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lundi 29 avril 2013

Dies irae


Finalement, vous l'aurez noté, j'aime bien les titres en latin ; ça fait savant à peu de frais, même après la disparition des pages roses, ça ne mange pas de pain et souvent ça peut se prêter, en plus ("brievetas aurea"), à divers interprétations, ce qui a l'avantage de ménager l'avenir.

Dies irae. Jour de colère que ce lundi 29 avril 2013, Sainte Catherine et journée de la danse (du ventre ou du scalp au choix !). C'est aujourd'hui que va être révélée aux Français, confondus d'impatience, le Livre blanc de la défense qui a fait l'objet de tant de manœuvres et de tant d'hypothèses depuis quelques mois.

Pour les hypothèses, je reste convaincu, seul contre beaucoup, que la décision soudaine de François Hollande d'envoyer quelques milliers de soldats au Mali lui a été inspirée par l'Etat-major qui en rêvait pour toutes sortes de raisons et le lobby militairo- industriel qu'il a d'ailleurs reçu récemment en la personne des sept principaux acteurs (Dassault, EADS, Thales, DCNS, Nexter, Safran, MBDA) . Souvenons-nous que Tulle (dont F. Hollande fut le maire et qui reste chère à son coeur) est spécialisée dans des activités de défense, même si la manufacture d'armes n'y est plus ce qu'elle fut

Il était donc facile et tentant de glisser dans le tuyau de l'oreille du Président que sa situation précaire sur le plan de la popularité pourrait gagner beaucoup à une victoire éclatante au Nord-Mali (il ne pouvait guère en être autrement) et que sa visite triomphale serait, comme le sabre de Joseph Prudhomme, le plus beau jour de sa vie.

Bingo ! Les prédictions des militaires se sont naturellement réalisées (au prix de quelques centaines de millions d'euros nous avoue-t-on), mais, quand on aime, on ne compte pas ! Ce qu'on avait omis de lui préciser (mais il aurait dû le savoir ou être averti par ses conseillers spécialisés) c'est qu'il était sans doute plus facile d'entrer au Mali que d'en sortir! Notre presse nationale, qui n'a pas ménagé ses cocoricos dans les premiers mois, commence maintenant seulement de nous parler d'un "enlisement" pourtant parfaitement prévisible et pour lequel il me faut me rendre la justice que je l'ai annoncé dès mes premiers posts.

En réalité, nous sommes toujours seuls dans ce que, vu le lieu, j'hésite à appeler la galère malienne, puisque même certaines parties du Nord-Mali sont toujours interdits aux troupes maliennes elles-mêmes ; Kidal n'est toujours occupée que par des Français et des Tchadiens qui restent prudemment dans leurs camps et laissent tout le reste aux mains de ceux qu'on appelle maintenant les autonomistes tamashek après les avoir baptisés "terroristes" jusqu'à ce qu'ils se séparent des "vrais" et se rabibochent (mais pour combien de temps ?) avec nous.

Mais revenons à notre Livre blanc de la défense.

Savez-vous ( et ce point annonce déjà le sujet de mes prochains posts) qu'il y a un budget en France plus important que celui de la défense?

Je ne parle pas de celui de l'éducation nationale qui est à peu près le double (60 milliards d'euros à la louche contre une trentaine) mais celui de ... la formation professionnelle ! Ce sera mon prochain sujet et il n'est pas triste !

Le rapport Perruchot qui portait, pour une bonne partie, sur ces questions a été interdit de publication en 2012 ce qui est proprement incroyable !

Si le budget de la défense tourne autour de la trentaine de millions. Il sera donc grosso modo maintenu et l'on avait soigneusement nourri et entretenu la crainte d'une réduction pour faire du simple maintien une décision jugée heureuse. Vieille stratégie politique qui marche toujours! Celui de la formation professionnelle, en revanche, oscille entre 33 et 35 milliards d'euros selon les données, sans qu'on sache au juste, ce qui vous montre d'ailleurs soit le degré de précision de nos finances, soit les cachotteries qu'on nous fait.

Le pire est toutefois que ce budget français de la formation professionnelle qui est, dit-on, le plus élevé d'Europe et, d'après les experts et les constats que nous pouvons faire sur le chômage, également le plus inefficace. Cette filière comprend nombre de mystères dont, après d'autres (des mystères comme des experts), je vous parlerai plus longuement dans la suite.

Si je puis me permettre une suggestion à notre vénéré Président je crois qu'une façon heureuse et peut être efficace de régler à la fois les problèmes de l'armée comme de la formation professionnelle serait de fondre ces deux institutions et ces deux budgets.

Vous avez peut-être remarqué d'ailleurs que, dans la publicité de l'armée française, figure le fait que c'est l'armée qui, en France, recrute le plus de gens, tout en assurant, pour beaucoup, une formation professionnelle. (Ne serait-ce que par le passage du permis de conduire). Dès lors, pourquoi ne pas transformer l'armée qui, à mon sens, ne sert pas grand-chose (car, lorsqu'il faut vraiment intervenir, comme en Côte d'Ivoire ou au Mali, quelques milliers d'hommes, les forces dites "spéciales", suffisent et il en est point besoin de 200.000 militaires) en un système de formation professionnelle qui rendrait utiles beaucoup de militaires et formeraient professionnellement, sous un contrôle plus rigoureux, beaucoup de gens sans travail ni formation.

C'était là, comme toujours, un conseil gratuit d'Usbek & Co Consulting !

À demain donc pour l'approche du grand mystère de la formation professionnelle.

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