samedi 6 avril 2013 et elle a été confirmée, chez Ardisson, par Edwy Plenel le soir même d'une façon infiniment plus autorisée) que cette somme pouvait avoir pour but le soutien de la campagne présidentielle qui était envisagée pour Michel Rocard pour 1995. J'ai même ajouté, mais là c'était une hypothèse pure et simple de ma part, qu'il pouvait s'agir la du solde des fonds secrets qui avaient dû rester, comme c'était l'usage, à la disposition de l'ancien Premier Ministre lorsqu'il avait quitté Matignon en 1991. J'avais su, bien avant, tout à fait par hasard, par un ami suisse qu'un ancien Premier Ministre français avait fait une même opération et retournait régulièrement en Suisse de ce fait.

Cette question est évidemment beaucoup plus importante que les détails que l'on rapporte partout à propos du transfert envisagé qui a finalement eu lieu.

Si cette hypothèse est exacte, elle expliquerait évidemment l'attitude, un peu étrange et provocatrice, de Jérôme Cahuzac qui prétendrait, dit-on, revenir à l'Assemblée nationale et y retrouver son siège, comme c'est l'usage pour les anciens ministres. Il serait en effet en position d'envisager un bras de fer avec le Parti socialiste, dont la position est manifestée en particulier par Claude Bartolone, président de l'Assemblée nationale et qui semble des plus hostiles au retour de l'ancien ministre.

Patience ! On sera fixé dans une semaine.

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