Vous aurez sans doute reconnu dans ce titre la parodie du titre de l’immortel ouvrage de Jean-François Copé paru en 2006, Promis ! J’arrête la langue de bois ! dont nous avons pu constater, à l’usage, chez son auteur, depuis bientôt un lustre, les effets stupéfiants.
Plus récemment, de la droite à la gauche, on a observé, pour une fois, une rare unité de pensée (l’usage de ce dernier terme apparaît quelque peu excessif et même tout à fait inadapté en pareil cas) devant le classement des plus flatteurs obtenu par la France dans les statistiques sur la démographie européenne. A ce que l’on nous dit, nous y occupons la deuxième place (2,01 enfants par femme), juste derrière l’Irlande (2,07 enfants en 2009). Voilà qui nous met bien loin devant la moyenne européenne (1,6 % en 2009) et nous donne d’espoir, tant pour l’avenir de notre pays que pour nos retraites, dans l’hypothèse toutefois où les bambins annoncés trouveraient un jour, devenus adultes, un emploi.
Je n'ai pas pu faire, la semaine dernière, le post sur le sujet que j'avais médité à ce propos, suite au « C dans l’air » du 19 janvier 2011 qu’Yves Calvi a consacré à ces glorieuses statistiques démographiques sous le titre « 1 Français sur 107 terriens » ; je reviens donc à ce sujet, car me semble-t-il, il en vaut la peine pour l’illustration parfaite de la « langue de bois » et du « politiquement correct » actuels.
Cette émission ne présentait d’intérêt que par la claire connivence des participants à éviter le point central du débat, pourtant évident : « Pourquoi naît-il plus d’enfants en France qu’ailleurs ? ». Serait-ce le climat ? Le modèle Bayrou ? La tradition du « french lover» ? Nul n’a osé avancer l’une ou l’autre de ces hypothèses !
Il y toutefois eu un épisode amusant, lié aux propos du seul véritable spécialiste des quatre intervenants, Gérard-François Dumont, géographe de Paris IV, membre, nous a-t-il précisé, de je ne sais quel comité Théodule chargé de ces problèmes démographiques.
Au milieu de propos lénifiants, G-F Dumont, qui arbore en permanence le sourire de celui à qui on ne l’a fait pas, a murmuré, à un moment, une phrase, à peine audible, à propos de la démographie française, en précisant que le département français qui occupait la tête du classement national pour le taux de fécondité était la Seine Saint-Denis (le 93 comme on dit désormais).
L'intérêt de la chose n'était pas tant dans l'information elle-même que dans la façon dont il l'a livrée, à peine audible et avec la claire volonté de passer le plus vite possible à autre chose. Comme aurait dit le bon Homère, « à peine ces mots avaient-ils franchi la barrière de ses dents », qu'il glissait vers un autre sujet, sans attacher la moindre importance à ce détail qu’il n’osait pas pourtant ne pas évoquer. Yves Calvi, qui, habituellement, est un peu plus vigilant sommeillait, sans doute, gagné par la torpeur qu'on prêtait aussi parfois au bon Homère.
On peut naturellement s'interroger sur ce détail et, peut-être, là aussi, aventurer quelques hypothèses. La fécondité des femmes de la Seine-Saint-Denis s'expliquerait-elle par un déterminisme géographique qui, dans ce seul département, déclencherait chez elles des processus hormonaux spécifiques engendrant une fertilité plus grande ? Le taux de chômage exceptionnellement élevé dans le 93 conduirait-il maris, amants et concubins, dans leur oisiveté, à féconder plus souvent et plus activement leurs compagnes ? Bref, on peut trouver toutes les explications qu'on veut mais j'en ai personnellement une autre.
Elle tient à ce qu'ayant vécu quelques années à Marseille, dans un quartier populaire où la langue la plus parlée n’était probablement pas le français et où les familles maghrébines, africaines ou comoriennes (Marseille est, pour la population, la deuxième ville des Comores) étaient fort nombreuses (aux deux sens du tour !), j'ai gardé quelques images qui m'inspirent ici cette hypothèse. Je revois, sur le boulevard de Paris, toutes ces mères de famille africaines ou comoriennes que j’y croisais habituellement. Souvent opulentes, dans leurs costumes bigarrés, elles avançaient sur le trottoir, entraînant dans leur sillage majestueux trois ou quatre marmots qui trottinaient derrière leur maman. Je me demande donc si cette image ne fournit pas tout bêtement d'explication que je cherche.
Comme on le dit ailleurs de façon plus sérieuse et plus austère : « Si la France est la championne européenne des naissances, elle le doit surtout à ses immigrés »
Veut-on, non des impressions mais des chiffres ? Un Rapport annuel (un peu ancien mais les choses n’ont guère changé) sur l’immigration et la présence étrangère en France, émanant de la Direction des populations et migrations, montre qu’en France, en 2004, sur 800 000 naissances, 150 000, soit 19 %, étaient d’au moins un parent étranger, contre 120 000 en 2000 (13 % des naissances de l’époque). Sans cet apport, l’indicateur de fécondité aurait été, en 2006, de 1,7 au lieu de 2 et il en est évidemment de même pour toutes les années qui suivent !
Je ne veux nullement ouvrir ici un débat sur cette question dont les données sont évidentes et tout à fait disponibles sauf pour ceux qui entendent continuer à fermer les yeux sur ces problèmes et surtout n'en point parler. Il est, à cet égard, tout à fait significatif de consulter dans l’Index mundi les données mondiales sur la croissance démographique. J’y ai découvert des choses un peu étonnantes comme le fait que le podium est occupé par les Emirats Arabes Unis (3,69 enfants par femme) et le Koweit (3,55), le Niger (3,68), que je croyais mieux placé, n’occupant que la deuxième place. Je constate sans surprise que la France peut encore nourrir des espoirs avec Mayotte, puisque notre futur département ultramarin se classe 6ème (avec 3,32 enfant par femme). On ne doit pas s’étonner outre mesure, en revanche, de voir très mal classé (avec 0 enfant par femme)... le Saint-Siège !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
1 commentaire:
Superb post but I was wanting to know if you could write a litte more on
this topic? I'd be very grateful if you could elaborate a little bit more. Thank you!
Here is my web blog - Sac Louis Vuitton Pas Cher
Enregistrer un commentaire