Je dois des
excuses liminaires à celles et à ceux de mes lecteurs et lectrices qui
attendaient pour aujourd'hui l'illustration, par l'exemple de Télé Matin, de
mon post d'hier sur le fonctionnement fou de France Télévision. Ce n'était
qu'un exemple et il se trouve remis sine
die par une circonstance imprévue.
Pauvre de moi !
J'avais oublié que le 10 mai est la "journée de l'esclavage" depuis
une décision de Jacques Chirac ; j'avoue m'y perdre un peu parmi les 365 "Journées"
de ceci ou de cela (366 pour les années bissextiles, fort heureusement rares !),
entre les "journées de la jupe" et celle du cheese burger ou des cors
aux pieds.
Je n'ai donc
découvert que durant la journée du 10 mai, après avoir publié mon texte sur
France Télévision puis entendu Monsieur Louis-Georges Tin sur RMC, que c'était
la "journée de l'esclavage" ; j'aurais pourtant dû le savoir, car
j'ai fait moi-même, à l'époque, un blog sur le choix de cette date.
Nous n'en avions
hélas pas fini avec la mémoire de l'esclavage. Comme disait Madame Rolland sur
l'échafaud (ce qui n'est pas encore mon cas, mais ça viendra !) :
« Esclavage! Que
de conneries on dit en ton nom !».
Monsieur
Louis-Georges Tin, enseignant à l'IUFM d'Orléans de son état (je croyais qu'il
n'y avait plus d'IUFM !), a réussi enfin (mais il faut dire que Patrick Lozès l'y
a bien aidé) à évincer son prédécesseur de la présidence du CRAN (le Conseil
Représentatif des Associations Noires) ; Patrick Lozès adorait les statistiques
ethniques ; Louis-Georges Tin a donc dû se trouver un autre cheval de bataille
et a enfourché, après tant d'autres, le bidet mémoriel !
Beaucoup de
choses m'ont échappé décidément de ma lointaine Provence ; ainsi n'ai-je pas su
que notre gouvernement a réglé le plis grave de nos problèmes en renforçant, le
6 mai 2013, la composition du CNMEH (entendre le Comité National pour la
Mémoire et l'Histoire de la traite et de l'esclavage). Il s'est donné comme
présidente Myriam Cottias en lieu et place de Françoise Vergès qui occupait ce
poste jusqu'alors. Je regrette personnellement un peu ce changement car, pour
de rares initiés, il était extrêmement réjouissant qu'un tel comité ait pour présidente Madame Françoise
Vergès qui descend, en droite ligne, d'une esclavagiste réunionnaise propriétaire de
128 esclaves qui furent libérés dans l'île en 1848.
Ce même vendredi
10 mai 2013, décidément fort chargé en événements qui m'ont échappé, a vu Louis-Georges
Tin, président du CRAN qui assistait à la cérémonie aux côtés de François
Hollande et de Madame Taubira (qui est à l'origine de la fameuse loi de
2001 qui définit la traite atlantique et l'esclavage comme un crime contre
l'humanité). Louis-Georges Tin, lui, qui venait d'assigner en justice la Caisse
des dépôts et consignations et demandait réparation à la France, a donc dû être
fort marri d'entendre le Président de la République se déclarer opposé à toute
idée d'indemnisation systématique en la matière.
Il faut dire que
la France ne risque pas grand-chose dans cette affaire car l'argument majeur du
président du CRAN tient à ce que Louis-Georges Tin demande à ce que la France
rembourse à Haïti 90 millions de francs or que cet Etat, la première République
noire créée en 1804, versa à notre pays à la suite de son indépendance pour
indemniser de la libération des esclaves de Saint-Domingue
Louis-Georges
Tin n'est pas très précis sur la valeur actuelle de cette somme que j'ai
entendu chiffrer à 25 milliards de dollars puis, quelques instants plus tard, à
vingt milliards. Avant de terminer ce post, car je donnerai demain des
explications sur cette affaire qui est extrêmement compliquée et dont Louis-Georges
Tinne connaît manifestement pas le détail, comme tout le monde, ou presque,
d'ailleurs, une remarque finale.
On pourrait prendre cette action pour un canular, puisque a été publié, l'an dernier je crois, un texte
émanant d'un mystérieux Comité pour le remboursement immédiat des milliards
envolés d'Haïti (CRIME !). Les auteurs de cette blague estimait eux à 17 milliards
d'euros la somme due par la France.
Louis-Georges
Tin aurait manifestement intérêt à lire mon texte de demain, puisqu'il prétend et je l'ai
entendu le dire (mais il reprend une information fausse du CRIME) que la nation
haïtienne n'a fini de rembourser cette dette qu'en 1947, ce qui est évidemment
totalement faux.
Le principal
problème (et c'est ce qui entraînera, de toute évidence, le rejet de la plainte
de Louis-Georges Tin est qu'on ne sait à quel titre il est fondé à intervenir dans
cette affaire, car il mélange assez joyeusement les problèmes de l'esclavage
dans les territoires ultra marins français avec la question haïtienne, qui,
évidemment, ne concerne que les Haïtiens qui seuls auraient droit à réclamer quoi que ce
soit. Il est donc inutile à ce stade de prolonger ce post, sans avoir
auparavant expliqué, de façon un peu claire et informée, cette affaire de la
dette haïtienne, payée partiellement à la France au XIXe siècle. A demain donc.
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