J'ai écouté ce mardi 31 mai 2011, Jean-Louis Borloo chez Bourdin sur RMC à 8:15. Amusant ! Moins pour ce qu'il a dit car, en fait, il n'a rien avancé ni d'étonnant ni de formel ou de définitif que pour la "manière" et le ton.
On avait déjà vu une première et inattendue mutation du personnage au moment du remaniement et de son départ/éviction du gouvernement.
À la veille du remaniement ministériel, beaucoup, en effet, le donnaient comme futur Premier Ministre. Le personnage le plus important de la vie politique française fut alors, pour un moment, de ce fait, le coiffeur de celui qu'on donnait comme le futur occupant de Matignon. La coiffure de Borloo, souvent en bataille voire hirsute, était soudain devenue sage et policée, une vraie coiffure de Premier Ministre. Hélas, dans la suite, le politique ne s'est pas aligné sur le capillaire.
Ce matin, modeste et simple auditeur de la chaîne de radio RMC et non spectateur privilégié de BFM-TV, je n'ai pas pu voir comment était coiffé et vêtu Jean-Louis Borloo. En revanche, n'étant pas distrait par l'examen de sa chevelure, je l'ai écouté très attentivement ; j'ai été frappé par le fait que s'il n'avait peut-être pas encore le plumage d'un président, il en avait déjà en tout cas le ramage.
Comédien de talent (n’est-il pas avocat, ce qui est, à peu près, la même chose ?), Borloo est tout à fait capable d'adopter un ton quelque peu faubourien lorsque les circonstances l'exigent ou que le public l'apprécie ; ce n'était assurément pas le cas ce matin et le ton de Borloo avait changé, évoluant vers une lenteur et une gravité déjà majestueuses, voire présidentielles ; si les paroles de sa chanson n'étaient pas des plus originales (la jeunesse, l'éducation, etc.), l'air était déjà présidentiel.
Je partage assurément les doutes qui sont émis par beaucoup de commentateurs sur le caractère définitif de la décision de se présenter ou non contre Sarkozy. Plus que quiconque, il en mesure assurément lui-même à la fois les risques et les avantages.
L'avantage c'est naturellement celui d'être en position, comment que tournent les choses, de monnayer son désistement contre le poste de Premier Ministre, avec cette fois-ci, des assurances que Nicolas Sarkozy sera bien obligé de lui donner publiquement. Naturellement, cela impliquera de la part du candidat à la candidature un renoncement final qu'on ne manquera pas de lui reprocher, comme, actuellement, on lui fait grief d'avoir été, des années durant, dans des gouvernements par rapport auxquels il ne marque que maintenant, donc très tardivement, sa différence.
S'il va jusqu'au bout de son projet et maintient sa candidature, le risque est que ni Sarkozy ni lui même ne se trouvent au second tour, si leurs divisions permettent au candidat socialiste et Marine Le Pen d’arriver en tête au premier.
La décision est assurément difficile à prendre et la conduite des opérations très délicate ; il est en effet obligé de naviguer au plus près. Il ne doit pas se brouiller trop définitivement avec Nicolas Sarkozy, qui laissera assurément à ses spadassins le soin de ferrailler avec Borloo (ils ont déjà commencé d'ailleurs) mais il lui faut néanmoins pour être crédible marquer fortement et clairement sa différence.
On peut certes compter sur Borloo pour placer quelques banderilles qui, sans être des bottes assassines, vont piquer fortement le président actuel, non sans le fâcher fortement en secret. Je n'en retiendrai qu'une, placée dans son discours du matin, dont je ne sais pas si elle a frappé les auditeurs mais qui a, en tout cas, retenu toute mon attention. La voici sous sa forme rigoureusement exacte (elle vise la conduite des affaires et la solution des problèmes de la France) : « La réponse est rarement chez le titulaire du poste"). Diable ! Suivez mon regard! La formule est rude si elle se veut prémonitoire !
Bourdin, pour une fois, s'est montré assez percutant (par hasard?), sans aller toutefois jusqu'à oser parler à Borloo de son très cher ami Bernard Tapie, dont les centaines de millions accordés par le jury mis en place par Mme Lagarde, pourraient lui être bien utiles dans une campagne éventuelle, même si dit-on, Jean-Louis a dans ses bottes le foin que les vaches de la région de Valenciennes, affectée par la sécheresse, n’ont pas dans leurs mangeoires.
À la question de Bourdin sur la date de son choix définitif, en dépit de ses rodomontades, le possible candidat à la candidature n'a pas donné de réponse nette. Il a comparé une campagne électorale à une ascension de l'Himalaya et, pour user de sa propre métaphore, il s'en est dit au premier camp de base. Il se décidera, dit-il, entre l'été et l'automne, ce qui, dans le calendrier ordinaire, correspond très exactement au 21 septembre. Il faudra donc ce jour-là être fort attentif.
Bourdin a surtout chicané Borloo sur ses différences avec la majorité de droite, lui que n'avait pas tourmenté, semble-t-il, ses nombreux séjours, divers et prolongés, au sein de gouvernements issus de cette mouvance. L'ancien ministre a joué sur le velours avec la notion de "solidarité" gouvernementale, version soft de la fameuse formule de Chevènement selon laquelle "un ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne".
J'ai trouvé plus amusante la charge de Borloo contre le surendettement, alors que, depuis des années et avec la bénédiction successive de tous les gouvernements, on encourage toutes les officines que les banques ont mises en place pour favoriser ce surendettement (sans parler de la pub frénétique pour les jeux de hasard!). Sans être en quoi que ce soit désigné pour ce type de sollicitations, je reçois sans cesse des offres de prêts de différents organismes bancaires spécialisés. La télévision et la publicité, des journaux populaires surtout (ce qui montre que la cible est clairement identifiée et visée), ne cessent de nous matraquer, de façon scandaleuse, sur les conditions exceptionnelles que feraient tous les organismes de crédit où, bien entendu, on ne vérifie jamais réellement l'état financier des emprunteurs, ce qui est assurément la meilleure façon de favoriser le surendettement. Vous n'êtes donc pas très sérieux, sur ce point en tout cas, cher Monsieur Borloo!
Jean-Louis Borloo ? Chrysalide (que croquera le moineau de l’Elysée ) ou déjà papillon paré des couleurs vives de l’espoir ?
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1 commentaire:
le Centre émerge d'une droite qui voudrait bien garder la main mais qui s'exaspère de la méthode musclée en place
Je ne sais si ce "mou" va convaincre
Borloo se juche sur sa réussite locale et paraît crédible quand il prône : un problème , une solution
simple? simpliste? séduisant en tout cas quand on se lasse de devoir faire sans cesse la toupie dans la globalisation
efficace? je ne sais
le Centre pour calmer le jeu, incorporer du moelleux dans ce monde brutal
Je pense que ça ne sert strictement à rien et que c'est hyper dangereux
Et je serais déçue de le voir Premier Ministre parce qu'il aura manoeuvré
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