Plus
sérieusement qu'hier, je voudrais aujourd'hui revenir sur le cas de Météo
France dont je rappellerai simplement, en guise d'introduction, que le budget
de 350 millions d'euros (pour 2010) est alimenté, pour l'essentiel, par l'État
et qui emploie 3500 salariés dont 1200 sont "décentralisés" à
Toulouse.
La localisation
de Météo France constitue d'ailleurs un point intéressant, puisque son siège a
été installé, fin 2011, à Saint-Mandé, alors que la décentralisation sur Toulouse
date de 1982. Curieuse absence de prévision chez des spécialistes de la chose.
Le lieu choisi, Saint-Mandé, est aussi intrigant ; en la circonstance, l'endroit semble voué à la remédiation de la cécité, puisque l'Institut "le Val
Saint-Mandé" (ancien Institut départemental des aveugles) avait été lui-même
transféré à Saint-Mandé bien avant, en 1889. Faut-il voir une relation de cause
à effet entre ces deux transferts si voisins dans leurs finalités ? Je ne me
hasarderai pas à le prétendre.
Depuis avril
2009, le PDG de Météo France est Monsieur François Jacq. Rien à voir avec
Christian Jaque, immortel auteur de "Caroline chérie", en dépit du
fait que Martine Carol, comme Météo France, est de Saint-Mandé ! De telles
considérations ne sont en rien pertinentes. Monsieur François Jacq, est un X,
ingénieur général des mines, ce qui n'aurait pas dû, logiquement, le conduire à
l'observation du ciel avec la tête dans les nuages, même s'il a débuté en tant
que chercheur au centre de sociologie de l'innovation de l'Ecole des mines,
avant de s'intéresser à l'histoire des sciences, puis de diriger, cinq années
durant, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs. Je ne pense
pas toutefois que ces changements successifs d'orientation et ce parcours,
"à sauts et gambades" comme disait Montaigne, soient à l'origine de l'expression bien connue
"faire le Jacques" même si elle peut parfois (Cf mon cher TLF), sans doute à cause du Maître
Jacques de l'Avare, désigner un homme
propre à tous les emplois.
J'ai lu dans le
descriptif de Météo France que cette institution est signataire du "pacte
PME" qui, à mon avis, ne doit pas s'interpréter comme "Petites et
moyennes entreprises" car, avec 3500 salariés, on ne peut guère jouer dans cette catégorie. PME doit ici signifier plutôt de "Prévisionnistes Médiocres
et Errants".
Ce n'est
assurément pas l'argument publicitaire de Météo France, qui souligne, dans sa
propre hagiographie, que "l'intérêt stratégique des prévisions météo tient
à ce que 25 à 30 % du produit national brut est influencé par la météo"
qui m'impressionne. Que le temps ait une influence sur le PNB (surtout en
matière agricole), je n'en doute pas un instant, mais, justement, le temps qu'il
fait n'est généralement pas celui que Météo France a prévu et il est donc évident
que cet argument ne peut impressionner que les imbéciles !
Qu'on n'aille
toutefois pas me dire qu'on ne réfléchit pas, à Météo France, à la gestion optimale
de cette entreprise plutôt que de s'attacher à prévoir, sottement, le temps
qu'il va faire ; toutes les prévisions de Météo France démontrent le
contraire et, après tout, il suffit, le matin, d'ouvrir en même temps l'oeil et
sa fenêtre pour être fixé!
Non ! Le principal
sujet de recherche et de réflexion dans cet établissement est, en fait, l'orthographe de
son nom comme le montrent ces quelques lignes du descriptif de son activité qui
sont, à mon avis, aussi ubuesques que significatives :
"Le nom officiel de l'établissement contient un trait d'union et des accents dans ses statuts, même si les accents sont supprimés de la plupart des documents publiés par Météo-France (ainsi que de son site internet officiel et de son logo), qui a enregistré les marques commerciales Meteo-France et Meteo France (ainsi que les mêmes noms entièrement en majuscules), afin de faciliter le référencement de ses publications sous un nom unique (le plus souvent écrit sans trait d'union simplement METEO FRANCE)".
Ce ne sont pas
assurément des grenouilles de la concurrence qui, les pauvres, seraient
capables de réfléchir avec une telle pertinence sur une stratégie
orthographique si élaborée. Elle va même jusqu'à se poser le problème de
l'accentuation des majuscules qui pourtant ne sont jamais porteuses d'accents
selon les règles de la typographie française (à la différence de celles
d'autres francophonies).
Mais à force
d'avoir la tête dans les nuages, on finit par la perdre !
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