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samedi 31 août 2013

Boillon gras

L'arrestation de Boris Boillon et de sa mallette lourde de 350.000 euros en billets de 500,le 31 juillet 2013,  à la Gare du Nord me conduit à republier, pour partie et avec quelque aménagements (en particulier pour le titre qui de "Boillon de culture" devient "Boillon gras"), l'un de mes posts de 2010. La première phrase est quasi prophétique comme vous le constaterez d'emblée.

"Boris Boillon. Voilà un homme qui a su, pour partie involontairement sans doute, faire le buzz.

Comme Cronin dans Les clés du royaume, que j’ai lu quand j’étais petit, j’aborderai le sujet par « Le commencement de la fin ».

Sans que j’ai bien su si c’était par « Facebook » ou par « Copains d’avant », notre héros ; Boris Boillon (BB2 pour faire plus court mais aussi le situer par rapport à la première) a conquis, en un instant ou presque, la gloire médiatique grâce à une photo de lui placée dans l’un ou l’autre de ces réseaux. Je dois à la vérité de dire que, peu familier de tels lieux de la toile , je n’ai pas eu le courage d’aller vérifier, me satisfaisant d’abord, dans un premier temps, avant investigation plus précise, de la photo de BB2 brandie avec indignation par Marine Le Pen, qui la jugeait attentatoire à la dignité du corps diplomatique français.

Il est vrai qu’après examen, plus approfondi mais facile, car tous les sites de videos l’ont reproduite à l’envi, je dois dire que la photo de son Excellence Boris Boillon n’est pas piquée des vers ni même des hannetons. Je pense qu’elle a été faite, par ses soins, pour participer au concours de la meilleure photo de couverture pour le magazine Têtu ! Elle a sans doute été jugée trop peu originale, car on en avait déjà vu une bonne douzaine du genre, même si les modèles, dans ces cas, n’étaient pas en général des ambassadeurs de France. Peut-être ce cliché aurait-il été plus apprécié si son Excellence y avait été saisi dans un moment spécifique de sa vie professionnelle, une remise de lettres de créance par exemple. En revanche, cette photo, en maillot de bain moulant (style Jean-Marie Bigard ou, mieux encore, Franck Dubost), le torse épilé et huilé mettant en valeur des abdominaux chocolatés, soigneusement travaillés avant et en vue de la prise de vue.

En tout cas, après avoir posé quasi nu, voilà BB2 « habillé pour l’hiver » ; les émissions satiriques, des « Guignols de l’info » (en baisse ! Au secours Gaccio !) au « Petit Journal » de Yann Barthès (en hausse) vont s’en donner à coeur joie durant une bonne quinzaine (et plus si affinités !).

« Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents communistes » était le titre d’un film de Josiane Balasko ; Boris Boillon l’a eue, lui, cette chance ; il en a hérité un prénom russe et une initiation à l’arabe qui a été à l’origine de sa fortune diplomatique. En effet, ses parents (des enseignants « pieds rouges ») sont partis en Algérie pour aider à la décolonisation du nouvel Etat. BB2 y a donc, été, inévitablement et sans mérite particulier, initié à cette langue jusqu’à son retour en France.

Etudes parisiennes modestes (IEP et INALCO) ; n’étant pas énarque, il ne pouvait guère espérer mieux qu’un poste de consul en fin de carrière. En fait, il sera nommé ambassadeur à 40 ans après de fructueux passages dans la mouvance de Nicolas Sarkozy, au ministère de l’intérieur d’abord, puis à l’Elysée. C’est sa connaissance de l’arabe qui est à la base de ses promotions. Cette circonstance amène d’ailleurs à s’interroger sur l’usage, plus intelligent, que pourrait faire la France, dans sa politique extérieure, des Français issus de l’immigration dont les savoirs culturels et linguistiques seraient sans doute utiles dans divers lieux du monde.

« Le commencement de la fin ». J’ai vu BB2 pour la première fois, comme tout le monde, chez Denisot, à un « Grand journal » de Canal +, fin novembre 2010. Il y a fait un numéro assez insupportable de suffisance et de satisfaction de soi, agrémenté de rodomontades ridicules sur ce qu’on allait voir, grâce à lui, en Irak, pays qu’il a quitté quelques semaines plus tard ! Il y a parlé, en particulier, de son amitié avec Kadhafi, faisant un éloge ému de ce dernier et confiant, non sans satisfaction, que Mouammar l’appelle « son fils ». J’ai appris, dans la suite, que sa fortune auprès du président de la république tient au rôle majeur que BB2 a joué dans la libération des infirmières bulgares, dont le succès a été attribué, ensuite, urbi et orbi, à Cécilia, pour les raisons que l’on sait !

Passons sur les détails. Vu cette première prestation à Canal +, la suite ne m’a guère étonné et en particulier son comportement, inoui de morgue, d’arrogance et surtout de sottise, à l’égard de la journaliste tunisienne (une femme donc !) qui interviewait le tout nouvel ambassadeur de France, à peine débarqué. Sans vouloit tirer sur une ambulance, deux remarques pour conclure sur le personnage. Obligé de faire amende honorable, il l’a fait en arabe, en ânonnant laborieusement un texte qu’il lisait manifestement mot à mot. D’autre part et surtout, un ambassadeur de France, qui a dû aller un peu à l’école, devrait savoir qu’on « présente des excuses » et qu’on ne « s’excuse pas », car si l’on peut « s’excuser » soi-même, à quoi bon faire une telle démarche ?".

Peu fait pour la diplomatie (on l'a vu, de toute évidence, il ne devait cet emploi qu'à la faveur du prince), Boris s'est reconverti, avec succès semble-t-il, dans le transport des valises, sans savoir que, quinze jours plus tard, la mort allait le priver du coûteux mais précieux secours de Jacques Vergès, le spécialiste en la matière, auquel je reviendrai lundi.

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