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vendredi 21 juin 2013

Sale temps sur la France : tornades et conférence sociale. Le point de vue du Huron.


Je ne sais pas trop comment il faut interpréter cette convergence observée lors du 20 juin 2013 qui, fort heureusement, n'était ni le jeudi précédent (le 13 !) ni un vendredi. Le "communiquants" élyséens y avaient pensé dans leur choix, fort heureusement et, par là, ils ont évité à notre Président de braver le ciel, ce qui n'est pas dans sa nature et avec lequel il est un peu brouillé depuis son élection (N'a-t-il pas dit que "gouverner c'est pleuvoir" ?). La France a connu, en tout cas et en même temps, deux événements, l'un climatique et l'autre social qui ne sont pas sans quelque parenté : les tornades et la conférence sociale.

Pour les premières, on a fait pour le mieux ; la visite du Président de la République accompagné du ministre de l'intérieur (lassé des visites mortuaires dans les "quartiers"), et surtout la déclaration de catastrophe naturelle, qui conduira à l'indemnisation par les assurances et somme toute, une fois le traumatisme de l'événement passé, relanceront quelque peu l'activité économique et donc l'emploi.

Il en est tout autrement de la conférence sociale ; certes, elle a permis à Madame Parisot de jeter ses derniers feux, avant qu'elle passe le relais à Monsieur Gattaz dont on nous proclame, urbi et orbi, qu'il est un "self-made-man", ce qui ne manque pas d'amuser tous ceux qui se souviennent du règne de son cher papa sur le patronat français. Le pire pour le gouvernement est que les syndicats ont mis en place de nouvelles têtes qui doivent se faire un nom, surtout Monsieur Lepaon à qui l'idéologie de son syndicat interdit naturellement de faire la roue dans les médias!

Si la CFDT se montre, comme souvent, accommodante, FO et la CGT seront en première ligne pour s'opposer à toute réforme, ce que l'on comprend aisément à la fois au vu de leur électorat agrippé à ses régimes spéciaux ) et du passé professionnel de leurs dirigeants (T. Lepaon est dans le syndicalisme depuis près de trente ans), même si B.Thibault jouit désormais d'une retraite bien méritée (à 53 ans !) et si J.C. Mailly a si peu réellement travaillé au cours de son existence qu'il peut consacrer toutes les forces ainsi accumulées à la défense des travailleurs.

Comme toujours, c'est le point de vue du Huron que j'exprime ici (pour d'autres Hurons) et je ne suis en rien spécialiste des retraites et moins encore des tornades, dont vous observerez que je me suis abstenu de trop parler, du moins au point de vue de la météorologie.

Je constate, une fois de plus, que l'on parle d'unifier les retraites du privé et du public alors que chacun devrait savoir et dire que les fonctionnaires n'ont pas une retraite mais une pension qui est inscrite sur le Grand Livre de la dette publique. Il en résulte que si, durant leur carrière, ils cotisent bien effectivement pour leurs vieux jours, en théorie du moins, leur pension leur est due par l'État jusqu'à leur mort, qu'il pleuve ou qu'il vente si j'ose dire.

L'incidence du chômage (que ne connaissent pas les fonctionnaires) est donc bien moindre que dans le cas du privé, même si, évidemment, l'activité économique générale (y compris l'emploi) est de la plus haute importance pour abonder les ressources de l'État. Cela dit, il y a déjà, pour les artisans je crois, un système de retraite par points qui me paraît avoir des avantages, même s'il se heurte à l'hostilité des syndicats hostiles à tout changement par attachement aux régimes spéciaux.

D'une part, ce système existe déjà ; il consiste dans l'accumulation, au cours de la carrière, de points dont le total, au terme de la vie professionnelle, permet de calculer le montant de la retraite. Dès lors, on supprime le problème, effectivement curieux mais dont les causes sont aisément explicables, de savoir si on calcule la retraite sur les 25 meilleures années ou sur les six derniers mois. Dans la fonction publique, cette dernière disposition amène, sans vergogne, à distribuer généreusement les promotions chez les fonctionnaires, non pas au mérite mais à ceux qui sont près de la retraite afin d'en faire augmenter le montant. Cet usage n'a rien de mystérieux et, dans toutes les commissions de l'administration, cet argument est constamment avancé pour promouvoir Pierre plutôt que Paul dans la mesure où le premier est à quelques mois de la retraite, le reste important peu.

Ce système des points a, en outre, l'avantage, du moins tel que je crois le connaître, qu'il permet d'ajouter, d'une certaine façon, une forme de capitalisation par l'intéressé puisque il est possible, si on le souhaite, d'acheter des points, pour augmenter sa retraite en investissant, non pas dans une quelconque mutuelle (des fonctionnaires ou d'un autre métier) mais dans l'achat de points qui augmenteront le nombre dont on disposera au moment de la retraite. Ce système a l'avantage, à la différence des fonds de pension privés, de ne pas être soumis à la fois aux aléas de la bourse et aux manœuvres des escrocs.

Cela dit les solutions qu'on entend agiter le plus souvent, (de l'augmentation du nombre d'annuités au départ plus tardif à la retraite), ont déjà été plus ou moins évoquées voire esquissées. Dans le contexte de l'emploi que nous connaissons actuellement, elles sont totalement illusoires, puisque le principal problème auquel nous sommes confrontés, est l'activité de ceux qu'on appelle pudiquement les "seniors". On sait que le taux d'emploi des plus de 50 ans en France est l'un des plus bas d'Europe ; par conséquent, prétendre faire travailler plus longtemps ces "seniors" ne reviendra, en fait, qu'à les payer comme chômeurs en attendant qu'ils aient droit à leur retraite. Une telle mesure, dans le contexte actuel, est si absurde qu'on a peine à croire que des esprits raisonnables puissent l'envisager ou même l'évoquer.

En tout état de cause, il y a là aussi un fait économique et social que nos chercheurs en sciences humaines et sociales du CNRS devraient étudier.

Comment et pourquoi persiste cette croyance aberrante, qu'avait déjà dénoncée il y a un demi-siècle le Club de Rome, et qui conduit à penser que la croissance des Etats du Nord et de l'Europe en particulier se poursuivra indéfiniment et qu'il faut nécessairement que le pouvoir d'achat y croisse chaque année d'un ou deux pour cent ?

Une telle idée était évidemment déjà absurde il y a cinquante ans ; elle l'est plus encore aujourd'hui où ce qu'on appelait autrefois le "Tiers-Monde" et qu'on nomme aujourd'hui, pour partie, les "pays émergents" a de moins en moins envie de se laisser dépouiller et exploiter par le Nord.

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