L'avantage, avec Météo
France, c'est que comme pour la pousse et la chute des feuilles, on peut
reprendre, aux mêmes dates ou presque, des posts antérieurs, ce qui
pour un jour férié est, vous en conviendrez, bien commode. Voici donc, en
reprise, sans en changer un mot, mon texte du 6 juin 2011.
"Depuis quelques
semaines, les météorologues (ou apparentés) régnaient en maîtres sur nos écrans
de télévision. Ils venaient gravement nous expliquer la sécheresse et les maux
qu'elle allait entraîner pendant dans les semaines à venir, sans oser toutefois
nous prédire de façon sûre une canicule meurtrière. À la veille du viaduc de
l'Ascension [ c'était déjà le cas et je
ne change pas une virgule en ce 8 mai 2013, ni le "viaduc", ni la
pluie], des millions de Français se sont donc rués sur les routes (ce qui
était prévu) pour recevoir à leur arrivée sur leur lieu de villégiature des cataractes
de pluie ou des tombereaux de grêlons dont nul n’avait entendu parler par nos
experts dans les prévisions météorologiques de la période en cause. A peine ici
ou là avait-on évoqué la possibilité de quelques orages…
Le plus drôle est
qu’avec ce sens aigu de l’opportunité qui caractérise souvent notre
administration, Météo France a lancé, ces jours-ci, une campagne de publicité
auprès des PME en faveur du recours par elles à ses services. Belle
illustration de ses capacités de prévision !
Je suggérais donc
volontiers, dans le cadre de la RGPP, de réduire, très sensiblement et au plus
vite, les effectifs des services de la météorologie nationale (3500 salariés) et
de revenir au bon vieux temps des grenouilles dont les prédictions n'étaient,
somme toute, pas plus mauvaises.
Les lamentations de
nos paysans devant leurs champs grillés par le soleil ou leurs prairies
asséchées, dont on nous avait abreuvé des semaines durant, se sont soudain
éteintes (mais pas les demandes de subventions !). Il est vrai que la
Communauté Européenne, émue par les plaintes paysannes et les meuglements des
vaches affamées, a permis, dans sa grandeur bruxelloise, que l'on fauchât, pour
nourrir les animaux, les 700.000 hectares de jachère qu’elle avait imposées
auparavant. Il est vrai que pareille décision a nécessité, de sa part, de
longues réflexions ; nous ne pouvons donc que savoir gré aux technocrates
européens de ne pas avoir laissé les vaches crever de faim auprès de champs en
jachère qu'elles n'auraient pu goûter qu'au prix de la violation insupportable
d'une règlementation communautaire.
Voilà que nos braves
paysans qui se lamentaient de la sécheresse sont désormais poussés à un
désespoir égal par la pluie, les inondations voire la grêle qui a saccagé plantations
de melons et vergers ! Je ne parle même pas des zones qui ont été inondées et
qui ont reçu sournoisement (Dame Nature avait omis de prévenir nos
météorologues patentés) en deux ou trois jours les quantités de pluie qui tombent
habituellement en six mois.
Peut-être le modèle
météorologique de l'avenir est-il celui qu’a adopté le « Grand Journal »
de Denisot sur Canal+, par de savants et progressifs glissements. On y est passé de la classique carte
météo du lendemain, présenté par une aguichante potiche, (toutes se sont
orientées dans la suite vers le cinéma) à des bulletins météo sans contenu mais
qui se veulent facétieux, voire égrillards. Y officie actuellement une jeune
Québécoise à la bouche en cul de poule, dont les bouffonneries laborieuses ne
font guère rire que Michel Denisot, à qui le regretté Bruno Gaccio (quand il
officiait aux "Guignols de l’info") faisait toujours énoncer un
piteux « Désolé ! », après lui avoir fait raconter une blague parfaitement
stupide. J’ignore la nature exacte des services que rend cette jeune Québécoise
dans cette émission et qui en bénéficie, mais il faudra la remplacer car il paraît
qu’elle est déjà sollicitée par le cinéma français.
Je dois dire que je
suis un peu agacé par un tic de langue des bulletins météo [ ce tic dure toujours ; il est décidément
"pérenne" - autre tic !]; une formule consacrée s’y s'est répandue
avec la vitesse de propagation de la maladie du concombre espagnol ou du colza
allemand. Elle consiste à prévoir toute température selon la formule : "Les
thermomètres afficheront une
température de X. degrés». Or les thermomètres n'affichent rien du tout ; ils
se bornent à indiquer la température,
sans avoir ni le besoin ni le désir de l'afficher.
Au risque de passer
pour un vieux con (ce qui m’arrive assez fréquemment) et suite à une
conversation téléphonique que je viens d’avoir, je soulignerai que, dans
beaucoup de cas, une pratique simplement correcte de la langue française
facilite beaucoup la communication.
Je me suis ainsi
battu, il y a une demi-heure, avec le numéro d’appel téléphonique d'une carte
de crédit que je ne citerai pas ; on m’y demandait, pour m’identifier de façon
sûre, la date de naissance de ma mère. Soit. Multiples échecs car en donnant
cette date, je coupais automatiquement la communication ! En
désespoir de cause j'ai fini par me demander si ce que l'on me demandait en
fait n'était pas plutôt la date de son
anniversaire (soit quatre chiffres et non pas huit !). Cette hypothèse
s'est révélée bonne et comme j'avais échoué une bonne demi-douzaine de fois
dans cette entreprise, j'ai pris la liberté de tenter d'expliquer à mon
interlocutrice avec qui j'ai enfin eu la liaison, qu’en français, « date
de naissance » n'est pas synonyme de « date d'anniversaire »
puisque, dans ce second cas, on ne mentionne pas l'année. Je ne suis pas totalement
sûr d'avoir été compris par la « conseillère », mais comme j'avais
néanmoins réussi dans mon entreprise, je me suis montré plein de mansuétude, à
défaut d'être capable de faire comprendre la différence à quelqu'un qui était
fermement résolu à ne rien entendre ou totalement inapte à saisir la différence.
Nous voilà bien loin
de la météo ! Si les écluses du ciel largement ouvertes ces derniers jours sur
toute la France nous épargnent l'impôt sécheresse, nous devrons peut-être nous
préparer à subir l'impôt pluviosité.
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