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lundi 9 mai 2011

Messi ou Messie ?

J'étais fermement décidé, depuis le début des disputes autour de la fameuse question des quotas dans le football français, à ne pas m’en mêler vu le niveau lamentable des débats et de la claire volonté, du côté du pouvoir, d’augmenter encore la liste, dejà longue, des procès faits à Médiapart.

Il y a, en effet, bien d'autres sujets à traiter en ce moment, mais, malheureusement, comme je l'ai déjà souligné dans un post il y a quelques jours, je n’ai jamais partagé l’euphorie politique générale sur les « printemps démocratiques ». Comme j’étais un des rares à le prévoir, les lendemains ne chantent pas ni en Tunisie, ni en Libye, ni en Égypte, ni en Syrie. Ils ne chantent pas davantage en Haïti où l'État entre dans une semaine particulièrement difficile. En effet, si le président Martelly a été élu, sans que son élection entraîne des conséquences fâcheuses et si l’on a cru possible un accord avec le parti de son prédécesseur, « Sweet Micky » se trouve désormais dans une situation difficile. On se demande en effet comment il pourra mettre en place un gouvernement dirigé par un homme dont la majorité parlementaire ne veut pas et surtout sans que soit opérée la réforme de la constitution qui devrait avoir lieu avant 9 ou le 11 mai (on ne sait plus trop !). En effet, la minorité parlementaire conteste les 18 changements dans les résultats électoraux opérés par la Commission électorale après le deuxième tour des législatives. Ce ne serait pas trop grave, à la limite, si la réforme constitutionnelle en cause n'exigeait un quorum des deux tiers, qui ne peut être atteint si les députés et sénateurs minoritaires continuent à faire défection et à refuser de venir siéger. Comme le président Préval quitte ses fonctions le 14 mai 2011, on comprend la gravité de la situation.

Dès lors, les contorsions franco-françaises autour de la question des quotas chez les jeunes footballeurs admis dans le centre de formation national paraissent bien dérisoires, d'autant que tout cela semble tenir à la fois à des malentendus et aussi, sur un plan plus général, au fétichisme excessif du politiquement correct.

En 1998, lors de la victoire dans une Coupe du monde à Paris, triomphe dont quelques aspects demeurent un peu obscurs, la France s’était flattée de son équipe « blacks- blancs-beurs ». Il ne serait donc ni scandaleux ni stupide de se demander quelle doit être la proportion dans l'équipe de chacun de ces éléments ethniques qu’on avait été assez imprudent pour désigner comme tels. On peut penser que la composition de l’équipe de 1998 avait été été déterminée par la qualité de chaque joueur à chaque poste, sans la moindre considération pour son appartenance ethnique, dont la loi française refuse d’ailleurs la prise en compte, même dans les recensements et donc, a fortiori, au plan sportif et/ou professionnel.

En 1998, il avait été évidemment stupide et imprudent à la fois de se flatter de cette répartition puisqu'elle ne pouvait relever que du hasard et non d’une politique sportive nationale. Il ne s’agissait donc en rien de « quotas », ce que pouvait donner à penser une telle formule. Il aurait été aussi imbécile et scandaleux de se priver d’un joueur de talent au motif qu’il aurait porté au-delà du tiers visé son « ethnie » d’appartenance, que d’introduire dans la sélection un joueur médiocre, dans le seul but d’atteindre le tiers attribué à son groupe ethnique par une règle stupide. Si, par hasard, aucun joueur beur n’avait été désigné, par son talent, pour occuper l’un ou l’autre des postes de la formation, il n’y aurait eu aucune raison d'en sélectionner un, simplement pour maintenir un absurde équilibre ethnique.

Il y a en fait deux problèmes que beaucoup confondent soit par ignorance, soit par sottise et éventuellement pour les deux raisons.

