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dimanche 24 juin 2012

L'escroquerie patentée

Reprise d'un blog ancien toujours d'actualité.

Mettant en marche la télévision, un peu au hasard, en venant me reposer un instant, j’ai vu, il y a une dizaine de jours, un reportage sur ces sociétés qui réaménagent les dettes sous le prétexte, le plus souvent, de réduire les remboursements, ce qui m’a toujours paru un paradoxe financier et donc, de ce fait même, un attrape-couillons

Voulant faire un post sur cette expérience télévisuelle (car j’ai pour finir regardé toute l’émission), j’ai cherché à savoir où je l’avais vue et j’ai aussitôt pensé à « Envoyé spécial » . Je suis donc allé sur le site de ce programme et j’ai découvert que le 17 décembre 2009, on y avait programmé «  Les profiteurs de crise », qui consistait en une série de reportages d’Alexandra Deniau, Bruno Girodon et Samuel Humez
.
Ce titre même est assurément tout un programme ! Si le reportage sur le rachat des appartements bradés à Miami m’a laissé de marbre, j’ai trouvé totalement scandaleuse et même intolérable que soit filmée avec complaisance l’activité douteuse de ces officines que la notice du site d’« Envoyé Spécial » évoque en ces termes «  La crise génère des opportunités qu’une poignée de particuliers et d’entrepreneurs s’empressent de saisir […]. Ils rachètent les crédits des ménages endettés […] La crise a du bon pour ceux qui ont trouvé le bon filon. ».

Je n’en dis pas plus ! A vous de juger !

Premier acte : la scène se situe dans le bureau du directeur de la « société de rachat de crédit ». Le patron : un beauf sexagénaire, à la calvitie qu’il doit juger distinguée, un embonpoinr propre à inpirer la confiance, bref le requin se fait dauphin ! Discours quasi philanthropique que je vous épargne ! Bref dialogue du boss avec le jeune cadre dynamique en route pour la chasse au surendetté ; le VRP classique, propre sur lui et le sourire avantageusement carnassier

Deuxième acte. Dans la voiture de fonction du jeune cadre. Sans intérêt

Troisième acte. Arrivée au pavillon de banlieue (acheté à crédit et pas payé !). Le client, un quidam sans le moindre relief, étale ses contrats et révèle l’étendue de son endettement. En gros, il doit verser mensuellement, en remboursement, les deux-tiers de son salaire. Le VRP jongle de la calculette et ahurit le client par ses comptes pharamineux.

Quatrième acte. Coup de théâtre ! Le VRP fourgue insidieusement au client surendetté, dans le cadre du prétendu réaménagement de sa dette globale, UN NOUVEAU CREDIT pour de l’électro-ménager. AUTHENTIQUE, vous vous en doutez !

Cinquième et dernier acte. A nouveau dans le bureau du chef. Arrivés triomphante du VRP qui annonce à son patron épanoui la bonne nouvelle. Il a placé un crédit de plus à la victime et le pigeon est définitivement plumé! Congratulations joyeuses ! Objectifs atteints !

Comment peutè-on tolérer pareilles activités et, en outre, permettre à ces margoulins de faire de la publicité, en particulier, à la télévision. Il est vrai que leur réclame trouve sa place entre celles qu’on fait pour les jeux de hasard, où, sans vergogne, la Française des jeux vous « parie que vous allez gagner » ! Chiche!

Il y a en France un Bureau de Vérification de la Publicité (BVP) qui a pour rôle « de mener une action en faveur d’une publicité loyale, véridique et saine [souligné par moi] dans l’intérêt des professionnels de la publicité, des consommateurs et du public." . Ce même BVP « opère un examen systématique et avant diffusion de l’intégralité de la production publicitaire télévisuelle ».

Défense de rire !

samedi 23 juin 2012

Chroniques marseillaises : le monte-charge politique


On nous a beaucoup parlé de l'ascenseur social qui, nous dit-on, aurait largement cessé de fonctionner dans notre pays. Rassurons-nous, il est en passe d'être remplacé, pour partie au moins, par le monte-charge politique, à Marseille du moins où il s'inscrit désormais dans les curiosités locales.

À ce propos une petite remarque sur les curiosités sociales du coin . Elle concerne la dernière grève à la SNCM qui visait à faire changer les conditions d'activité dans les sociétés de transport maritime autres que la SNCM mais opérant dans la même zone ; il y a déjà sans doute là une première curiosité dans l'histoire même du syndicalisme.

Il y en a toutefois une autre, de nature différente mais tout aussi originale. J'ai entendu en effet, sur une  radio sans doute locale, que sur les 120 grévistes déclarés comme tels à la SNCM, 90 étaient en arrêt pour maladie ! Comme disait un jour, dans la salle de sports que je fréquentais, en poussant un quintal de fonte, un robuste jeune homme qu'un de ses amis croyait au travail : "Mais je suis en maladie !".

Autre trait de moeurs marseillaises, la récente nomination de Karim Zeribi, importante figure de la vie locale, comme député européen. La chose vaut son pesant d'aïoli!

Si Monsieur Zeribi illustre parfaitement le fonctionnement de l'ascenseur social, puisque passé du statut de petit enfant algérien  immigré (devenu footballeur invalide) à celui de président de la Régie des transports marseillais par la grâce initiale de Jean-Pierre Chevènement et du PS, il peut aussi illustrer désormais de façon amusante le fonctionnement, parfois inattendu, du monte-charge politique.

Je vous épargnerai le récit complet de son existence que vous trouverez facilement et dans son détail dans Wikipedia et je me bornerai à l'épisode de son entrée au Parlement européen.

Lors des dernières élections européennes, Monsieur Zeribi, figure connue du socialisme marseillais, espérait fermement une position éligible sur la liste du PS. Patatras ! Voilà que Vincent Peillon, qui pensait lui se faire élire je ne sais plus où dans le Nord-Ouest de la France, s'est trouvé écarté de cette candidature pour je ne sais quelle raison et a été parachuté, contre son gré et dans sa grande colère, à Marseille, au grand dam de Karim Zeribi qui se trouvait auparavant en position éligible sur l'un des deux postes que le parti socialiste pouvait espérer dans la région.

Gros caprice de Vincent Peillon qui tape du pied mais finit par se résigner devant la quasi-certitude de son élection. Dès lors, il en est évidemment tout autrement pour le pauvre Karim Zeribi à qui cet "estranger" souffle, sous le nez, le poste de député européen qu'il convoitait et lui semblait promis.

Légitimement courroucé de ce mauvais procédé et si j'ose dire "vert" de rage, Monsieur Zeribi quitte alors le PS local pour se mettre dans le giron d'Europe Ecologie Les Verts.

Laissons le temps au temps comme disait l'autre. En mai 2012, les événements se précipitent : élection de François Hollande et voilà que le député européen Vincent Peillon se retrouve ministre de l'éducation nationale du gouvernement Ayrault. Il doit donc démissionner et naturellement, son poste à Strasbourg revient à la liste mise en place par le parti socialiste aux précédentes européennes ; libre du fait de la démission de son titulaire, le poste tombe dans l'escarcelle de Karim Zeribi, le suivant sur la liste du PS.

