"Quand nous aurons le vote de la population malienne en
direction d’une nouvelle présidence, puis des élections législatives en même
temps que le dialogue, en même temps que la sécurité, en même temps que les
outils du développement économique, que la réinstallation de l’administration
malienne dans l’ensemble du territoire, eh bien je pense que du bon travail
aura été fait."
Et les villes à la campagne alors ?
Et tout le monde riche et bien
portant plutôt que pauvre et malade ?
Telle est la conclusion de L. Fabius, au terme de son voyage à
Niamey puis à Bamako (pas à Kidal rassurez-vous) , après l'adoption par le
Conseil des ministres malien du projet de loi fixant au 28 juillet 2013 le
premier tour de l'élection présidentielle (le second tour éventuel étant fixé
au 11 août) montre que tout baigne, sans que toutefois que le terme précis de
cette si favorable évolution soit précisé davantage.
Le "terminus ad quem"
est, en la circonstance, le plus important mais le plus problématique, voire le
plus incertain aussi ; le "terminus
a quo", lui, il est désormais arrêté puisque les élections auront
lieu, quoi qu'il arrive, y compris dans le Nord-Mali et à Kidal, le 28 juillet,
ce qui naguère encore semblait fort improbable à tous les observateurs, mais
où, comme l'a précisé notre ministre "des dispositions seront prises",
sans qu'on sache en quoi elles consisteront ni comment elles régleront une
question qui est à l'origine de tous les troubles du pays depuis un demi-siècle
et des dissensions entre le Nord et le Sud depuis des millénaires.
Quelques menus détails restent certes à régler, comme l'établissement
de listes électorales et la fabrication, inévitablement postérieure, de
quelques millions de cartes d'électeurs (offrant, s'il vous plait, la photo de
leur titulaire pour éviter toute fraude !). Cette fabrication (des cartes, non
des listes!), comme le précise le ministre français, "a été confiée à une
société" (formule d'un vague qui se veut rassurant, mais sur lequel
l'absence de listes des électeurs jette une ombre d'inquiétude...). Bof ! Tout
cela, vu du Quai d'Orsay, ne pose guère de problèmes.
Deux attentats meurtriers ont été commis tout récemment au Niger ; ces
attaques ont visé un camp militaire nigérien à Agades et un site d'Areva à
Arlit (lieu qui a déjà défrayé la chronique terroriste) donc des intérêts
français. L. Fabius, au Sahel pour la deuxième fois en deux mois, s'était auparavant
rendu à Niamey cette fois-ci. Tout le monde s'accorde désormais, pour le coup,
à mettre en cause la Lybie d'où seraient venus les djihadistes dont certains se
réclament pourtant du MUJAO. Le Premier Ministre
libyen, Ali Zeidan, lui, nie ce point, ce qui rendra sans doute délicate
l'action commune avec cet Etat que L. Fabius nous laisse espérer.
Il est clair que, de proche en proche, les risques
terroristes et le malaise diplomatique gagnent tous les Etats de la zone. Les
Tchadiens se regardaient, non sans quelques raisons, comme la "chair à
canon" des troupes françaises dans le Nord-Mali où ils ont perdu deux ou
trois cents hommes ; l'Algérie s'est vue atteinte dans ses oeuvres vives avec
l'attaque de son champ pétrolier ; le Niger est désormais frappé (une
vingtaine de morts avouée) ; la Lybie, elle, est à nouveau accusée.
Décidément, il se passe toujours quelque chose dans l'auberge
sahélienne et nous ne sommes pas près d'en sortir!
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