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lundi 30 mai 2011

La communication marche au radar.

Comme j'ai eu l'occasion de le dire dans un blog précédent, j'ai peine à croire que l'agitation et les débats autour de la question des radars soient, par le plus grand des hasards pré-électoraux, de simples cacophonies gouvernementales, comme une gauche naïve et qui juge des autres à son aune, veut nous le donner à croire.

J'ai déjà exposé mon hypothèse qui est que toute cette affaire, après l'échec de l'opération sur le RSA, s'inscrit dans une entreprise de communication électorale visant la réévaluation du bilan du mandat présidentiel. Il s’agit de prendre le contre-pied du thème de l’autisme sarkozien, illustré surtout par deux grosses affaires sensibles, les retraites et la réduction du nombre de postes de fonctionnaires. On renonce au débat sur le fond (en dépit de la force incontestable des arguments comparatifs) pour une démonstration « in vivo » de l’écoute du bon peuple par le pouvoir.

Il s’agit de donner à penser qu’existent de prétendues divisions gouvernementales, de préférence sur des sujets mineurs, et qu’elles prouvent le caractère non-monolithique et même démocratique du pouvoir. On connaît la musique !

Si l'on prend le cas du RSA contesté par Laurent Wauquiez, comment faire croire à quiconque que le ministre ait pris une telle position sans le feu vert voire l’encouragement de Nicolas Sarkozy alors que on murmure qu'il serait un des successeurs possibles de Christine Lagarde à Bercy ? Peu importe d'ailleurs car DSK a fait foirer l'opération médiatique et anéanti le buzz espéré. On en a donc tenté une autre en touchant un sujet plus sensible pour les Français que Georges Pompidou définissait, dans son bon sens et en fin connaisseur car il en était un lui-même, comme des maniaques de la bagnole.

Le sujet, mieux choisi, a suscité une vive émotion en touchant à la fois les automobilistes eux-mêmes (surtout les deux ou trois millions qui possèdent, d'ores et déjà, des détecteurs de radar parmi lesquels les VRP, dès lors excellents agents de communication), mais peut-être surtout et aussi le lobby des fabricants de ces détecteurs et des téléphones qui en font désormais fonction et qui n'ont pas manqué d'agiter l'épouvantail économique du chômage pour la défense de leurs propres intérêts, selon une méthode parfaitement éprouvée et dont je parlais hier encore, à propos d’un tout autre sujet.

J'ai par hasard entendu, dimanche 29 mai au matin, sur une radio que je n'ai pas pris la peine d'identifier, un débat de plus à ce propos avec en particulier quelqu'un qui était clairement le représentant du lobby des fabricants de ces produits. La discussion, dont le fond importe peu, puisqu’on va, selon le plan prévu, vers une solution de compromis, qui démontre toujours comme prévu :
1. que ce gouvernement écoute les Français (même et surtout quand ils disent des sottises),
2. qu'il est ouvert au compromis (surtout si le problème en cause est pour lui qu'une importance secondaire, le seul important étant la réélection de Nicolas Sarkozy),
3. que la solution choisie ménage à la fois l'appétit de vitesse, non sanctionné pour les maniaques du volant, et les intérêts des fabricants de détecteurs de radar.

Ce débat a également permis de mettre en évidence, comme toujours, l'absence totale d'esprit critique, pour ne pas dire la servilité, du journaliste qui s'est bien gardé de souligner la faiblesse insigne des arguments de son interlocuteur et le fait que seule la défense de ses intérêts personnels le guidait dans cette affaire.

Je vous la fais courte (comme il est toujours nécessaire dans un blog). On ne touche en fait à rien et on se bornera à baptiser les détecteurs de radar, toujours autorisés, « détecteur de zones dangereuses », qu'il y ait ou non des radars en dans le coin.

Mort de rire ! Connaissez-vous, sur l'une ou l'autre des routes françaises, une zone qui ne soit pas potentiellement dangereuse ? Les montées et les virages où il n’y a jamais de radars ne sont-ils dangereux ?

Le journaliste, dans un moment d'égarement sans doute, ayant posé une question relativement raisonnable (« Que va-t-il se passer pour les trois millions d'appareils déjà en circulation et qui signalent les radars et non les zones dangereuses ? »), le représentant de l’honorable corporation des fabricants de détecteurs a répondu aussitôt en bottant en touche et en bredouillant qu'on allait voir et qu'on allait organiser des concertations avec le gouvernement sur ce sujet. Nous voilà informés et surtout rassurés.

Il est évidemment stupide voire criminel, après avoir installé des radars sur le bord des routes pour repérer les conducteurs dont la vitesse est excessive, de permettre aux plus aisés d'entre eux d'équiper leurs bolides de détecteurs qui les avertissent la présence de ces mêmes radars et leur permettent de ralentir durant quelques secondes pour échapper aux contrôles dont ils sont prévenus. Les pauvres, eux, n’ont qu’à payer les amendes et perdre leurs points. En outre, ces équipements sont en usage sans doute depuis dix ans mais il a fallu une année préélectorale pour qu'on prenne conscience du problème. Le prétexte de l’augmentation du nombre des morts par rapport à l’an dernier est une blague de plus ; ce n’est là qu’une question de nombre de week-ends et surtout de météo !

En l'occurrence, le coup a été bien joué. On se gagne la sympathie des piétons, des conducteurs raisonnables et des victimes potentielles des chauffards en faisant croire qu'on s'occupe de la sécurité mais, en même temps, on légitime, par un artifice sémantique dérisoire (le passage de « radar » à « zone dangereuse »), un usage que le moindre bon sens devrait conduire à interdire totalement puisque le système des détecteurs de radar, loin de freiner les appétits de vitesse des maniaques, les encourage au contraire puisqu’ils peuvent, dès lors, se livrer impunément à leur délire favori.

1 commentaire:

Marc a dit…

Stratégie de diversion et piège à gogos ? Les deux, mon colonel !

En dehors de tout débat sur les automobilistes friqué et les autres, il faut bien analyser les chiffres fournis servant de base au train de mesure/ukaze gouvernemental.

On y lit que 30% des accidents mortels sont dus à l'alcool. On y lit que 50% des accidents urbains sont dus aux piétons et que le reste met majoritairement en cause les deux roues dont la circulation entre deux voies n'est pas remise en cause.

La réponse est l’abandon de toute prévention, sauf mesurette imposant aux neo possesseurs de deux roues de suivre une formation de quelques heures. Un peu léger.

Le coût de 1000 radars pédagogiques oscille en 4 et 9 millions d' Euros et autant pour le démontage des panneaux, ce qui à l'époque du non remplacement des fonctionnaires fait désordre.

Aucune formation systématisée à la conduite n'est prévue dans l'éducation nationale.

Aucun plan d'envergure n'est annoncé pour combattre l'alcoolisme au volent, alors que les "sources" (restaurants, boîtes et autres abreuvoirs) sont identifiés et les plages de consommation connues.

J'ai acheté un Coyotte après m'être fait flashé deux fois sur des voies rapides urbaines à 57 km à 2h du matin. Cela coûte effectivement la peau du dos mais me permet SURTOUT de connaitre la vitesse autorisée instantanée, les panneaux de limitation de vitesse semblant être dispersés au gré de quelques poètes fonctionnaires des DDE. Je respecte autant que faire se peut les limitations et considère mon véhicule comme une des armes les plus mortelles jamais inventées par l'homme.

Encore une fois, un véritable problème et de fausses solutions qui ne servent à rien, sinon à alimenter le budget de l'état.

Cordialement