Le plus drôle de la chose est que ce dernier s'est déjà engagé à ce moment-là, sous la bannière d'EELV, dans la campagne de la législative de la septième circonscription de Marseille et qu'il y milite avec ardeur pour la défense de ses chers "Quartiers Nord" auquel il est si indéfectiblement attaché! Il fera un score honorable (21,5%), même s'il ne lui permet pas de se présenter au second tour.

C'est d'ailleurs fort heureux car le paradoxe est que, dans l'hypothèse où il aurait été élu, Karim Zeribi aurait dû choisir entre un poste à l'assemblée européenne et un fauteuil à l'assemblée nationale, donc entre Strasbourg et ses chers Quartiers Nord qui ne doivent pas tenir une grande place dans les débats européens. Rassurez-vous il explique tout à fait son choix, le présentant même comme nécessaire!

Les sages Romains disaient que la Roche tarpéienne était près du Capitole mais l'inverse est également vrai et, de ce fait, le Capitole n'est pas si loin du pied de la Roche réputée fatale si l'on est assez souple pour survivre à la chute.

vendredi 22 juin 2012

Le théâtre diplomatique

Le mois, puis les cinquante jours, de présidence de François Hollande ont eu au moins le mérite de fournir matière à quelques émissions à nos média audiovisuels, toujours à court de matière. J'ai suivi hier l'une d'entre elles, en partie du moins, chez Yves Calvi à 17:45 ; émission intéressante mais qui a le tort de ne pas se renouveler et de nous servir perpétuellement les mêmes menus, surtout avec les mêmes cuisiniers venus, en réalité, y fourguer leur salade éditoriale.

Les compères habituels (Barbier, Cayrol, Jeudy et compagnie) se sont employés, une fois de plus, à mesurer aux millimètre et au gramme près, les talents diplomatiques que François Hollande a mis en oeuvre durant les 46 000 km de voyages diplomatiques qu'il a accomplis depuis son élection. L'acquisition et le luxueux équipement d'Air Sarkozy One auront au moins servi à ce que notre président, frais émoulu, voyage dans de bonnes conditions avec son jacuzzi et sa machine expresso (je ne suis pas sûr du détail de l'équipement complémentaire de cet aéronef car je me souviens seulement qu'il a été extrêmement coûteux !).

Le problème de nos experts est que, quels que soient la personnalité et les mérites des grands de ce monde qui se rencontrent en de coûteuse et exotiques fiestas (de François Hollande à Mme Merkel en passant par Obama et tutti quanti et du Mexique au Brésil, car vous aurez noté que le Tchad et le Groendland sont rarement choisis), tout cela ne sert à peu près à rien! On glose à l'infini sur leur capacité de vision du monde et/ou sur leur talent personnel à convaincre leurs partenaires, alors que, dans tous les cas, ils ne sont généralement pour rien dans l'issue de ces rencontres puisque tout ce qu'ils ont à dire sur les questions qui semblent les occuper et justifier leur présence, leur a été dicté, au départ, à la virgule près, par les "sherpas" et que, dans ces réunions, les déclarations sont, en fait, liminaires et toujours rédigées (également à la virgule près) avant le début de la session.

Si je prends le cas du mini-sommet de Rome (Hollande, Merkel, Monti, Rajoy) dont on essaye de nous faire croire qu'il va sinon sceller du moins esquisser le destin de l'euro et, à travers lui, de l'Europe, il est clair que tout est déjà décidé ; chacun sait déjà exactement jusqu'où il peut exactement avancer ou reculer et s'est employé à y préparer son opinion de la façon la plus flatteuse ou la moins fâcheuse pour lui.

Nous ne sommes plus au temps de Talleyrand et du Congrès de Vienne. Ces réunions ne servent, en fait, rigoureusement à rien, sinon à la communication des politiques ; par là, avec la complicité des médias qui en vivent, ils donnent à croire qu'ils ont un pouvoir de décision et peuvent ainsi cultiver leur image nationale.

Cela fait marcher le commerce et, de ce simple fait, n'est sans doute pas inutile ; il ne faudrait pas toutefois exagérer l'intérêt et la portée de ces théâtres d'ombres ; ils rappellent celui de la diplomatie elle-même qui se croit toujours, dans l'internet mondialisé, au temps de François Premier, au point que le seul grand jour pour un ambassadeur est celui où il présente ses "lettres de créance". MDR!

PS Notre président, grand amateur de foot pourra-t-il suivre le match du jour qui, opposant la Grèce à l'Allemagne, devrait prendre une couleur spéciale dans le contexte si particulier des relations germano-hélléniques!

jeudi 21 juin 2012

Foot et bac (suite). « On nous ment !"

Toulouse étant, une fois encore, sous les feux de l'actualité, comment ne pas reprendre la célèbre chanson du groupe toulousain les Fabulous Troubadours « Il nous ment », en l'adaptant à peine.

« On nous ment, on nous ment,
C’est du vent, on nous ballade
On nous vend que des salades
Y’en a marre des boniments »

À propos du bac, on ne nous ment pas trop, en tout cas pas encore, mais pour ce qui est du foot et de la Coupe d'Europe de football, les mensonges le disputent à la langue de bois dans nos médias.

Je ne parle même pas ici des soupçons qu'on peut avoir du fait de la scandaleuse défaite de l'Ukraine contre l'Angleterre. Le but ukrainien de l'égalisation était parfaitement valable et marqué sous les yeux des cinq arbitres, dont celui qui est spécialement affecté à la surveillance expresse de la ligne de but. Il a été refusé, ce qui arrange bien, entre nous, les affaires de la France, décidément spécialiste des qualifications foireuses, celle-ci s'ajoutant à la main de Thierry Henry ; si le but avait été accepté, comme il aurait dû l'être, rien n'empêche de penser que les Ukrainiens auraient pu arracher la victoire dans la dernière partie de la rencontre et priver la France d'un quart de finale, dont sa prestation contre la Suède a démontré qu'il était parfaitement immérité.

Le problème est que la médiocrité de ce match de qualification (ou réputé tel, car il ne le fut guère) a amené à soulever le problème de la prime de match qui, de ce fait, va être versée aux 23 joueurs (et comme on le verra à quelques autres) en dépit de la parfaite nullité de leur prestation. Il est vrai qu'à l'avantage de la France, la suspension de Philippe Mexès, responsable du premier but suédois, donnera peut-être quelques chances de plus à l'équipe de France contre l'Espagne.

Il est apparu hier, au grand jour et au scandale de quelques-uns (trop rares hélas), que cette misérable qualification pour les quarts de finale allait valoir aux joueurs français une prime de 100.000 euros qui avait été âprement discutée avec les autorités de la Fédération par cinq joueurs de l'équipe dont ce même Philippe Mexès et Florent Malouda.

