Hier, j'ai
franchi d'un bond, en conclusion de mon post, l'espace qui sépare l'armée de la
formation professionnelle, poussé que j'étais dans cette voie nouvelle tant par
la relative proximité de leur budget (autour de la trentaine de milliards pour
chacun), la recherche éperdue des économies budgétaires et la vocation constante
qu'affirme notre armée à la formation professionnelle en prétendant, dans ses
publicités, accueillir et former plus de jeunes que tout autre filière
spécialisée. Il s'agissait bien sûr d'une boutade dont il fallait briser
"l'os médullaire" et je vais bien finir par en venir à la formation
professionnelle annoncée.
Je n'arriverai à
ce sujet que par un chemin détourné sur lequel, tel un Petit Poucet politique,
je tenterai de suivre les traces du cheminement de Monsieur Nicolas Perruchot,
député du Nouveau Centre, parti dont il fut l'un des créateurs et même un moment le
porte parole avant de démissionner de cette fonction. Avant d'être elu député
et maire de Blois (où il a été battu aux dernières élections), N. Perruchot
était consultant d'entreprise, ce qui explique sans doute, pour partie, son
intérêt pour les comités d'entreprises.
Le chemin a été
long, sinueux et heurté. L'affaire a commencé en 2007. Qu'il veuille bien me pardonner
la mauvaise blague de mon titre et la référence à Labiche, mais comment suivre
ses tribulations parlementaires sans évoquer Le voyage de Monsieur Perrichon. N. Perruchot propose alors de
créer une commission d'enquête parlementaire sur" Les mécanismes de financement des
organisations syndicales d'employeurs et de salariés".
Quoique (ou
parce que ?) Nicolas Perruchot se situe au centre (Nouveau faut-il le préciser
?), sa proposition est curieusement très mal accueillie tant à gauche à droite,
comme son sujet même pouvait le faire craindre. Il faut attendre donc 2010 pour
que, grâce au « droit de tirage » dont dispose, depuis 1988, chaque groupe
parlementaire, Nicolas Perruchot puisse faire créer sa commission d'enquête.
Elle est alors mise en place rapidement, se réunit et, l'enquête achevée, le
rapport en est établi et déposé par Nicolas Perruchot accompagné d'une proposition de loi.
Le plus étrange commence
alors et ce sera le vote sur ce rapport, le 3 novembre 2011. Seuls neuf des 30
membres de la commission prennent part au vote : trois élus UMP s'abstiennent,
les trois socialistes votent contre et seuls les deux centristes Francis
Vercamer et Nicolas Perruchot lui-même ainsi que Arnaud
Richard (le seul député UMP à voter) approuvent le texte. Tout cela
confirme, s'il en est besoin, le caractère explosif de ce sujet. En tout cas,
faute de majorité, le rapport est rejeté !
Pour la première
fois dans l'histoire de la Ve République, semble-t-il, un rapport
parlementaire ne sera pas publié ; officiellement en tout cas ; à en croire l'article de
Patrick Bonanza et Mélanie Delattre (Le Point.fr 26 février 2012), ce rapport ne pourra être
publié que dans 30 ans ! Néanmoins, le rapport lui-même est mis en ligne par Le Point,
ce même jour. Cette publication ne comporte pas toutefois les soixante dix pages qui
contiennent, entre autres, toutes les délibérations de la commission chargée de
l'examen de la proposition de loi intégrée au rapport et qui ont été menées par la Commission
des affaires sociales de l'Assemblée nationale sous la présidence de Pierre
Méhaignerie.
C'est dans cette
seconde partie, non publiée par Le Point, qu'on accuse Nicolas Perruchot d'avoir
organisé lui-même la fuite vers la presse, ce dont il se défend. C'est toutefois là que commence
l'incompréhensible
En effet, contrairement
à tout ce qui a été dit et écrit, le rapport est tout à fait accessible en
ligne dans le site de l'Assemblée nationale! On y lit même en forme de
présentation:
" Proposition
de loi de MM. Nicolas PERRUCHOT et Yvan LACHAUD et les membres du groupe Nouveau Centre sur le financement des
comités d'entreprise, n° 4090, déposée le 14 décembre 2011 (mis en ligne le 15 décembre 2011 à 12
heures 30 [souligné par moi]) et renvoyée à la commission
des affaires sociales".
Le rapport est donc
facilement accessible par Internet où il figure, dans son intégralité, sous le
numéro 4090 et le numéro 4186 pour le rapport lui-même. La manie journalistique du scoop aurait-elle encore frappé ?
Je vous avais
annoncé (et c'était mon intention initiale) que je vous donnerai quelques
extraits significatifs de ce rapport, mais l'explication de l'étrange
cheminement de ce texte a occupé mon post du jour. Par conséquent, les morceaux choisis du rapport Perruchot,
que je vous avais promis, sont remis à demain.
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