Le premier est l'affaire des « bi-nationaux », c'est-à-dire des jeunes joueurs auxquels la Fédération française de football (la FFF) offre une formation technique gratuite durant leur jeunesse. Il est clair que cet investissement vise aussi à ce que, éventuellement dans la suite, ils puissent être sélectionnés pour jouer en équipe de France. S’ils sont bi-nationaux, dans l’état actuel des choses, ils peuvent choisir (et ce choix sera ensuite irréversible) de jouer dans leur équipe nationale (en Afrique ou ailleurs). Il n'est donc pas illégitime de penser qu'on pourrait leur demander, puisqu’ils bénéficient d'une formation gratuite pendant des années, de s'engager, dans la suite, à jouer en équipe de France. Après tout, c’est ce qui se passe en France, lorsqu'on passe un concours comme l’agrégation ou lorsqu’on entre dans de « grandes écoles » comme l'École normale supérieure où l'ENA. Les études sont offertes par l'État et l'on perçoit en outre une rémunération, mais on signe alors un engagement de servir l’Etat qu'on doit respecter durant un nombre donné d'années, faute de quoi on est tenu de rembourser le coût des études. Pourquoi ne pourrait-on imaginer un système de cet ordre qui règlerait définitivement ce genre de questions ?

Le principal problème n'est toutefois pas là, au point de vue sportif surtout. Je ne sais lequel les protagonistes de l’affaire aurait parlé de joueurs « grands et costauds » donc blacks ! Les grands « costauds » seraient-ils exclusivement des Africains et les Arabes comme les Européens ne seraient-ils que des mauviettes. Comment nos Chabal et Douillet peuvent-ils laisser tenir pareils propos ?

Il y a là un malentendu qui tient à l’ignorance même de l’évolution du football. On a assisté à une évolution technique, qui a conduit, pour partie, chacun le sait , à l’usage de produits anabolisants. Cela a fait que, dans les dernières décennies, dans bien des sports, la taille et le poids des joueurs ont globalement augmenté, même si on n'a pas atteint, dans le football, les sommets que connaît, par exemple, le rugby. Les « packs » (les huit joueurs de la mêlée) qui, il y a 20 ans, pesaient aux alentours de 750 kilos, y frôlent désormais la tonne ! On voit donc de plus en plus de joueurs de football qui ne sont plus les petits formats d'antan, mais qui atteignent (blancs ou noirs) le mètre 90 ou même dépassent les deux mètres comme l'international anglais Crouch.

Cette évolution n’est pas forcément, loin de là, un plus dans la technique individuelle des joueurs et tous les spécialistes ne s’en réjouissent pas, sans faire la moindre référence à la couleur des joueurs ! On peut remarquer que les trois meilleurs joueurs du monde (le trio au sein duquel a été désigné le dernier « ballon d'or ») est constitué d'un Argentin (Messi) et de deux Espagnols (Iniesta et Xavi Hernandez) qui sont très loin d'être des grands costauds (1,70 pour les deux derniers, le meilleur d'entre eux, Messi, prétendant à 1,69) ! De ce fait, on peut légitimement s'interroger sur la politique globale actuelle qui, dans des schémas de jeu très défensifs, recrute volontiers des grands costauds (quelle que soit leur couleur). Certains, (et cela paraît être le cas de L. Blanc) peuvent donc rêver de retrouver de grands techniciens et de fins stratèges comme Kopa ou Platini, pour prendre de grandes références inévitablement anciennes, car les tendances du recrutement français moderne ne sont pas allées dans ce sens. Tout cela n'a rien à voir avec la couleur bien évidemment !

Dans ces débats, la plupart des intervenants ne connaissent à peu près rien au football et ils le montrent souvent dans leurs propos. Une petite illustration comique de la chose dans une récente émission d’Yves Calvi où le problème a été abordé. L'inévitable Patrick Lozès ayant évoqué la venue d’un Messi, le grand spécialiste de la démographie qui lui faisait face, lui a répondu vivement, en déclarant de façon inattendue, dans sa première phrase, qu'il était lui-même « agnostique ». Il avait simplement confondu « Messi » et « Messie » ! La messe est dite !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est quoi un messi ? comme je ne vais pas à la messe, j'ai rien compris à cette histoire. Déjà qu'on mélange la nationalité avec la couleur de peau, si on ajoute la religion, ça va être coton pour définir des quotas.

Anonyme a dit…

Cher JM
Les cotas c'est toujours quoton !
Usbeque