Bien entendu cette prime sera versée à la totalité des 23 joueurs, y compris ceux qui n'ont jamais mis un pied sur le terrain durant ces trois matchs et donc moins encore durant le dernier. Il est vrai que ceux qui ont pris part à cette partie lamentable ne s'y sont guère plus fatigués que ceux qui sont restés sur la touche à cirer le banc.

La première stupeur qu'on peut avoir lieu, même si cette remarque est un peu inattendue, est la médiocrité d'une telle prime. Si l'on considère que se qualifier pour les quarts de finale est une performance remarquable (ce qu'on veut nous faire croire et qui est bien difficile à admettre lorsqu'on a vu, pour son malheur, la médiocrité des matchs de qualification), cette somme est dérisoire et Mexès ou Malouda ne sont pas meilleurs en négociation qu'au foot! En effet, pour la plupart des joueurs qui vont toucher cette prime, une telle somme représente, en gros, trois jours de salaire ce qui est ridicule!

On doit toutefois s'attarder un peu sur ce point, car il est clair que, comme dit la chanson : "On nous ment ! » En effet il a été avancé par la presse, avant l'épreuve, que le total des primes s'élevait aux environs de 4 millions d'euros. La chose apparaît impossible pour quiconque a encore quelques notions vagues de calcul mental puisque le seul total des primes de qualification pour les quarts de finale des 23 joueurs, qui ne sont pas les seuls à les toucher, atteint déjà 2,3 millions d'euros. Pire encore! Si l'on prend le cas où la France gagnerait la Coupe d'Europe, la prime étant alors de 350 000 €, les seules sommes à verser aux seuls joueurs dépasseraient déjà les 8 millions d'euros. « On nous ment ! ».

Il faut ajouter, et personne n'en parle (et surtout pas Laurent Blanc et le président de la FFF qui s'épanchaient hier sur toutes les radios), les joueurs ne sont pas les seuls à toucher cette prime. S'y ajoutent (et le flou du terme utilisé est intéressant) « l'encadrement » de l'équipe ! Quelles sont les limites exactes de cet encadrement et qui en fait partie au juste? Mystère ! Le "staff" comprend certes une cinquantaine de personnes, mais quid des cuisiniers, des vidéastes, des attachés de presse ou des chauffeurs, car les uns et les autres font partie de la caravane de l'équipe de France de football !

Il est donc certain que le coût des primes, au total, dépasse très largement les chiffres qu'on avance en réponse aux indiscrets assez mal élevés pour poser de telles questions.

« On nous ment, on nous ment,
C’est du vent, on nous ballade
On nous vend que des salades
Y’en a marre des boniments »

mercredi 20 juin 2012

Foot ou bac ?

Je suis ce matin comme l'âne de Buridan hésitant, avant d'écrire ce blog, entre le seau du foot et la marmite du bac ! Commençons donc par le premier pour lequel je serai plus court.

J'ai vaguement regardé hier le match entre la France et la Suède ; il était beaucoup moins réjouissant à suivre que ne le furent, à entendre, les commentaires qui en sont faits ce matin par les participants, entraîneur et joueurs, qui, selon la mode sarkozienne actuelle, avaient reçu, dans la nuit, les "éléments de langage" comme on dit désormais, de la façon la plus sotte et la plus inexacte, car ce n'est nullement du langage qu'il s'agit ! Je ne sais qui s'y était collé, sans doute l'un des CINQUANTE membres du STAFF de l'équipe de France. A cinquante mille euros par mois en moyenne, on doit bien tout de même en trouver un ou deux qui soient capables de se livrer à ce petit exercice d'écriture !

Tout cela est à mourir de rire. Nous avons, avec Laurent Blanc, changé un cheval borgne pour un aveugle ; ce n'est pas 2-0 qu'auraient dû nous infliger les Suédois, qui ne sont pourtant pas des foudres de guerre mis à part Zlatan, mais au moins quatre ou cinq à zéro, si leurs attaquants avaient eu les pieds un peu moins carrés (dans les premières minutes, l'un de leurs attaquants a réussi l'exploit, rare, de mettre le ballon sur le poteau alors que les buts français étaient totalement VIDES, le goal étant à plat ventre à trois mètres de là) et si notre gardien de but avait été moins inspiré, nous sauvant ainsi la mise trois ou quatre fois. Les Français, qui ont fait tout le match a petits pas, sans le moindre tir cadré ou possible, n'ont même pas transpiré et, sauf l'exalté Ribéry, aucun d'entre eux n'a même couru.

En revanche, ce matin, tous ont ânonné les "éléments de langage" qu'on les avait prié d'essayer de retenir et de débiter dans les médias ; ils y alliaient tous la modestie et la sympathie, avec chez la plupart d'entre eux la promesse de faire fois la prochaine mieux. Il ne reste plus qu'à prier pour que les Espagnols leur infligent une correction monumentale, ce qui semble peu probable, car les hidalgos semblent plus préoccupés de jouer à la passe à dix que de mettre le ballon au fond des filets de l'adversaire.

Comme les médias audiovisuels ne nous épargnent aucune sottise, les élucubrations footballistiques des "experts" ont été concurrencées, ce matin, par les considérations sur le baccalauréat où l'on a entendu tout et son contraire.

Si je n'ai été, dans ma vie sportive, qu'un piètre footballeur (enfant surtout, car ensuite je me suis adonné à d'autres sports), je ne manque pas, en revanche, d'une certaine expérience du baccalauréat, surtout comme président de jury.

Ce matin, j'ai entendu bien des commentateurs qui, clairement, ne connaissent pas grand chose à la question , gloser sur la possibilité qu'il y aurait de remplacer le baccalauréat par un contrôle continu. Pourquoi pas ? Il faut toutefois prendre garde il y a en France un enseignement privé très important mais aussi très inégal et divers, où parfois le contrôle continu, comme les appréciations, peuvent relever de tout autre chose que du contrôle des connaissances proprement dit.

Les jurys prennent ces éléments en considération pour les décisions de rattrapage par exemple, mais ils doivent le faire avec prudence. Il y a, en outre, dans les lycées comme dans les universités (et beaucoup plus dans les secondes que dans les premiers) des enseignants qui assurent leur tranquillité personnelle voire leur incurie professionnelle par une distribution généreuse de notes excellentes, ce qui, en général, coupe court à toute récrimination de la part des élèves et des étudiants comme des parents. Les choses ne sont donc pas si simples qu'on pourrait le penser, même s'il est vrai que, désormais, la quasi-totalité des candidats obtient le baccalauréat, au pire en deux ans, ce qui milite en effet en faveur de sa suppression.

J'ajoute d'ailleurs que le ministère lui-même, via les rectorats, exerce des pressions incontestables sur les jurys pour faire monter les taux de réussite ; les présidents du jury reçoivent des instructions en ce sens, comme si les jurys n'étaient pas capables de se faire un jugement eux-mêmes sur les candidats ont à examiner.

