Vu l'urgence, j'interromps provisoirement
la série de mes posts sur "L'école 2013".
L'heure semble jugée grave
puisque, lundi 4 mars 2013, au lieu des prétendus "experts" habituels, je n'ai pas entendu moins de officiers généraux
causer de la guerre au Mali sur nos antennes, deux retraités pigistes et un
amiral, pas du tout quart de place mais chef de nos armée. L'intervention de ce
dernier tenait sans doute à l'annonce de la mort d'un de nos soldats, sur
laquelle il a eu quelques paroles émues, tout en soulignant que "mourir
pour la patrie" était un des devoirs assumés par tout soldat.
J'ouvre ici une parenthèse pour
solliciter la science militaire d'Expat qui a eu l'amicale imprudence de me permettre
de le solliciter sur les questions militaires!
1. A quand remonte la dernière
"mort au champ d'honneur "d'un général français ?
2. Comment s'explique que ce soit
souvent des amiraux qui soient les chefs suprêmes de nos armées ?
Mais revenons au Mali (ou plutôt au Tchad) car le temps et
l'espace me manquent !
On se croirait presque revenu au
temps de la Seconde Guerre mondiale, quand les communiqués des forces de l'Axe,
en février 1943 (moment de Stalingrad pour ceux et celles qui l'auraient oublié)
, fidèlement repris par "Radio Paris" nous faisait savoir, chaque
jour, que les troupes du Troisième Reich se repliaient en bon ordre "sur
des positions préparées à l'avance". La ritournelle de Radio-Londres était, on
s'en souvient : « Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand
!".
Nous n'en sommes fort heureusement
pas là, mais le quasi total black-out imposé sur les événements du Nord-Est du Mali
commence à prendre des proportions inquiétantes. Fort heureusement, il est
devenu aujourd'hui beaucoup plus difficile de museler tout à fait l'information
pour qui veut la chercher; J'ai donc obtenu des informations tout à fait différentes,
de façon très simple, grâce à Google en consultant simplement ce qui s'écrit à
ce sujet au Tchad même, et plus précisément
à N'Djamena.
Je dois dire d'ailleurs que j'ai
été agréablement surpris de constater que l'information locale bénéficie, vis-à-vis du
pouvoir en place, d'une liberté de ton peu courante et que je ne soupçonnais pas ; je pensais en
effet que le président Idriss Deby, si branlante et contestée que soit sa
position, était plus soucieux de museler son information ; il est bien loin de
faire la l'unanimité dans son propre pays et cela se lit!
C'est ainsi que, sur la plan
militaire, indépendamment de ce qui se passe au Mali même (et sous réserve,
bien entendu, de la validité des informations que j'ai pu obtenir par ces voies)
une colonne armée de « terroristes djihadistes"
a attaqué le Tchad même et a investi le massif du Djebel Moun, à partir du Nord
Mali, en traversant la région de l'extrême Nord du Tchad, dans la zone de la
frontière tchado-soudanaise. Le berger djihadiste a donc déjà répondu à la
bergère tchadienne, en lançant une offensive sur le Tchad même ; elle aurait
déjà conduit à un affrontement sanglant dans lequel 12 soldats tchadiens auraient été blessés et
évacués sur Adré.
Ce dimanche 3 mars 2013, selon une
source qui se définit comme fiable car proche de l'état-major tchadien, le président
Deby aurait donc délibérément modifié le bilan des combats. L'embuscade du
vendredi 22 février a été désastreuse pour les Tchadiens. Il y aurait eu, en
réalité, de leur côté, 117 tués dont 68 morts sur
place, 27 autres ayant succombé à leurs blessures. C'est seulement de ces
derniers que le gouvernement a fait état et dont il a organisé en grande pompe
les funérailles nationales. Il faut en outre ajouter à ces lourdes pertes, la
mort de 22 des 23 soldats tchadiens faits prisonniers et qui ont été fusillés
par les djhadistes.
Le seul Tchadien, qui a été épargné par eux,
a bénéficié de cette mesure en raison de son appartenance à une communauté
musulmane particulière ; il a été relâché et c'est lui qui a révélé l'exécution
sommaire de tous ses camarades. Il a
délivré le message dont les djihadistes l'avaient chargé et qui est le suivant
: « Vous êtes des incultes et votre président Idriss Deby est un mécréant ;
nous attendons le reste de sa troupe pour lui réserver ce que vous venez de
subir".
Sur instruction d'Idriss Deby ce
soldat a été transféré à Bamako puis à N'Djamena où il a été mis à l'isolement
et même, semble-t-il, torturé.
Tout cela ne ressemble guère à ce que l'on nous
donne à croire et la suite moins encore!
A demain pour cette suite !
3 commentaires:
Voici, dans Google, le 6 mars = 11 heures, la seule info sur le Tchad et le Mali venant de "La voix du Nord" . Edifiant !
"Aux côtés de l'armée française dans la rude bataille de l'Adrar des Ifoghas, à l'extrême nord-est du Mali, le contingent tchadien est en pointe avec deux milliers d'hommes (photo AFP), dont le fils du président tchadien, le général Mahamat Idriss Deby Itno. Ils sont actuellement 1 400 à guerroyer dans la secteur de Tessalit et plus de 500 en base arrière à Kidal.
Vingt-sept de ses soldats sont morts le 23 février dans les combats de la vallée d'Amettetai. Au moins, cinquante d'entre eux ont été blessés...".
On est informé !
Cher Usbek,
je vous trouve bien injuste vis-à-vis de nos amiraux et généraux dont le taux de mortalité au combat est depuis qu'on n'a mis fin aux charges de cavaleries, bien inférieur que celui des grades inférieurs.
Mais à leur décharge, le tour extérieur n'existant pas dans les armées, il faut comprendre que l'amiral chef d'état-major des armées (laissons à notre glorieux président le titre de chef des armées)a été enseigne de vaisseau quand il était jeune.
De fait les chances (probabilités est peut-être plus adapté)de mourir au combat diminuent avec le grade, les moments les plus risqués pour un officier étant dans la fourchette allant du grade d'aspirant à celui de capitaine inclus. Ensuite on ne craint plus guère que l'artillerie, même celle de son camp, ou une pneumonie due à une climatisation poussée un peu trop fort.
S'agissant des chefs d'état-major, avant l'amiral en question on en avait eu trois qui venaient de l'armée de terre ayant succédé à un aviateur. En fait il n'y a pas de règle formelle, tout dépendant du politique. De fait depuis Lanxade, donc sous tonton, il n'y avait plus eu d'amiral à ce poste.
Sinon le silence sur les opérations ne présage de rien de bon. Je crois que c'est la première fois depuis longtemps qu'il y a un tel blackout. On peut comprendre la discrétion, mais à ce niveau, ça ne me parait plus normal. Et donc j'aurais tendance à penser que la situation telle que vous la décrivez, ou du moins la presse tchadienne se rapproche de la réalité.
Cher Expat,
Merci de ces éclaircissements ; j'apprends à l'instant la mort d'un quatrième Français ! La situation au Tchad dont je parlerai demain me semble inquiétante..mais je suis bien le seul! Usbek
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