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dimanche 26 mai 2013

Innovation pédagogique dites-vous ?

On lit dans le site du gouvernement pour l'éducation le texte suivant qu'on invite en outre à faire partager ce que je fais, sans plus tarder :

" George Pau-Langevin, ministre déléguée chargée de la réussite éducative, et Vincent Peillon, ministre de l’éducation nationale, ont installé, le 19 avril 2013 au Collège Aimé-Césaire [le choix est sans doute de Madame Pau-Langevin], le Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative (CNIRE), présidé par Didier Lapeyronnie, sociologue.
À l’issue de la première journée de travail, les membres du Conseil ont envisagé les trois thèmes de travail suivants pour cette première année :

l'engagement : les innovations pédagogiques et institutionnelles à l’intérieur de l’école

l'ouverture : famille et territoire

la compétence : formation initiale et continue des enseignants "

Vaste programme, même s'il y manque la construction des villes à la campagne !

Hier, samedi 25 mai 2013, j'écoutais, vers 19h30, l'émission hebdomadaire de France Culture consacrée à l'éducation qui portait sur ce nouveau conseil et où était présent son président. J'ai entendu, en début d'émission, poser pour la quinzième ou vingtième fois la même question stupide qui révèle, de la part des journalistes comme des intervenants, une ignorance très fâcheuse des réalités sur lesquelles ils sont amenés à s'exprimer ou pire à faire des propositions et même parfois à suggérer des décisions.

La question sempiternelle sur laquelle on s'interroge inlassablement est la suivante (je résume) : Pourquoi envoie-t-on dans les quartiers difficiles des professeurs inexpérimentés au lieu de professeurs confirmés qui opèrent dans des zones où leur travail est pourtant infiniment plus facile ?
 
On s'interroge à l'infini sur cette étrangeté alors que la réponse est évidente et d'une parfaite clarté.
On fait comme ça parce qu'on ne peut pas faire autrement.

Si l'on a la moindre connaissance du milieu et des pratiques de l'enseignement français, on sait que le seul moment où l'on peut envoyer un enseignant occuper un poste, sans le consulter et même contre son gré, est le moment de sa première nomination, parfois accompagnée d'une année de stagiarisation. S'il ne rejoint pas ce poste, il est regardé comme démissionnaire !

En France il est totalement impossible d'obliger un enseignant (sauf en cas de rarissimes sanctions) à quitter son poste de Plougastel Daoulas, de Guéret ou de Manosque, pour se voir nommé dans un établissement de la banlieue parisienne ou des quartiers Nord de Marseille. En revanche, un jeune professeur; qui vient de passer le CAPES ou l'agrégation ou, mieux encore, qui n'est pas titulaire (quelle que soit la catégorie à laquelle il appartient) peut être nommé n'importe où, sans qu'il ait quoi que ce soit ce soit à dire sur cette nomination, forcé qu'il est de l'accepter.

On comprend évidemment, de ce fait, que c'est dans ce vivier de jeunes professeurs débutants, inévitablement inexpérimentés (seraient-ils expérimentés que ça ne changerait rien à la chose) que l'on puise les enseignants qu'on envoie dans ces quartiers que fuient, dès qu'ils le peuvent, celles et ceux qui ont été précédemment affectés, à condition toutefois qu'ils puissent obtenir la mutation à laquelle ils peuvent aspirer après avoir passé deux ans dans leurs premiers postes.

Comment peut-on prétendre réfléchir, en quoi que ce soit sur quoi que ce soit, sans connaître des dispositions majeures, si anciennes et si évidentes.

Lors d'une précédente émission, j'entendais aussi accumuler les sottises sur les différences de catégories chez les enseignants. On y affirmait que les uns, professeurs certifiés, devaient 18 heures de cours par semaine, alors que les agrégés n'en devaient que 14 ; le service des agrégés n'est pas en effet de 14 heures mais de 15 (les 14 heures de cours sont attachées au service d'enseignement dit de "première chaire" c'est-à-dire comportant un minimum d'heures d'enseignement dans des classes d'examen) ; si les intervenants l'avaient su, ils auraient pu ajouter que pour les classes préparatoires des lycées, les services sont encore moindres et les heures supplémentaires mieux payées.
 
Le principe est que les certifiés enseignent en premier cycle (donc dans les collèges) alors que les agrégés devraient le faire dans les lycées donc pour des classes de second cycle. Ce principe n'est d'ailleurs pas toujours respecté mais il est assez logique que les charges d'enseignement soient considérées comme plus lourdes dans le second cycle que dans le premier. Ajoutons qu'en principe, l'agrégation est censée être un concours plus difficile que le CAPES et que, de toute façon, rien n'empêche un professeur certifié de passer l'agrégation pour accéder à cette catégorie.

J'entendais donc au cours de cette émission qu'a été mis en place le Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative, présidée par un sociologue, Monsieur Didier Lapeyronnie qui était présent lors de cette émission et qui a eu la candeur ou l'honnêteté de dire qu'il n'avait jamais été spécialisé ni versé dans les problèmes de l'école, ce que confirme tout à fait d'ailleurs l'examen de son curriculum vitae.

Sauf erreur de ma part, un conseil de ce type avait déjà été mis en place par Jack Lang en 2000 (personne n'en parle!) et il n'avait pas entraîné, me semble-t-il, un changement notable dans la situation de notre système éducatif. Je crains fort que ce nouveau bazar, qui ne comprend pas moins de 40 membres et est des plus hétéroclites, ne soit qu'une usine à gaz de plus dans l'approche des problèmes de notre école. Ils sont pourtant, selon moi, d'une aveuglante clarté et ils tiennent, pour l'essentiel, aux considérables changements qualitatifs qui ont radicalement transformé sa "clientèle", devenue hautement hétérogène, sans qu'on y ait pris garde et sans qu'on ait touché, en quoi que ce soit, aux modalités, aux contenus et même aux programmes de l'éducation qui leur est proposée.

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