J'entendait aussi ce matin même, à la radio des bignoles et de la bouche d'un intervenant qui me semble être un agriculteur plutôt qu'un enseignant, une remarque sur la rémunération de la correction des copies. Il disait, et la chose peut paraître sensée, que cette rémunération ne devrait pas exister puisque la correction des examens fait partie du service des enseignants ; s'il l'avait su, il aurait pu ajouter à l'appui de sa thèse qu'elle n'est pas rémunérée à l'université. L'argument n'est donc pas stupide mais on doit prendre compte que cette correction n'incombe pas à TOUS les enseignants, mais à une minorité, somme toute très faible, d'entre eux et qu'on regarde, de ce fait, ce travail comme une tâche supplémentaire.

Pour le baccalauréat il me semble que la rémunération d'une copie tourne autour de cinq euros, ce qui peut paraître peu ou beaucoup selon l'idée qu'on se fait de la correction d'une copie de français, d'histoire ou de philosophie. Sauf à pratiquer la fameuse méthode de l'escalier qui consiste à jeter le paquet de copies dans une montée et à mettre 18 à la copie du haut et 2 à celle du bas, en échelonnant les notes des autres selon la place qu'elles ont sur les marches intermédiaires, je pense qu'en moyenne, on ne peut guère espérer corriger plus de trois copies à l'heure ; selon une observation personnelle fréquente, cette moyenne tend à baisser quand la pile des copies déjà corrigées monte. Le pire est atteint quand on commence à compter les copies qui restent à corriger !).

Si l'on prend donc une moyenne réaliste de 2,5 copies à l'heure, le gain espéré est de 12,5 euros de l'heure, ce qui est à peu près le tarif d'une femme de ménage. Faut-il ajouter que, quand il arrive, le paiement en cause n'intervient que des mois plus tard !

lundi 18 juin 2012

François II

François Hollande, qu'on a vu multiplier les références à François Ier ( Tonton) et qui l'imite en bien des points, y compris dans sa vie conjugale, vient, pour son malheur, d'obtenir, dans la nouvelle assemblée, que le parti socialiste y dispose de la majorité absolue.

Voilà qui le met exactement dans les mêmes conditions que Tonton Premier en 1981 et l'on peut craindre que ce soit pour suivre, dans l'exercice du pouvoir, une course parallèle à celle qui avait conduit Tonton à faire succéder à l'euphorie du temps de Pierre Mauroy, la rigueur qui fut celle de l'exercice du pouvoir par Laurent Fabius. L'histoire bégaierait-elle ?

La chance de tout le microcosme politique aurait été, en somme, que la droite garde la majorité à l'assemblée nationale, ce qui aurait permis à l'UMP comme au PS de passer un quinquennat inerte et paisible et surtout, à son terme, de se ménager la sortie la plus honorable. Quels qu'aient été, alors, à ce moment, les bilans de François Hollande et du parti socialiste, ils auraient pu invoquer le blocage des institutions par la majorité parlementaire de droite. De son côté, cette majorité parlementaire aurait pu excuser son inertie par les blocages opérés par le président dans le cadre de la cohabitation. Parfait pour tout le monde !

Désormais, il va en être tout autrement ; on peut donc imaginer que les mois du Premier Ministre seront probablement comptés, car il faudra, tôt ou tard, réellement et concrètement, changer de politique comme Tonton avait dû le faire en remplaçant Gros Quinquin, le Père Noël des débuts, par un Fabius chargé de serrer les boulons.

Nous n'aurons pas tout perdu puisque ces élections ont toutefois eu le mérite de nous débarrasser de quelques figures encombrantes de notre paysage politique comme Claude Guéant, Nadine Morano ou Jack Lang (vous voyez par là que je ne suis pas raciste!).

Autres moments pittoresques de cette fin de campagne et qui nous fait, nous réjouir, a posteriori, que Madame Royale n'ait pas été élue Présidente de la République : les bévues, successives et consternantes, de Ségolène, toutes pires les unes que les autres.

Non seulement elle avait été assez sotte pour annoncer urbi et orbi qu'elle allait briguer, voire exiger, la présidence de l'assemblée nationale (avant même d'être élue et alors que tout indiquait déjà qu'elle n'avait aucune chance de l'être), suscitant ainsi la fureur jalouse de quelques hiérarques du parti socialiste qui convoitaient évidemment ce même poste (suivez mon regard) et qui ont sans doute, en sous main, favorisé sa non-élection.

Toujours mieux, ensuite, pour essayer de les calmer, elle a prétendu alors, mais trop tard, renoncer à l'Hôtel de Lassays. Une fois sa défaite consommée, la voilà qui déclare cette fois se poser en candidate à la succession de Martine Aubry ! On ne saurait, en si peu de temps, accumuler autant de bourdes et on peut penser que, comme pour la présidence de l'assemblée nationale, elle s'emploie à réunir toutes les conditions de son futur et nouvel échec (N'est-ce pas Monsieur Désir?).

S'ajouteront peut-être à ce brillant bilan, des sanctions du CSA puisqu'avant même les 20 heures fatidiques de l'annonce des résultats, Ségolène a fait, devant micros et caméras, état de sa défaite donc d'un résultat interdit d'annonce, surtout dans la crainte que ses larmes retenues et la dénonciation violente de la traîtrise de son adversaire n'aient pas la place qu'elles méritaient dans les médias.

Comment peut-on prétendre à de hautes fonctions politiques en accumulant ainsi les maladresses et les erreurs.

Bref pour François II, on pouvait, jusqu'à présent, nourrir l'espoir, sinon d'une cohabitation, du moins d'une coalition ! Il n'en sera rien et il va falloir tout assumer, non sans risques ; fort heureusement, il lui reste les conseils avisés de Valérie !

jeudi 14 juin 2012

A la Réunion Staline n'est pas mort !


Suite aux élections calamiteuses où le parti communiste réunionnais vient de subir une déroute monumentale (il n'aura aucun élu dans les sept circonscriptions de l'île) le secrétaire général du PCF, Elie Hoarau (arrivé 3ème avec 15,48% !) dans son fief traditionnel derrière le socialiste (élu au premier tour) et l'UMP, a publié le texte suivant qui vaut son pesant d'or politique.

Il faut dire que la déculottée a été rude et même humiliante : Huguette Bello, militante historique du parti communiste réunionnais qu'on avait fini par pousser hors du PCR et qui se présentait comme "divers gauche", venait d'être mise à la porte, pour avoir refusé de quitter sa circonscription pour une autre qu'on voulait lui imposer ; elle a été triomphalement élue au premier tour avec plus de 67 % des voix (record de France non?), tandis que Pierre Vergès, fils de Paul Vergès l'inamovible patron du PCR, n'a même pas atteint 2,5 % des suffrages à Saint-Denis où il s'était présenté. C'est dire l'ampleur du désastre.

