" George Pau-Langevin, ministre
déléguée chargée de la réussite éducative, et Vincent Peillon, ministre de
l’éducation nationale, ont installé, le 19 avril 2013 au Collège Aimé-Césaire [le choix est sans doute de Madame Pau-Langevin],
le Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative (CNIRE), présidé
par Didier Lapeyronnie, sociologue.
À l’issue de la première journée de
travail, les membres du Conseil ont envisagé les trois thèmes de travail
suivants pour cette première année :
l'engagement : les innovations
pédagogiques et institutionnelles à l’intérieur de l’école
l'ouverture : famille et territoire
la compétence : formation initiale
et continue des enseignants "
Vaste programme,
même s'il y manque la construction des villes à la campagne !
Hier, samedi 25
mai 2013, j'écoutais, vers 19h30, l'émission hebdomadaire de France Culture
consacrée à l'éducation qui portait sur ce nouveau conseil et où était présent
son président. J'ai entendu, en début d'émission, poser pour la quinzième ou
vingtième fois la même question stupide qui révèle, de la part des journalistes
comme des intervenants, une ignorance très fâcheuse des réalités sur lesquelles
ils sont amenés à s'exprimer ou pire à faire des propositions et même parfois à
suggérer des décisions.
La question
sempiternelle sur laquelle on s'interroge inlassablement est la suivante (je
résume) : Pourquoi envoie-t-on dans les quartiers difficiles des professeurs inexpérimentés
au lieu de professeurs confirmés qui opèrent dans des zones où leur travail est
pourtant infiniment plus facile ?
On s'interroge à
l'infini sur cette étrangeté alors que la réponse est évidente et d'une
parfaite clarté.
On fait comme ça parce qu'on ne peut pas faire
autrement.
Si l'on a la
moindre connaissance du milieu et des pratiques de l'enseignement français, on sait que le
seul moment où l'on peut envoyer un enseignant occuper un poste, sans le
consulter et même contre son gré, est le moment de sa première nomination, parfois accompagnée d'une année de stagiarisation.
S'il ne rejoint pas ce poste, il est regardé comme démissionnaire !
En France il est
totalement impossible d'obliger un enseignant (sauf en cas de rarissimes
sanctions) à quitter son poste de Plougastel Daoulas, de Guéret ou de Manosque,
pour se voir nommé dans un établissement de la banlieue parisienne ou des
quartiers Nord de Marseille. En revanche, un jeune professeur; qui vient de
passer le CAPES ou l'agrégation ou, mieux encore, qui n'est pas titulaire (quelle
que soit la catégorie à laquelle il appartient) peut être nommé n'importe où, sans qu'il ait quoi que ce soit ce soit à dire
sur cette nomination, forcé qu'il est de l'accepter.
On comprend
évidemment, de ce fait, que c'est dans ce vivier de jeunes professeurs débutants,
inévitablement inexpérimentés (seraient-ils expérimentés que ça ne changerait
rien à la chose) que l'on puise les enseignants qu'on envoie dans ces quartiers
que fuient, dès qu'ils le peuvent, celles et ceux qui ont été précédemment
affectés, à condition toutefois qu'ils puissent obtenir la mutation à laquelle
ils peuvent aspirer après avoir passé deux ans dans leurs premiers postes.
Comment peut-on
prétendre réfléchir, en quoi que ce soit sur quoi que ce soit, sans connaître
des dispositions majeures, si anciennes et si évidentes.
Lors d'une
précédente émission, j'entendais aussi accumuler les sottises sur les différences
de catégories chez les enseignants. On y affirmait que les uns, professeurs
certifiés, devaient 18 heures de cours par semaine, alors que les agrégés n'en
devaient que 14 ; le service des agrégés n'est pas en effet de 14
heures mais de 15 (les 14 heures de cours sont attachées au service d'enseignement
dit de "première chaire" c'est-à-dire comportant un minimum d'heures
d'enseignement dans des classes d'examen) ; si les intervenants l'avaient su,
ils auraient pu ajouter que pour les classes préparatoires des lycées, les services
sont encore moindres et les heures supplémentaires mieux payées.
Le principe
est que les certifiés enseignent en premier cycle (donc dans les collèges)
alors que les agrégés devraient le faire dans les lycées donc pour des classes
de second cycle. Ce principe n'est d'ailleurs pas toujours respecté mais il est
assez logique que les charges d'enseignement soient considérées comme plus
lourdes dans le second cycle que dans le premier. Ajoutons qu'en principe,
l'agrégation est censée être un concours plus difficile que le CAPES et que, de
toute façon, rien n'empêche un professeur certifié de passer l'agrégation pour
accéder à cette catégorie.
J'entendais donc au
cours de cette émission qu'a été mis en place le Conseil
national de l’innovation pour la réussite éducative, présidée par un sociologue, Monsieur Didier Lapeyronnie qui
était présent lors de cette émission et qui a eu la candeur ou l'honnêteté de
dire qu'il n'avait jamais été spécialisé ni versé dans les problèmes de
l'école, ce que confirme tout à fait d'ailleurs l'examen de son
curriculum vitae.
Sauf erreur de
ma part, un conseil de ce type avait déjà été mis en place par Jack Lang en
2000 (personne n'en parle!) et il n'avait pas entraîné, me semble-t-il, un
changement notable dans la situation de notre système éducatif. Je crains fort que
ce nouveau bazar, qui ne comprend pas moins de 40 membres et est des plus
hétéroclites, ne soit qu'une usine à gaz de plus dans l'approche des problèmes
de notre école. Ils sont pourtant, selon moi, d'une aveuglante clarté et ils
tiennent, pour l'essentiel, aux considérables changements qualitatifs qui ont radicalement
transformé sa "clientèle", devenue hautement hétérogène, sans qu'on y
ait pris garde et sans qu'on ait touché, en quoi que ce soit, aux modalités, aux
contenus et même aux programmes de l'éducation qui leur est proposée.
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