L'aspect le plus
intéressant et le plus significatif de la situation actuelle n'est en rien
l'affaire Cahuzac, car on finira bien par savoir la vérité ; le dernier acte le
plus réussi serait, sans doute, de voir Monsieur Cahuzac venir, le 19 avril
2013, s'expliquer devant l'Assemblée nationale, ce que tout le monde semble
redouter, au PS surtout.
En revanche, le
comportement de nos politiques est admirable car il est, à la puissance 2,
celui de tous les Français. On le constate partout et toujours, les Français
sont, en effet, tous pour les réformes ... à condition cependant qu'elles ne
les concernent pas eux-mêmes. Nos femmes et nos hommes politiques qui sont des
Français présentent donc cette caractéristique, mais, si je puis dire, "au
carré". Il est évident, en effet, que le "dégraissage du millefeuille",
métaphore bizarre qui devient l'expression à la mode, en combinant, d'une façon
inattendue et inadéquate, le mammouth de Claude Allègre et le millefeuille
administratif, les atteint doublement dans leurs œuvres vives puisque il les
toucherait à la fois dans les monopoles électoraux dont ils bénéficient et au
portefeuille, directement, par les indemnités liées aux différentes fonctions
mais surtout par l'atteinte à tous les bénéfices annexes qu'ils en retirent,
quel que soit leur degré de latence et d'illégitimité.
Question simple ; comment simplifier sans toucher au cumul des mandats et surtout des privilèges. Ah qu'est jolie et riche de sens la double signification, dans notre langue, du mot MANDAT!
Question simple ; comment simplifier sans toucher au cumul des mandats et surtout des privilèges. Ah qu'est jolie et riche de sens la double signification, dans notre langue, du mot MANDAT!
Ces dernières
années, il m'arrivait assez souvent de passer devant la luxueuse villa du
quartier Mazarin d'Aix-en-Provence où avait (je ne sais pas pourquoi j'use ici
de cet imparfait quand le présent serait de toujours de mise) le privilège de
résider le directeur local de la Banque de France. Depuis la réforme de 1998,
qui a porté l'euro sur les fonts baptismaux financiers et créé la Banque
centrale européenne, je ne sais pas trop à quoi s'occupe exactement l'abondant personnel
de la Banque de France (13 009 personnes fin 2010) dans ses 131 agences régionales
en France. Ce personnel constitue d'ailleurs l'un de ses records de pléthore
administrative dont nous demeurons les fiers titulaires, puisque notre chère Banque
de France a le privilège de compter, à elle seule, plus d'employés que les seize autres banques centrales de toute la zone
euro, à en croire le rapport de la Cour des Comptes du 12 février 2012.
J'ajoute que ce même rapport de la Cour des Comptes de 2012 signale, et ce
n'est pas pour étonner, que la Banque de France présente des "sureffectifs"
qui, en moyenne et à la louche, peuvent être évalués à 10 % (ce qui paraît bien peu mais ce doit être selon les "normes" de l'établissement), sans parler du
nombre très excessif des implantations régionales, dont le nombre est supérieur
à celui des départements puisqu'on n'en comptait 131 (pour votre information et
en passant, la Bundesbank allemande prévoit pour 2017, 31 caisses régionales
quand la France en aura encore, semble-t-il, 105).
J'observe en
passant, d'ailleurs, qu'on peut s'interroger (mais peut-être l'ai-je déjà fait
?) sur la Cour des Comptes elle-même, puisque ses rapports, toujours fort
intéressants et éclairants, ne servent A RIEN puisqu'ils ne sont pas contraignants et moins encore coercitifs. Cette noble institution n'a aucun
pouvoir de sanction ni même de contrainte ; elle a, en revanche, le mérite de
fournir par ses nombreux rapports, copieux et toujours bien informés, la matière
de réjouissants articles à notre presse écrite et audiovisuelle nationale qui
s'épargne ainsi un travail qui serait le sien mais qu'elle serait bien
incapable de faire. On sait, en effet, que la Cour des Comptes n'examine que
les comptes et non les comptables, ceux-ci ne relevant que de la Cour de
discipline budgétaire qui elle, en revanche, ne s'intéresse pas aux comptes
eux-mêmes ! C'est étudié pour !
Si notre Banque
de France comptait 13 009 employés fin 2010 (et je puis vous assurer que
ce sont là des fonctionnaires privilégiés auprès desquels les autres
sont odieusement exploités), on envisage d'ici 2020 la disparition de 5000
emplois. Là aussi, rassurez-vous, ce ne sont que des départs à la retraite, mais
fort curieusement, on va aussi recruter 2500 personnes ! On se demande
un peu comment par quel paradoxe arithmétique, on aboutira à la réduction des
effectifs qu'on annonce pour 2020. Sans doute, comme l'annonçait l'autre : « Demain
on rasera gratis ».
J'entendais
l'autre jour le directeur général de la Banque de France causer dans le poste
... pour ne rien dire d'ailleurs, mais fort heureusement le journaliste qui l'interviewait
apparemment ne voyait aucun paradoxe dans l'existence de tels effectifs vu les
finalités et activités de cette noble institution ; il s'est donc bien gardé de
poser la moindre question à ce sujet et l'entretien fut aussi courtois que
parfaitement dépourvu de contenu. C'est l'avantage en France on peut toujours
compter sur les journalistes pour ne rien dire.
Demain je vous
raconterai une histoire encore plus belle que celle-ci car je la connais bien, celle
des zones franches douanières de la Haute-Savoie !
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