Un peu de gaieté toutefois du côté du PCR avec ce courrier d'Elie Hoarau à E. Fruteau qui vaut son pesant d'or politique. Je reproduis ci-dessous l'intégralité du texte (Comment en changer un mot ?) en y ajoutant quelques notes de mon cru pour ne pas en détruire le superbe ordonnancement et la magnifique réthorique stalinienne.
"Cher camarade,
J’ai été surpris[i] de lire dans la presse des propos qui te sont attribués selon lesquels, en tant que militant de base, tu attaques les décisions de la direction du Parti. Tu reproches également à notre direction un manque d’écoute. Tu dis aussi que tu poses le problème du fonctionnement du PCR[ii] depuis 2008. Enfin, tu prêtes à d’autres militants la remarque selon laquelle la direction du Parti aurait soutenu —ce qui est absolument faux— une autre candidature que la tienne, ce qui eut pour effet de te priver de second tour.

De tels propos sont extrêmement graves et m’affectent beaucoup. Je te rappelle que ta candidature a été proposée par l’Assemblée extraordinaire de Sainte-Suzanne, forte de 1.500 délégués dont tu faisais partie. Étant engagé dans une difficile bataille dans le Sud, j’ai réussi malgré tout à me rendre disponible pour chacune de tes sollicitations, et en particulier lors du lancement de ta campagne. Je remarque également que si tu avais le plein soutien du PCR, de ses militants et de sa direction, tu n’as jamais voulu de ta propre initiative te présenter comme un candidat du PCR. C’est Témoignages qui a fait connaitre que tu étais le candidat communiste dans ta circonscription.

Enfin, pour le supposé manque de dialogue[iii], je te rappelles qu’il existe au sein du Parti communiste réunionnais des instances propres au débat. Ce sont le Comité central, la Conférence des secrétaires de section et le secrétariat. Or depuis ta nomination au secrétariat du Parti, tu ne t’es jamais rendu disponible pour y participer.
Avoue que le dialogue est plus facile et plus fraternel au sein des instances légitimes du Parti que par voie de presse. En conclusion, en tant que secrétaire général de notre organisation, je prendrai ma part de responsabilité dans les enseignements que nous aurons à tirer des évènements passés et en cours. Mais il est tout aussi clair que personne n’échappera à ses responsabilités et à son autocritique dans la procédure de refondation que nous avons entamée le 19 février dernier à Sainte-Suzanne. Cette recherche de responsabilité nous concerne tous.
Fraternellement[iv], Elie Hoarau"


[i] Commençons par une note plaisante car les autres le seront moins. Comme aurait dit M. Littré, l'auteur de cette note n'a pas été "surpris" mais "étonné" par sa lecture. On se souvient, en effet, que M. Émile Littré, surpris au lit avec la bonne par Mme Littré revenue inopinément au logis, lui avait fait remarquer, en bon lexicographe, comme elle se déclarait surprise par cette scène, « Non point  Madame, c'est nous qui sommes surpris, vous êtes étonnée ! ».

[ii] Le PCR a subi dans ces élections législatives, au terme d'un long processus de dégradation, dont les signes sont aussi nombreux qu'évidents, la plus sévère défaite de son histoire. En revanche, il avait fait, il y a peu, une belle opération en faisant inscrire au patrimoine mondial de l'UNESCO un " PCR" réunionnais ("Pitons, cirques, remparts", termes géographiques du français régional local), mais sans préciser bien entendu, dans le dossier de présentation, que, pour tout Réunionnais, PCR ne veut dire que "Parti Communiste Réunionnais" ; c'est ce qui explique, bien entendu, que, fort heureusement, n'ait pas été proposé comme acronyme "CRP" ou "RCP"!

[iii] On observe que, tout au long de ce texte, on ne cesse de souligner le caractère totalement démocratique des discussions au sein du PCR et de dénoncer comme absolument infondées les critiques qui ont pu être faites concernant le fonctionnement du PCR et qu'illustre par ailleurs, à merveille, le cas d'Huguette Bello ; tout cela ne date évidement pas de 2008 et il suffit à cet égard d'écouter les propos ou de voir les choix de beaucoup d'anciens dirigeants du parti communiste réunionnais.

[iv] On s'étonne (sans être surpris !) du ton et des protestations multiples de "franche camaraderie" dont le point d'orgue est atteint dans la conclusion, où l'on passe carrément du discours de "camarade" à un "fraternellement" que dément tout ce qui précède. On croyait le temps de l'"autocritique" et du stalinisme révolu ; il n'en est rien ; il se perpétue dans ce Jurassic Park politique et mental qu'est le PCR réunionnais.


mardi 12 juin 2012

Lamentable ou pitoyable ?

Dans ce blog, qui se veut consacré à la situation quotidienne que nous vivons, j'ai hésité entre ces deux adjectifs : "Lamentable ou pitoyable ?" dans une seule et même interrogation.

Même sur le plan sportif on est exposé à ce choix douloureux. Au lendemain d'un France-Angleterre dont on ne sait pas non plus s'il a été lamentable ou pitoyable, en dépit de la satisfaction que nous avons eu d'obtenir un match nul. La rencontre semblait opposer des vétérans exténués et surtout préoccupés de ménager leurs dernières forces en se regardant jouer les uns des autres au milieu du terrain, La seule question est désormais de savoir si, oui ou non, Samir Nasri, après avoir marqué son but, a dit, oui ou non, "'Ferme ta gueule !" à l'envoyé de l'Equipe présent dans la tribune de presse. Pitoyable ou lamentable ?

Au plan politique, en ce jour ultime de dépôt des candidatures pour le deuxième tour, les maquignonnages politiques vont bon train, mais se situent à un niveau dont on ne sait, là aussi, s'il est pitoyable ou lamentable. "Franchement", pour user de l'adverbe qui, de façon inattendue, commence toutes les phrases de nos hommes politiques, les magouilles des états-majors parisiens, au mépris tant des hommes et des femmes politiques du cru qu'à celui des électeurs eux-mêmes,sont à pleurer quand elles ne prêtent pas à rire.

Le Front National, qui n'avait pratiquement aucune chance d'avoir le moindre élu (ce qui il faut bien en convenir pour un parti qui recueille 15 à 20 % des suffrages exprimés est franchement scandaleux) risque finalement d'avoir trois ou quatre élus (ce qui est sans importance ...sauf pour les intéressés)suite aux intrigues de couloirs des différents partis. Une des principales victimes sera sans doute NKM qui, il faut bien dire, sera dans ce cas punie par où elle a péché puisqu'elle avait dit qu'en cas de nécessité, mieux valait voter socialiste que Front National. Marine Le Pen n'a pas manqué de reprendre l'argument pour le lui appliquer.

Lamentable ou pitoyable, la sottise de Ségolène Royal qui a été assez maladroite pour proclamer urbi et orbi, bien avant les élections, sa volonté de se faire élire présidente de l'assemblée nationale. La seule vraie bénéficiaire de cette déclaration, clairement intempestive, a été Mme Lebranchu, à qui l'on a dû attribuer un ministère pour l'empêcher de se poser en concurrente de Ségolène, ce qu'elle aurait vraisemblablement fait avec toutes les chances de succès.

Pour faire place à Madame Royal(e), on a donc viré comme un malpropre le candidat local qui, depuis des années, tenait à bout de bras, semble-t-il, la section locale du PS à travers son université d'été. On l'a même pour faire bonne mesure, exclu du PS (Olivier Falho(r)nni ?), ce qui n'arrange guère les choses auprès de l'électorat local.

Si François Hollande a fait, globalement, dans les premiers temps de son mandat, un sans-faute, on ne peut en dire autant de Martine Aubry pour les derniers mois de sa présence au secrétariat du PS. Tout indique qu'elle va aller en outre soutenir personnellement Ségolène qui sera très probablement battue .On ne peut s'empêcher de penser que, chez la Première Secrétaire, il y a là une démarche qui vise, secrètement bien sûr, François Hollande. Franchement, rue de Solférino la vengeance est un plat qui se mange froid.

Le seul élément drôle dans ce second tour, mais je ne l''ai guère vu  mentionné, est le nom même de la candidate du Front National contre Michel Vauzelle : Maréchal-Le Pen !!!!  Si elle est élue, ce qui semble devoir se produire vu le retrait du candidat UMP, on pourra l'accueillir par un air bien connu: « Maréchal vous voilà... ».

Il y a eu 42 % d'abstentions au premier tour, il est à craindre, devant le spectacle (lamentable ou pitoyable ?) que donnent nos politiques qu'il y en ait davantage encore au second.

dimanche 10 juin 2012

Les hidalgos sont trop!

On se souvient de la formule du regretté Pierre Desproges : "Les Portugais sont gais". Les nouvelles du jour m'en inspirent une autre, de la même veine mais inscrite dans l'actualité : « Les hidalgos sont trop ! ».

Voilà des jours et des jours que les Espagnols se grattent pour savoir s'ils vont ou non demander à l'Europe de venir à leur secours et de leur donner les moyens de recapitaliser leurs banques sans qu'on ait su jusqu'à présent dans quelles proportions. On est passé ainsi de trente à cent milliards d'euros ! La fierté espagnole bien connue (car l'Espagnol est aussi fier que le Portugais est gai et le poète l'a bien dit "L'emphase a frissonné dans sa fraise espagnole" ) empêche, en effet, de faire une telle demande auprès  de l'Union Européenne, ce scrupule étant renforcé bien entendu par la crainte, moins avouable, que ladite Europe ait l'indélicatesse de poser quelques conditions à l'octroi d'une pareille somme, à fonds vraisemblablement perdus.

C'était ce qui s'était passé pour l'Irlande (mais l'Irlandais violent et bagarreur n'est pas fier lui!), il y a quelques années, à qui l'on avait donné quelques dizaines de milliards (76 tout de même si je me souviens bien) mais en assortissant ce cadeau d'un plan de rigueur et de quelques exigences budgétaires fortes, ce qui paraît bien naturel à tout individu pourvu de quelque bon sens et un tant soit peu près de ses sous. Le cadeau qu'on envisage de faire aux Espagnols suscite donc la fureur des Irlandais qui demandent qu'à titre rétroactif, on leur fasse les mêmes conditions ce qui, après tout, est assez logique. Mais l'histoire récente de l'Europe et de l'euro surtout montre que le bon sens ne caractérise pas nos politiques et, pire encore nos financiers !

Comme les hidalgos ne sont pas Irlandais, il semble que l'UE ait ménagé la fierté espagnole (sans doute aussi par crainte d'une Bérézina générale) et qu'on ait partiellement satisfait les exigences des hidalgos, ces cent milliards n'étant pas assortis d'un plan d'austérité et surtout de mesures de contrôle du dit plan. On sait pourtant, depuis Maastricht, ce que vaut la signature des Etats, y compris celle de la France. S'il n'y a pas un contrôle sérieux et strict des finances nationales par une autorité supranationale (donc une limitation de la souveraineté d'Etats sans foi ni loi), on peut signer tous les plans qu'on veut, avec la secrète restriction mentale chère aux Jésuites, de ne pas les respecter.

Comment a-t-on réussi à convaincre les Espagnols de mettre dans leur poche avec leur mouchoir dessus leur ombrageuse fierté ? Ce sont là les mystères de l'Europe où chacun tient l'autre par la barbichette ! Toujours est-il qu'en ce dimanche électoral, tout le monde se félicite et se congratule même si l'avenir demeure pour le moins sinistre.

Puisque nous sommes là dans le monde de la finance, un mot sur une radio que j'écoute assez régulièrement car elle apporte parfois des éléments d'une information un peu plus sérieuse que les autres et n'a pas pour unique centre d'intérêt les chiens écrasés. Il s'agit de BFM business dont le nom est, à soi seul, tout un programme mais qui a le mérite d'annoncer la couleur. J'ai déjà dit combien je m'amuse à voir associées, dans le paysage audiovisuel, RMC, la radio des bignoles (= concierges, pour mes lecteurs étrangers), populaire et populiste, avec BFM business qui est clairement l'organe du grand capital.

Ce qui m'amuse le plus dans les propos que j'entends sur cette chaîne est le contraste entre le discours vertueux de ses "experts", avec en particulier des imprécations contre les infâmes Grecs, peu disposés à payer l'impôt et prêt à toutes les manoeuvres pour y échapper, et les publicités de cette radio (il faut bien vivre et de préférence sur un grand pied) qui reposent essentiellement sur des slogans et des annonces pour payer moins d'impôts ou réduire son impôt sur la fortune, etc. car, bien entendu, cette chaîne ne compte guère (moi mis à part) que des auditeurs soucieux de payer le moins possible d'impôts mais dans des termes apparemment convenables avec peut-être, ici ou là, une petite évasion fiscale pépère.

A mourir de rire!

samedi 9 juin 2012

Grèce et Espagne : Panem et circenses

"Panem et circenses" ; du pain et des jeux suffisaient à Rome à se gagner la faveur du peuple ; sera-ce là notre nouveau "modèle social" européen ?
Tout le donne à penser.

On sait quel immense fiasco financier ont été successivement les jeux olympiques de Montréal et d'Athenes et quel bilan désastreux sera, sans le moindre doute, très prochainement, celui des Jeux de Londres. Il n'empêche qu'on se dispute pour les organiser, surtout ceux qui, à des titres divers, en tire d'immenses profits (savez-vous que vous ne pouvez pas utiliser, dans la même phrase "Jeux" et "2012" sans devoir mettre la main à la poche!) ; ce ne sont évidement pas les mêmes personnes qui recueillent ces bénéfices médiatiques et politiques et qui vont payer l'addition finale, des décennies durant.

On sait qu'en gros les Jeux d'Athènes ont coûté 10 milliards à la Grèce que l'on savait déjà depuis fort longtemps exsangue et surendettée ; il en sera évidemment de même pour les Jeux de Londres. Il n'empêche qu'en Grèce, tant dans la campagne de préparation de ces Jeux que dans leur bilan, personne n'a évoqué l'énormité de la dette qu'ils allaient laisser derrière eux, avec, en outre, des infrastructures qui se sont révélées par la suite inutiles et qui, depuis, sont souvent à l'abandon, à la fois faute d'utilité et de moyens de les entretenir.

Je ne reviendrai pas ici sur le cas de la Grèce où les armateurs n'ont même pas besoin d'être orthodoxes pour ne pas payer d'impôts ! Ce sont là des détails cités cent fois, sans le moindre effet local ; ajoutons qu'on ne parle guère, ni en France ni en Allemagne qui sont les principaux fournisseurs des matériels, du coût colossal du budget militaire grec investi pour se défendre contre une chimérique agression de la Turquie. Comme le sport, les affaires militaires sont des sujets qu'il vaut mieux ignorer ou éviter .

Arrive sur le tapis actuellement le cas de l'Espagne qui n'est pas triste non plus; certes la fin brutale de la folie immobilière est la principale cause de la situation espagnole, mais quand on voit la plupart des rivages de ce pays, de l'Andalousie à la Costa Brava, on comprend que le bouchon immobilier a été poussé un peu trop loin ; tous les Européens du Nord n'étaient tout de même pas prêts à acheter des studios en Espagne ; la spéculation aussi frénétique que cupide, ne s'arrête pas à de si menus détails.

Notez qu'on ne parle guère des aspects financiers du football espagnol même si ce dernier est actuellement très médiatisé puisque les experts s'accordent à prédire une victoire de l'Espagne. A quel prix toutefois?

Ce qui me paraît le plus scandaleux et même totalement fou est que, en cas de qualification pour les phases finales (la moindre des choses pour les champions du monde!) et, a fortiori, en cas de victoire, les footballeurs espagnols vont toucher des primes de quelques centaines de milliers d'euros. Ce n'est pas le fait lui-même qui étonne mais le caractère dérisoire de telles sommes pour les joueurs qui, dans certains cas, gagnent mensuellement deux ou trois fois le prix de la prime. On murmure, en France, qu'à l'énoncé du montant de la prime proposée aux Français en cas de victoire (j'ai oublié la somme elle-même), un joueur aurait demandé à celui qui lui annonçait le chiffre s'il n'avait pas oublié un zéro. Même si elle n'est pas vraie, l'anecdote mériterait de l'être car elle est, en tout cas, significative.

Le Real Madrid, à lui seul, aurait une dette de 600 millions d'euros ; les spécialistes affirment que le total des dettes des clubs espagnols s'élève à 3,5 milliards d'euros. Le pire de tous est en outre que selon ces mêmes experts, les clubs d'Espagne devraient au fisc plus de 750 millions !

Les peuples grec et espagnol glissent vers la misère ; pas grave, du pain et des jeux suffiront à leur bonheur comme à Rome! On peut ajouter, en citant cette fois, Marie-Antoinette "S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche !".

jeudi 7 juin 2012

Politique et oeufs à la coque.


On se souvient que dans les Voyages de Gulliver les habitants de Lilliput se séparaient en deux groupes sociaux, les "Gros Boutiens" et les "Petits Boutiens", selon qu'ils mangeaient les oeufs à la coque en commençant par le gros bout (pour les premiers) ou par le petit (pour les seconds). La question est d'importance en effet et l'on comprend qu'elle ait conduit à un clivage social définitif dans la population.

On peut penser que nous sommes en train de glisser sur cette même pente évolutive quand on voit que, dans la situation où nous nous trouvons, les deux grandes questions dont débat notre presse nationale sont celles de la légalisation du cannabis et de la vitesse de la voiture du Président de la République sur le trajet Paris-Caen.

Non seulement ces deux questions ne me paraissent pas de la plus haute importance mais elles sont, en outre, posées d'une façon totalement stupide voire malhonnête (sur un plan qui n'est hélas pas politique mais simplement mercantile) par les médias.

La recherche, permanente voire obsessionnelle, du "buzz" et de "l'exclu" (pour user de leur vocabulaire) par les radios et les télés a conduit à déformer volontairement les propos de Cécile Duflot qu'il se trouve que j'ai, par hasard, entendus dans l'interview qu'elle a donnée à RMC. Il n'y avait, en effet, aucune raison de la mettre en cause dans cette affaire puisqu'elle a été parfaitement claire dans son propos, en disant, de la façon la plus nette, que la légalisation du cannabis était une position du parti "Europe Ecologie Les Verts", mais que ce n'était, en aucune façon, celle du parti socialiste qui, sauf erreur de ma part, est celui auquel appartiennent le Président de la République, le Premier Ministre et le ministre de l'intérieur de qui relève une telle décision. On a donc clairement déformé ses propos afin de créer, de toutes pièces, un prétendu incident au sein de la majorité. Bien entendu l'opposition a marché à fond dans la combine, mais il est clair que la responsabilité de ce mensonge incombe, directement et d'abord, aux journalistes.

Le second grand événement qui occupe la presse du jour est la vitesse à laquelle a roulé la voiture du Président de la République dans le voyage qu'il a fait en direction de la Normandie pour la célébration de l'anniversaire du débarquement. Le procédé est exactement le même ; on a fait une exploitation politique d'un événement qui a été retracé d'une façon mensongère et, pourrait-on dire, même stupide.

Fallait-il aller en Normandie en voiture ou en avion ? Je n'en sais rien et je m'en moque! Je ne suis pas sûr que l'avion soit un moyen plus rapide, si l'on prend en compte le temps qu'il faut prendre, à deux reprises, pour aller aux aérodromes et en revenir. Les services de communication de la Présidence de la République voulaient-il en faire une preuve de la "normalité" (ou de la "normalitude" comme disent nos crétins, aussi pédants qu'ignorants) de François Hollande, je n'en sais rien et cela n'a, en la circonstance, aucune importance ?

Ce qui est clair, en revanche, est que le cortège présidentiel, que précédaient des motards et des voitures de sécurité, sur une route par ailleurs surveillée, est naturellement, en toute légalité, prioritaire et a donc, comme les pompiers par exemple, parfaitement le droit de rouler à des vitesses excessives par rapport à celles qui sont imposées aux autres conducteurs. On peut même ajouter qu'il y a là un élément majeur de la sécurité du véhicule présidentiel.

Tout ce débat n'a donc rigoureusement aucun sens et voir la presse s'occuper de façon exclusive de telles questions (sans parler du "dépeceur de Montréal" qui est le troisième sujet du jour et qui ne vaut pas mieux) est absolument consternant pour la démocratie française en un temps où, de l'Espagne à la Syrie, la situation est des plus préoccupantes.

Mais, après tout, un pays n'a que la presse qu'il mérite !

mardi 5 juin 2012

Haïti : faut-il une Valérie Pécresse à Haïti ?



