Je dois sans doute avoir l'esprit mal tourné (et vous vous en êtes rendu compte depuis bien longtemps) mais je n'ai pas pu m’empêcher ce matin, en ouvrant un oeil et ma radio pour les informations de la nuit, de penser que le choix du jour (ou en tout cas de l'annonce) de l'exécution de Ben Laden ne relevait en rien du hasard. Comme le montre la précédente parenthèse, je ne suis pas totalement sûr que les faits se soient déroulés selon la chronologie officielle qu'on nous annonce ; il ne serait pas donc pas impossible que l'on ait gardé sous le coude la nouvelle de la mise à mort de Ben Laden, comme, dans le passé, pour des raison bien différentes, dans les cas des morts de Franco ou de Tito, dans l'attente d'une opportunité particulière sur le plan de la communication politique, interne et/ou internationale.
Le bombardement par les forces de la « coalition » de la villa du fils de Kadhafi, qui a conduit à la mort du père et de ses trois enfants, rappelle des souvenirs fâcheux (le bombardement américain qui avait tué sa fille !) et il n'a sans doute pas été, sur le plan de la communication, une très bonne affaire. Certes le chapeau est, cette fois et dans cette affaire, partagé entre plusieurs têtes en particulier celle de l'ONU et celle de l’OTAN, mais on sait, dans un cas comme dans l’autre, le rôle que les États-Unis jouent dans toutes les décisions de ces instances et l’intérêt secret qu’ils portent aux problèmes libyens tout en restant à l’écart, en apparence du moins.
Les diverses contorsions mettant en avant le canadien Bouchard, commandant de l’OTAN pour les opérations en Libye, n’y changent rien et la Maison Blanche, par la voix de son Secrétaire de presse Jay Carney, sans reconnaître quelque reponsabilité que ce soit, a bien dû se déclarer au courant des faits eux-mêmes. Toutes les dénégations ont donc été des plus molles ; en revanche Kadhafi, lui, n’a pas manqué d’organiser la visite des lieux pour toute la presse internationale et il est clair que l'état des décombres et les objets qu’on y voit montrent clairement qu'il s'agissait d'une habitation familiale et non pas, comme le prétendent l'ONU et l’OTAN, d'un centre de commandement militaire. L'effet global a donc été désastreux et devait être amplifié encore aujourd’hui lors des funérailles des victimes.
Il y avait donc urgence communicationnelle ! Faute de pouvoir nier les faits, la seule solution restait d'essayer d'en contrecarrer l'effet par l'annonce d'une nouvelle plus sensationnelle encore qui occuperait tous les médias et les détournerait de parler de l'affaire de Tripoli, même si l'enterrement des enfants était un morceau de choix pour toutes les télévisions du monde.
L'annonce de la mort de Ben Laden a donc été un parfait contre-feu médiatique pour occulter l’énorme bavure collatérale de Tripoli. La chronologie des événements est-elle réelle ? A-t-on décidé de tuer Ben Laden à la suite de Tripoli ou l’a-t-on ressorti du frigo pour la circonstance ? Ce n'est là qu'un détail et il importe, somme toute, assez peu.
Il est évident, en tout cas, que cette affaire constitue un parfait lancement pour la campagne électorale qu’Obama vient manifestement d'engager et dans laquelle, sur le plan intérieur au moins, il marque un point décisif aux yeux de l'opinion puisque que Bush et les Républicains n'avaient jamais réussi dans l'entreprise. Il est vrai que Ben Laden, comme beaucoup de choses en ce bas monde, n’est plus ce qu’il était et que ses protecteurs pakistanais l’ont depuis longtemps abandonné, tout en le gardant comme éventuelle monnaie d’échange. Ainsi n’ont -ils n'ont sans doute pas renoncé, même si le tarif a probablement baissé, à percevoir les quelques dizaines de millions de dollars qui étaient promis à qui faciliterait capture ou exécution.
Il est d'ailleurs significatif que, dans cette affaire, si les choses se sont passées comme on nous l'a dit et où on l’a dit, que on l’on n'ait pas choisi de prendre Ben Laden vivant (comme Saddam), ce qui non seulement aurait été infiniment meilleur au plan de la communication (en particulier en levant définitivement tous les doutes sur l’identité réelle du cadavre exhibé), mais aurait permis de maintenir l'affaire sur le feu et d’en prolonger l’effet jusqu’à l'élection américaine proprement dite .
On ne fait pas toujours ce qu'on veut et il faut de temps en temps se contenter du beurre, sans pouvoir garder en même temps l'argent du beurre et s’offrir, en outre, la crémière !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire