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lundi 10 juin 2013

Transparence, translucidité, opacité


Selon ma vieille habitude, je donnerai ici , en prélude à une approche plus politique, l'initiative aux mots plutôt qu'aux idées, car il est clair que, si l'on peut parfois tirer des idées des mots, très souvent les mots qu'on est amené à utiliser trahissent dans la suite les idées qui les ont suscités.

Les couples de mots qu'on peut tirer des termes qui constituent le titre de ce blog ne sont pas équivalents.

 "Transparence" est, en ce moment, beaucoup plus fréquent que "transparent" car, si la droite juge souvent notre Président "transparent", tout le monde s'accorde sur la nécessité de la "transparence" en particulier pour ce qui touche les patrimoines et les revenus des élus. Fort heureusement pour nos politiques, ces biens ne sont pas eux-mêmes "transparents" et les procédures qui sont mises en œuvre pour leur inventaire ne favorisent guère la "transparence". Je n'en parlerai pas aujourd'hui car cela nous amènerait trop loin et ce sera l'objet d'un autre post dans la suite.

Dans le couple "opaque-opacité", l'adjectif "opaque" paraît au contraire plus fréquent que le substantif "opacité" alors que dans le cas de "translucide", il n'y a aucun doute et si "translucide" est un adjectif assez courant, on peut raisonnablement s'interroger sur l'existence même et plus encore sur l'emploi du nom "translucidité" qui pourtant figure en bonne place dans les dictionnaires.

Il faut en venir ici aux définitions mêmes de ces termes qu'il est assez facile de résumer ainsi.
La transparence se définit par la qualité de permettre le passage des rayons lumineux et ainsi la possibilité de voir clairement ce qui est placé derrière un matériau transparent. C'est le cas d'une vitre.

A l'opposé, si j'ose dire, l'opacité est le caractère d'un matériau qui ne permet pas le passage des rayons lumineux et, par conséquent, empêche de voir ce qui est de l'autre côté. Une plaque de bois ou de carton est opaque et elle s'oppose à ce qu'on puisse distinguer ce qui est derrière elle.

Un matériau translucide se situe à cet égard, en quelque sorte, entre la transparence et l'opacité, puisque, s'il laisse passer les rayons lumineux, il diffuse la plupart de ces rayons et de ce fait empêche de distinguer clairement les objets qui sont derrière lui
On voit immédiatement, à la lumière, si j'ose dire, de ces définitions et au vu du comportement de la plupart de nos hommes politiques, que s'ils rejettent, sous la contrainte de l'opinion, l'opacité qui empêcherait de connaître les détails de leurs revenus et de ce qu'il regarde comme leur vie privée qu'ils préfèrent de très loin la translucidité à la transparence.

Dans la mesure où la translucidité est, en quelque sorte, au "miyeu" de la transparence et de l'opacité, F. Hollande aurait été bien inspiré de la choisir ; il aurait pu par là se ménager un espace pour une évolution libérale voire disent les mauvaises langues (vertes ?) socio-centriste. En effet, si l'opacité a, de toute évidence, les faveurs de la droite, comme l'ont montré les trésors soudains révélés du Medef et en particulier des métallurgistes, et si la transparence inspire relativement peu de socialistes mais à toutes les faveurs des écologistes, on comprend que le choix médian de la "translucidité" aurait permis de trouver un successeur tout désigné à Jean-Marc Ayrault en la personne de l'homme du "miyeu" François Bayrou, qui préférerait de toute évidence, vu ses convictions centristes, la translucidité à la transparence ou à l'opacité.

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