Le débat sur l'université en Haïti, qui n'est qu'un aspect du problème général de la situation globale de ce malheureux Etat, est à nouveau alimenté, le 4 juin 2012, par un article du Nouvelliste qui consiste dans une interview du "Docteur Fritz Dorvilier" (Je me demande d'où sort, en Haïti, cette ridicule manie teutonne qui nous épargne encore le "Professeur Docteur"!), auteur d'un ouvrage intitulé La crise haïtienne du développement qui semble être une version destinée au grand public de sa thèse (belge) d'anthropologie. Les vues générales de cet ouvrage qui rappellent, à certains égard, celle si pertinentes de mon ami André-Marcel d'Ans, ne sont pas fausses bien entendu, mais je voudrais ici m'en tenir au problème de l'université.

On sait qu'elle a été fortement éprouvée par le séisme du 12 janvier 2010, aussi bien dans ses établissements privés (l'Université Quisqueya s'est, elle, vite remise de cette épreuve) que dans ses établissements publics, dont le plus éprouvé a été sans aucun doute la Faculté de linguistique appliquée où l'on a compté plus de 200 victimes parmi les étudiants et les professeurs.

Toutefois, cela n'y a pas changé grand-chose au fonctionnement général de l'Université ; les récents et consternants affrontements internes autour de l'élection du recteur et de ses vice-recteurs ont souligné le caractère dérisoire de tels débats dans pareille situation.

Le paradoxe pour Haïti, et il n'est pas mince, est que des facultés comme celle de linguistique appliquée n'ont pas de locaux et ont longtemps fonctionné sous des tentes (je ne sais pas quel est l'état actuel des choses), tandis que, grâce à la République Dominicaine, on a construit un superbe campus à Limonade qui, pour le moment, est totalement vide, faute de moyens et de personnel, mais aussi parce qu'on n'a toujours pas réussi à en définir exactement le statut ni même le nom !

Comme le dit Fritz Dorvilier, pour l'université haïtienne « il faut une réforme structurelle à la fois administrative et pédagogique ». Il faudrait surtout à mon sens que cette université existe dans un projet cohérent et adapté (les meilleurs étudiants haïtiens à Paris viennent y faire de la PHILOSOPHIE!) et qu'elle soit pourvue en premier lieu, dans cette perspective, des moyens et du personnel nécessaires. Il y a sans doute d'excellents enseignants-chercheurs haïtiens dans le monde (j'en connais plusieurs) ; le malheur est qu'ils sont aux États-Unis, au Québec ou en France et non en Haïti.

La politique actuelle de bourses de doctorat ou de "post-docs", suite au séisme de 1012, qui a consisté à donner des bourses pour envoyer de-ci de là à travers le monde de jeunes chercheurs haïtiens est évidemment une stupidité voire un crime car la plupart d'entre eux ne reviendront jamais au pays. Le feraient-ils d'ailleurs (je pense ici aussi au cas très précis d'une jeune linguiste haïtienne qui a soutenu l'an dernier un doctorat en France avec le désir arrêté dès le départ de revenir en Haïti) qu'on s'emploierait à ne pas leur permettre de trouver un poste qui leur permette de rester définitivement et honorablement dans leur patrie. Il est bien plus rémunérateur en effet de jouer les gratte-papiers subalternes pour une ONG que d'enseigner à l'université!

Il s'agit donc non pas d'investir dans la recherche et l'université que de le faire dans une université qui soit en mesure de permettre réellement l'enseignement supérieur et la recherche.

Cette situation me rappelle tout à fait la conclusion du rapport que j'ai fait lors de ma première visite en Haïti, en 1978 ; j'étais alors en mission pour le compte du ministère français des affaires étrangères afin d'évaluer les chances de succès de la réforme Bernard à laquelle la coopération française apportait une aide considérable (1 million de dollars par an et des dizaines de postes d'enseignants coopérants). Au terme de mon séjour j'ai produit un rapport qui a fait quelque bruit dans le landerneau du Quai d'Orsay et probablement en Haïti aussi, car on a dû s'empresser de l'envoyer au ministère de l'éducation haïtien ; j'y avais écrit, d'une façon un peu brutale mais sincère, que pour réformer un système éducatif où qu'il fût, je pensais que la première et indispensable condition était qu'il EXISTAT. On peut faire, pour l'université haïtienne, à quelques notables exceptions près, la même remarque de bon sens !

Fritz Dorvilier, s'il fait un tableau sans concession de l'université haïtienne, me semble avoir des illusions concernant les universités occidentales et particulièrement françaises. Je le cite : « Il faut voir comment les occidentaux plus particulièrement gèrent leurs universités. Il faut savoir ce que représentent quatre années d'études doctorales et l'épreuve psycho-cognitive constitue une soutenance de thèse ». Cette appréciation, en particulier pour ce qui touche la gestion des universités est des plus optimistes, pour ne pas dire totalement erronée.

D'abord pour ce qui concerne le titre de docteur ; j'ai vu dans ma vie une foule d'étudiants échouer (parfois à de multiples reprises) à un concours censé être de même niveau comme l'agrégation ; je n'ai jamais vu personne, s'il s'en donne le temps et la peine, ne pas parvenir à soutenir une thèse de doctorat (quitte, dans quelques cas à la faire faire par un(e) autre!).

L'élection comme président d'une université française résulte d'un jeu complexe où interviennent, en dosages subtils et variables, appartenances politiques, rattachements disciplinaires et affinités syndicales ; inévitablement, la recherche comme l'enseignement universitaire n'y ont guère de place. L'ambition de devenir président d'université ne peut guère être, sauf dans quelques cas exceptionnels, le rêve d'un enseignant-chercheur de grande valeur puisqu'il sait d'avance que, dans ces conditions, il devra renoncer pour cinq ou même désormais dix ans à l'enseignement et à la recherche ; ce faisant, il se place donc fatalement sur une trajectoire administrative et finira probablement dans un ministère ou, au pire, dans un rectorat.

La récente loi Pécresse ou loi LRU qu'on encense sans y rien comprendre, loin d'arranger les choses les a empirées. Pour se les gagner et non sans calcul, V. Pécresse a donné aux présidents d'universités tous les pouvoirs qu'ils voulaient et surtout leur a permis de rester dix ans dans cette fonction, ce qui les écarte, définitivement et à tout jamais, des réalités de l'enseignement et de la science.

Pour en revenir à l'université haïtienne, comme je l'ai dit déjà souvent, le problème n'est pas de la reconstruire mais de la PENSER et de la CONSTRUIRE. Pour cela, il faut évidemment des moyens qu'elle n'a pas mais qui abondent par ailleurs dans une aide internationale qui, comme je l'ai montré dans un précédent blog, retournent pour l'essentiel dans les pays donateurs ou sont confisqués à d'autres fins au lieu de s'investir réellement dans le pays. Le modèle cubain n'est certes pas recommandable à tous les égards, mais, sur ce point au moins, il pourrait inspirer, non pas une inutile réforme mais une véritable réflexion sur la création d'une université nationale.